Project Mémoire

Peter Bunn

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Carnet de solde de Peter Graham Bunn.
Peter Graham Bunn, ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale, en mai 2002.
Peter Graham Bunn à l’École de ski de la 8e armée à Cortina, en Italie. Février 1946.
Carnet de démobilisation de Peter Graham Bunn décrivant ses états de service. À noter le classement de sa conduite, qualifiée d’« exemplaire ».
Peter Graham Bunn en Italie, 1943.
C’est à la guerre que j’ai appris la camaraderie, et cela m’a rendu un fier service pour le reste de ma vie.
Je m’appelle Peter Bunn et je suis né dans le sud de Londres, au Royaume-Uni.. J’ai servi pendant la guerre dans le 9e Régiment des Lanciers de la Reine, qui était la cavalerie mécanique. C’est donc à bord de tanks que nous avons fait la guerre. Le régiment lui-même a d’abord servi dans le désert, en 1941. J’y suis entré en 1942, à El Alamein, dans le désert à l’ouest du Caire. À 19 ans, je me suis engagé comme volontaire dans le Corps blindé royal. Je voulais devenir opérateur radio dans les tanks, et c’est ce que j’ai fait tout au long du conflit. Dans un tank, l’opérateur radio est aussi chargeur… c’est-à-dire qu’il met les cartouches dans les armes lourdes et approvisionne les mitrailleuses en munitions. En fait, c’était la principale tâche des « opérateurs radio ». J’ai surtout travaillé dans des tanks Sherman mais celui d’El Alamein était un British Crusader. Mais après cette bataille, on a progressivement délaissé les British Crusader au profit des Sherman. Notre équipe comptait cinq hommes. Trois d’entre eux étaient postés dans la tourelle, qui fait environ 150 cm de largeur. C’est vraiment très serré, très chaud et très bruyant. Je suis l’un des rares à avoir survécu à trois attaques de tank. La première fois, c’était à El Alamein. Le tank a été touché sans s’enflammer, et nous sommes restés là toute la journée en attendant qu’il explose. Heureusement, ce n’est pas arrivé et on a pu nous remorquer à la nuit tombée. La deuxième, c’était lors d’une bataille plus importante en Tunisie. Le tank ne s’est pas incendié non plus, et j’ai pu m’enfuir à nouveau. Enfin, j’ai été touché une dernière fois en Italie, sur l’Adriatique. Et j’ai été blessé. J’ai donc servi très longtemps dans un tank et, comme je le disais, rares sont ceux qui survivent à trois attaques de ce genre. J’étais très jeune, 19 ans seulement, et je n’étais guère plus vieux quand la guerre a pris fin en Europe. Je n’ai pas été démobilisé avant un certain temps. Je suis d’abord resté stationné avec les troupes d’occupation dans la ville italienne de Vérone, dans la vallée du Po, et dans la jolie petite ville de Padoue. Au même moment, ils ont créé l’École de la 8e armée à Cortina d’Ampezzo. C’est là que j’ai appris à skier, ce qui était très agréable pour quelqu’un qui venait de passer trois ans dans un tank. Le climat était plus frais et beaucoup plus clément. C’était la première fois que je faisais du ski, et je n’en ai jamais refait depuis. Fondamentalement, je crois que nous avons gagné parce que les Allemands étaient moins bien organisés que nous. Les deux camps se sont débrouillés tant bien que mal jusqu’à la fin. Les Allemands avaient toujours de meilleurs tanks, de meilleures armures et de meilleurs fusils. Et je crois que quiconque se trouvait en première ligne conviendrait que le canon antichar 88, par exemple, était la meilleure des pièces d’armement de l’un ou l’autre camp. C’est à la guerre que j’ai appris la camaraderie, et cela m’a rendu un fier service pour le reste de ma vie. J’ai toujours été fataliste et je profite pleinement de chaque journée. C’est ce que j’ai fait tous les jours depuis ma démobilisation, et il y a de cela un sacré bout de temps…