Project Mémoire

Peter Holloway

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

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Le frère de Peter Holloway à la rencontre de Winston Churchill dans le désert nord-africain en 1942.
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Peter Holloway (à droite) en compagnie de son père (à gauche) lors d'une permission.
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Certificat d'appel de Peter Holloway daté de 1939 l'enjoignant à se présenter dans les forces de l'Armée territoriale britannique au moment de la mobilisation.
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Article de journal du Oak Bank News sur Peter Holloway.
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Deux photos de Peter Hollloway. Celle de gauche le montre en uniforme de la Légion Royale du Canada. Celle de droite le représente pendant la guerre en 1944.
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J’étais dans un char à deux places, un char hollandais complètement obsolète, on était dans les South Downs en Angleterre à attendre l’invasion (...)

On a tous écouté M. Chamberlain et on savait tous qu’il n’avait pas la moindre idée de qui était Hitler. Et il parlait de paix à notre époque. Et il a dit, cet homme est taré, un vieil homme remarquable. On était tout un groupe à faire le trajet tous les jours à bord d’un petit train, alors on s’est regardés les uns les autres et on a dit, il va y avoir une guerre, alors pourquoi pas s’engager maintenant pour décider dès maintenant où on va aller. Alors on s’est engagés dans l’armée territoriale et je me suis engagé le 9 janvier 1939, je crois. Et c’est la même chose que votre milice ici. Et puis j’ai servi là-bas jusqu’à la mi-août et je prenais mon petit-déjeuner et le facteur a frappé à la porte, ce qu’il ne faisait jamais, il a dit, c’est pour vous et il m’a donné une enveloppe bleue. On me disait de me présenter immédiatement. J’étais dans le groupe clé pour la mobilisation du régiment. Alors je suis parti et je n’ai pas revu ma famille pendant sept ans.

On n’avait pas peur, on se fichait des rumeurs. Ils nous ont fait marcher tambour battant et courir à droite et à gauche dans tout le Royaume-Uni pendant un an et demi. On surveillait les terrains d’aviation, on a fait toutes sortes de choses. On n’a jamais eu de problèmes avec l’invasion et je n’ai compris qu’après la guerre à quel point c’était grave, quand j’ai lu les histoires sur ce qui s’était passé.

J’étais dans un char à deux places, un char hollandais complètement obsolète, on était dans les South Downs en Angleterre à attendre l’invasion et je ne réalisais pas, je ne savais pas qu’on avait tout perdu à Dunkerque et je ne réalisais pas, que ce que j’avais là c’était tout ce qu’il y avait entre les nazis et Londres. Ils avaient pénétré comme un couteau dans le beurre.

Oui, William Joyce, ravi de l’entendre; et on écoutait la radio allemande dans le désert, qui chantait, une fille merveilleuse de Stuttgart (Lale Andersen) comme notre, j’ai oublié notre grande chanteuse préférée (Vera Lynn). Elle a fait connaitre la chanson Lili Marlène, à l’armée allemande autant qu’à l’armée britannique. Et quand on se mettait au bivouac, le soir après les batailles, une fois la maintenance terminée, on allait dans le camion des transmissions et on se mettait sur la fréquence de Stuttgart ou autre et on l’écoutait. Elle était vraiment bonne.

Oh, je ne pourrais pas vous le dire maintenant. On avait des bidons épouvantables et ils fuyaient toujours avant même qu’on ait parcouru la moitié du chemin dans le désert. Et les Allemands avaient de magnifiques jerrycans. Si vous pouviez vous procurer un de ceux-là, ça valait son pesant d’or. Ils les utilisaient pour l’eau et l’essence. C’était l’armée la mieux équipée que je n’aie jamais vue. Et la mieux entrainée.

Le désert c’était quelque chose à expérimenter. Je n’avais jamais eu une telle expérience, c’était incroyable. Et j’arrive très bien à comprendre comment trois grandes religions sont nées dans cette région. C’est quelque chose. Tous ceux qui ont connu ça, j’aimerais que vous puissiez lire certains des poèmes qui ont été écrits, l’effet qu’il avait sur toutes sortes d’hommes. Il y avait quelque chose de tout à fait unique.

