Percy Howard (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Percy Howard (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

En 2010, le Projet Mémoire s’est entretenu avec Percy Howard, ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement et la transcription qui suivent proviennent de cet entretien. Né le 19 août 1919 à North Battleford, Saskatchewan, Percy Howard a rejoint la force de réserve du North Battleford Service Corps alors qu’il est adolescent et a été envoyé faire la garde au camp Dundurn, un camp militaire, lorsque la guerre a éclaté. Il a ensuite commencé son service actif à titre de carabinier pour les Regina Rifles. Il a travaillé dans le transport, ayant conduit divers types de véhicules, dont des Jeeps et des camions de trois tonnes. Dans son témoignage, il décrit ce qu’il a vécu au cours de la campagne du jour J et la mort du beau-frère de sa femme. Après la guerre, il s’est installé dans les basses-terres continentales de la Colombie-Britannique puis à Kamloops dans la même province, où il a eu sa ferme et occupé un poste dans les services correctionnels. Sa femme et lui ont été une famille d’accueil et ont adopté de nombreux enfants au fil des ans. En 2014, il a reçu la Légion d’honneur française pour sa contribution à la campagne de libération de la France. Il est décédé le 3 juillet 2018 à Kamloops.

Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.

Percy Howard
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Cette photo de Percy Howard a été prise à North Battleford, Saskatchewan, en 1939.
Percy Howard
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Poème que Percy Howard a reçu de la part de jeunes élèves en 2004.
Percy Howard
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Percy Howard, 2005.
Percy Howard

Transcription

J’ai vu la côte. J’ai vu les avions. J’ai vu les obus arriver. Tout était si bruyant et il se passait tellement de choses. Nous nous sommes demandé comme nous allions […]. Même dans les airs, c’était épouvantable. C’est à ce moment-là, avec les explosions, que nous nous sommes rendu compte que c’était pour vrai. J’ai toujours dit que c’est ce jour-là que j’allais devenir un homme ou non.

J’avais peur, oui. Je ne crois pas ceux qui disent qu’ils n’ont pas eu peur avec le vacarme, le bruit, les obus qui frappaient le sol et les mines qui se déclenchaient. La peur, on devait la surmonter pour parvenir au rivage.

Il n’y avait pas de temps pour manger et dormir. La nuit a succédé au jour, puis un autre jour a commencé. Rien ne nous arrêtait. Quand nous sommes arrivés à Bretteville, nous avions pris la ville, mais ils nous ont bombardés toute la journée et toute la nuit. C’est devenu insupportable après un certain temps. Les chars ont fait une percée à Bretteville cette nuit-là. Ils ont traversé la ville d’un bout à l’autre. J’étais dans une tranchée et j’y ai creusé un trou. Notre quartier général se trouvait juste de l’autre côté de la route, et il y avait une espèce de rue. Quand je suis sorti le matin, il y avait un char allemand juste là qui avait été touché. Le conducteur, comme j’ai déjà dit, était à moitié sorti, en train de brûler. Personne ne me ferait monter dans un char d’assaut! Bref, ils étaient parvenus jusque-là. Le beau-frère de ma femme a également été tué cette nuit-là. Je me suis dit que ce serait bien d’aller vérifier de l’autre côté comment ils allaient. Je suis sorti de mon trou et j’y suis allé. C’était l’enfer. Il y avait un bras ici, une main là. C’était la catastrophe.

On nous avait avertis que nous serions témoins d’atrocités. Mais nous étions comme n’importe qui, ça rentrait par une oreille et sortait par l’autre. Ce n’est que lorsqu’on y a réellement goûté qu’on en a pris toute la mesure. J’ai vu beaucoup de choses. J’en vois encore.