Quand on a débarqué en Normandie, bon, je vais vous dire, il y avait des bateaux à perte de vue. Il n’y avait que des bateaux partout et les canons ça y allait, les obus traçants, vous pouviez les voir. Ils faisaient juste un bruit sourd, toc toc, ils tombaient sur le rivage ; vous pouviez les entendre tomber. Mais c’est comme ça que c’était quand on est arrivés là-bas, mais il n’y avait pas de combats là-bas à ce moment-là. Je ne sais pas pourquoi les canons ça y allaient comme ça, mais vous pouviez voir les obus traçants. Ils avaient des traceuses à l’intérieur et vous pouviez les voir tout simplement. Et ils nous ont juste déposés dans l’eau à quelque 30 mètres du rivage dans l’eau ; et on est sortis en on marchant, dans l’eau et puis on était sur le rivage. Et là on a commencé à marcher. Et on a continué sans relâche. Et c’était juste après les raids qui avaient eu lieu, vous savez, le raid de Caen et autres endroits.
Et alors on est allés là où se trouvaient les Winnipeg Rifles et c’était un vrai carnage là-bas. C’était un champ de seigle, et vous pouviez aller dans le champ de seigle et il y avait des équipements, les uns à côté des autres. Il n’y avait pas âme qui vive et je ne sais pas combien de morts, mais je crois qu’il avaient perdu beaucoup de monde. Mais il devait y avoir eu beaucoup de blessés aussi. Et on a juste marché là autour on a juste regardé et c’était terrible. Compte tenu du nombre de gens qui avaient laissé leur matériel là, ils l’avaient juste laissé en plan, parce qu’ils avaient un gros problème.
Et de là, on est resté à cet endroit pendant un bon bout de temps quand on est arrivés à l’endroit où on devait aller. On n’avait pas fait le moindre combat jusque là. Mais après on a démarré et on est arrivé à, je ne sais pas, j’ai oublié les noms des villes, je crois qu’on était à May-sur-Orne ou quelque chose comme ça. On y a passé deux semaines, je pense, et finalement, on a attaqué et on est passés. Et puis on a continué à marcher jusqu’à, vous savez, il y avait une bataille de temps en temps ici ou là, mais ils couraient alors. Et quand on est arrivé tout près de la Seine, c’est là que pour moi ça a été la fin. Mon ami, on était en train de creuser (préparer les tranchées) et c’était dans une forêt proche de la Seine, et les obus c’était des 88. Ils utilisaient des 88, les allemands, et ils ont tiré avec ça et ils explosaient au moment de l’impact quand ils touchaient le haut des arbres, ils ont explosés et c’est là qu’on a reçu les éclats d’obus.
Et mon ami s’est fait tué là. Je venais juste d’utiliser une pioche, il y avait de la roche et les pioches, et j’avais dégagé tout ça et il est arrivé pour tout dégager à la pelle et il s’est fait tuer. C’est moi qui ai recueilli ses dernières paroles et je n’ai jamais oublié ça, ça me hante encore de temps en temps. Donc c’est ce qui est arrivé et on est rentrés. Je crois qu’on était à cent cinquante kilomètres de l’hôpital et on a eu nos opérations. Nous avons été opérés par un médecin allemand, il m’a opéré. C’était des prisonniers. Et tous les aides-soignants là-bas ou les brancardiers étaient allemands. Ils étaient six là-bas. Et ils étaient tous en liberté. Ils ne voulaient pas retourner au combat, assurément. Et puis on est retournés en Angleterre et je suis allé à Londres, à l’hôpital. Je ne connais pas le nom de la ville. J’ai oublié le nom de l’hôpital, mais j’ai passé là-bas trois ou quatre semaines. Et puis après ça, je suis parti dans une maison de convalescence où j’ai passé un mois ou deux, et ensuite je suis rentré chez moi. Ils m’ont renvoyés au pays. Quatre mois après que j’aie été blessé, je suis rentré chez moi.
À beaucoup d’endroits tout le long il n’y avait personne, mais il y avait des femmes et il y avait des enfants. On a traversé un endroit et c’était à peu près deux jours avant que je sois blessé. On a traversé un endroit et il devait y avoir, oh, je ne sais pas il y avait des centaines de gens, ils sont sortis de quelque part, ils avaient une sorte d’abri là ; ils sont sortis et ils nous ont juste couverts de fleurs. On était tous, notre matériel était recouvert de fleurs. Il nous a fallu nous arrêter parce qu’on ne pouvait pas traverser et ils ont dû les faire dégager parce qu’on devait continuer à avancer. Ils nous ont juste couverts de pivoines avec toutes sortes de choses dessus. Ils étaient tellement contents de nous voir.