On avait l’habitude de se mettre au bivouac serré comme ils appelaient ça la nuit après les batailles et quand la maintenance était terminée, on avait l’habitude d’avancer à 200 mètres d’écart et 200 mètres entre les véhicules et puis la nuit, ils se rassemblaient avec un garde à l’extérieur pour contrer une attaque-surprise et vous vous allongiez là et vous aviez l’impression de pouvoir toucher les étoiles. C’est toujours mon endroit préféré dans le monde.

Les chars étaient tous déguisés en camions, ils étaient recouverts d’une structure. On se déplaçait la nuit, jusqu’à la frontière libyenne. Ce que je ressentais? Je ne sais pas, de la peur je suppose, l’inconnu, on était tous terrifiés. Et beaucoup d’amusement, assez bizarrement la nuit où on est arrivés, on a cru que c’était l’artillerie, mais en fait c’était un énorme orage. Et notre officier et d’autres soldats sont allés. Mussolini avait construit une grande barrière de fil de fer barbelé depuis la Méditerranée jusqu’à la mer de Sable, près de quatre mètres de hauteur et quatre mètres d’épaisseur, pour empêcher le passage des Libyens. Il nous a fallu couper à travers. Et certaines personnes sont parties en avant pour déposer du liquide et de l’essence, de la nourriture et de l’eau avant notre arrivée. Et je suis arrivé le 18 novembre 1941. C’était une vision incroyable. Il y avait, je ne sais pas, 100 000 hommes au moins, tous convergeaient vers la Libye. C’était absolument incroyable. On est entrés en passant par un petit endroit appelé Reddotti, je crois, l’un des forts de Mussolini. Et il y avait des centaines et des centaines de véhicules, arrivant dans un flot ininterrompu avec des volutes de poussière derrière eux. Évidemment, on s’est tous perdus, on a tous été séparés. Je me suis perdu et on a décidé qu’on allait passer la nuit, le canon Bofors, c’était un canon antiaérien suédois, il s’était perdu et on a passé la nuit ensemble. Et ensuite on est repartis et on a essayé de retrouver nos unités respectives le lendemain.

Et je vais vous dire, c’était tellement fluctuant parce que vous ne pouviez jamais sécuriser le flanc sud, la situation pouvait toujours se retourner. Et je me souviens d’un jour, on avait quelques jours tranquilles et on était à découvert, et on venait juste de prendre le petit-déjeuner et on faisait un peu d’exercice physique et voilà un nuage de poussière, et hop 50 chars allemands qui arrivent. Et le régiment de reconnaissance, 11ème Hussards, n’a pas réussi à contacter qui que ce soit pour leur dire qu’ils arrivaient. Alors il a fallu que tout le monde s’en aille avec son char et voir ce qu’on pouvait faire. C’était le 26 mai.

On a perdu beaucoup de chars. Les chars Cruiser n’étaient pas bons, ils étaient construits à partir d’un char de cavalerie légère et il n’avait qu’un canon de 2 livres et Churchill avait dû prendre une décision à savoir réarmer les forces ou continuer la production de ceux qu’ils avaient. Il a pris la décision, de produire ceux qu’ils avaient, alors on avait un canon de deux livres et nos gars devaient avancer sur 500 mètres environ et les nazis ouvraient le feu à 1500 mètres. Alors on a déploré beaucoup de victimes.

(La bataille de Bir Hakeim) Tenu par les Français libres pendant des semaines et des semaines. Rommel leur a envoyé dessus tout ce qu’il a pu. C’était notre point d’ancrage au sud et il était commandé par le Général (Marie-Pierre) Koenig qui avait une femme chauffeur avec lui là-bas pendant tout le temps, devenue sa maitresse et il était opéré principalement par la Légion étrangère et toutes les troupes françaises coloniales. Ils venaient tous d’endroits comme le Congo et Dieu sait où. Mais bonté divine, ils se sont battus. Ils refusaient d’abandonner. Rommel a envoyé tous les avions qu’il avait à sa disposition, les a bombardés et ne cessait d’envoyer des émissaires et un gars est venu avec un drapeau blanc et leur a dit, a exigé leur reddition et quelqu’un de lui répondre en allemand. Il a dit : « Pour l’amour du ciel, n’y a-t-il personne qui parle anglais? ». C’était un allemand qui se battait dans la Légion étrangère (française).