Project Mémoire

Paul Henry DeLorme

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Paul DeLorme
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Paul DeLorme pendant l'Occupation Allemande en 1946.
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Paul DeLorme (à gauche) et un autre soldat canadien en Allemangne pendant l'Occupation d'après-guerre.
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Paul DeLorme en commandant de défilé lors d'une réunion à Langley en Colombie-Britannique le 20 juillet 1996.
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Certificat de Service et des Médailles délivré à Paul DeLorme par l'Armée Canadienne.
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La plage de Dieppe sur laquelle Paul DeLorme a accosté avec le Régiment du Sud de Saskatchewan le matin du 19 août 1942 à 4h30. Cette photo a été prise à Pourville-sur-Mer en France.
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Il faisait noir, et à ce moment là les allemands, il y avait un peu de laisser-aller dans leur travail, ils ne surveillaient pas, ils faisaient confiance, ils se s’attendaient pas à ce que des gens s’enfuient. Mais on l’a fait.

J’ai subi deux explosions à la grenade, une sur le bateau qui allait à Dieppe et un certain nombre de gars ont été tués par cette grenade. J’ai eu la chance de n’avoir qu’un éclat d’obus dans la bouche. J’ai pu tout simplement le recracher, mais j’ai eu une lèvre enflée le reste du temps, quand j’ai débarqué à Dieppe. On (le South Saskatchewan Regiment) a débarqué à Dieppe à 4h30 du matin au fait, un petit village du nom de Pourville (-sur-Mer), à environ cinq kilomètres au sud de Dieppe.

Les allemands, à ce moment-là, ils étaient partout et on n’a jamais réussi à repartir. Beaucoup de nos gars ont été tués ici et là, et j’ai été capturé avant 16h30. Alors je suis devenu prisonnier de guerre ainsi que beaucoup d’autres, du régiment, y compris le colonel. Vers minuit, on nous avait tous embarqués dans des wagons de marchandise, des wagons à chevaux, vous pouviez respirer l’odeur des chevaux et de la saleté ; et quelques gars sont morts sur le chemin jusqu’à Rouen. Alors on est restés une nuit à Rouen, puis le lendemain matin, le colonel a fait la tournée pour voir combien d’hommes il avait, pouvaient parler et des choses comme ça. Et dans l’après-midi, on a tous embarqué à bord d’un train de la Croix Rouge qui partait pour l’Allemagne.

J’ai été blessé avec la deuxième grenade et je ne pouvais pas lever le bras ou bouger les doigts, ou quoi que ce soit. J’avais des éclats d’obus sur tout un côté du corps. Mais j’ai échoué dans un hôpital en Allemagne et on m’a fait descendre du train et puis on devait monter dans des camions pour aller à l’hôpital. J’ai passé onze mois à l’hôpital.

On m’a envoyé au Stalag 9-C. Dès que je suis arrivé on m’a enchainé ; ils m’ont mis des chaines aux deux bras, une chaine d’environ soixante centimètres entre vos bras. Je n’ai pas passé très longtemps avec ces chaines car ils envoyaient les gars travailler. J’ai passé environ six mois dans une mine de sel, je pense, quelque chose comme ça. Je suis devenu ami avec un anglais ; et on a décidé de s’enfuir du camp tous les deux ensemble. Ils avaient deux équipes de travail : une équipe de jour, et une équipe de nuit. Alors quand l’équipe de nuit s’est présentée, au lieu d’aller prendre une douche, on est juste restés en arrière ; et il faisait noir, et à ce moment là les allemands, il y avait un peu de laisser-aller dans leur travail, ils ne surveillaient pas, ils faisaient confiance, ils se s’attendaient pas à ce que des gens s’enfuient. Mais on l’a fait.

Alors on a été dans la nature pendant trois semaines, mais mon partenaire a laissé tombé en chemin. On s’est fait prendre par un homme seul, un allemand, dans l’après-midi alors qu’on traversait des fourrés épais en Allemagne. J’ai remarqué qu’il avait ramassé un bâton et lui aussi avait une trouille noire ; et je n’avais pas peur parce je voyais que tout ce qu’il avait c’était un bâton, alors je me suis figuré qu’on pourrait l’assommer et continuer. Mais néanmoins, j’ai juste dit à mon ami, il s’appelait George, George, je dis, ne nous arrêtons pas pour cet homme tout seul avec un bâton. J’ai dit, on pouvait le maitriser parfaitement. Je dis, s’il commence à nous taper dessus ou quoi que ce soit, et il essaye de nous faire venir avec lui. Alors on n’a pas, au moins moi je n’ai pas, et j’ai commencé à courir. Je dis, tu cours derrière moi, je dis, tu cours aussi vite que tu peux. Alors j’ai continué à courir sans regarder derrière moi pendant bien cinq minutes. Et finalement, j’arrive près d’un gros arbre, et j’y vais et j’ai balancé mon bras autour de l’arbre, juste pour voir où il est. Je ne l’ai pas vu. J’ai pensé, bon, je vais continuer, alors j’ai continué ; et je me suis figuré qu’il allait me rattraper, et que je l’attendrais. Après avoir pris un peu de distance, je me suis allongé et me suis recouvert de feuilles et des choses comme ça. Je suis resté là et il ne s’est jamais montré ; et je n’ai jamais revu le gars.

Et ça a continué comme ça jusqu’à un certain endroit où je n’arrivais pas à trouver de buisson et on m’a vu entrer dans ce petit buisson. Et puis c’est comme ça que je me suis fait capturer. Et très vite, alors que j’étais dans ce petit bosquet, je m’étais recouvert de feuilles, mais quand je me suis réveillé, il y avait deux gardes à cheval, mais c’était des civils. Ils m’ont juste dit de me relever, alors ils m’ont emmené dans une maison et j’ai su qu’il n’y avait aucune chance là-bas parce qu’ils avaient des revolvers et tout. Ils ne savaient pas qui j’étais, ils croyaient que j’étais russe parce qu’ils n’arrêtaient pas de me poser des questions et je ne répondais pas, sur qui j’étais. Ils m’ont emmené dans une maison. Et très vite, ils ont appelé l’armée pour qu’ils viennent me chercher.