Project Mémoire

Paul Boulet

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Institut Historica-Dominion
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Paul Boulet, à droite, en compagnie de son cousin, Réal Boulet, qui servit outre-mer.
Institut Historica-Dominion
Certains m’ont raconté les mauvais traitements qu’ils avaient subi après s’être fait prendre comme déserteur. Ce n’était pas drôle.

Je suis né à Saint-Paul, Saint-Paul-du-Button comme on l’appelait dans ce temps là. Mon père avait un moulin à scie. On travaillait dans le bois entre Saint-Fabien et Saint-Paul. On faisait du transport avec des camions à Québec. Quand ils ont établi la conscription, ils m’ont fait faire deux mois d’entraînement quand le camp de Montmagny a été bâti. J’avais été demandé une première fois, mais le bureau de poste avait retourné la lettre, car j’étais parti travailler dans le bois. J’ai reçu une nouvelle convocation pour entrer dans l’armée le 31 août 1941. Je n’ai jamais regretté d’avoir fait parti des forces armées.

J’ai suivi un entraînement pour aller à la guerre. J’ai suivi deux cours; un cours de charpentier-menuisier à Rimouski et un cours de mécanique. Ils nous ont envoyés à Québec et à Lauzon. Ils nous ont envoyés au [casernement] Cove Field sur les plaines d’Abraham, où il y avait des bâtiments pour les soldats.

J’avais entendu que je recevrais ma décharge. Le caporal avait besoin de cinq gars pour aller laver de la vaisselle. Je lui ai dit, « Laver de la vaisselle, je ne veux ne rien savoir de ça.» Il me demanda ce que je voulais faire. J’avais déjà gardé des déserteurs. Certains d’entre eux étaient dépressifs. On allait les garder à la Clinique Roy-Rousseau. Quand on les gardait 24 heures de temps, on était off [libéré] pour 24 heures ensuite. On allait à la cafétéria de l’Hôpital Saint-Michel-Archange. On sortait avec les fugitifs et on se promenait dans les rues. La nuit on se couchait tout habillé. On était deux pour les garder.

Certains m’ont raconté les mauvais traitements qu’ils avaient subi après s’être fait prendre comme déserteur. Ce n’était pas drôle. Ils leurs faisaient laver le plancher et ensuite ils donnaient un coup de pieds sur la chaudière pour renverser l’eau pour les forcer à recommencer le travail. Ce n’était pas drôle du tout les punitions qu’ils subissaient. J’ai entendu dire qu’un sergent s’était fait battre à Montréal parce qu’il avait donné des mauvais traitements à des soldats. Jamais plus de guerre.

Mon cousin Réal Boulet a fait le Débarquement en Normandie [le 6 juin, 1944]. Il est revenu intact physiquement, mais il marchait et il arrêtait pour regarder partout. Les gens pensaient qu’il était devenu fou. Ils ne comprenaient pas qu’il avait promis de faire un pèlerinage à Sainte-Anne. Il l’a fait à pied en partant de Saint-Paul. C’est 75 miles, aller-retour.