Project Mémoire

Peter L. Cottingham

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Peter L. Cottingham au Fort Osborne à Winnipeg en 1941.
Cette médaille commémorative du 40e anniversaire de la Libération de Rome a été décernée à Peter L. Cottingham en 1984. Cottingham a combattu sur les plages d’Anzio avant de participer à la libération de Rome. (Verso de la médaille)
Les ailes de parachutiste de Peter L. Cottingham.
Peter L. Cottingham au même endroit (Fort Osborne) en 2000.
Cette médaille commémorative du 40e anniversaire de la Libération de Rome a été décernée à Peter L. Cottingham en 1984. Cottingham a combattu sur les plages d’Anzio avant de participer à la libération de Rome. (Côté recto de la médaille)
En fait, il y a plus de 8,000 tombes de soldats alliés sur les plages d’Anzio, des soldats de l’Armée britannique et de l’Armée américaine. Le 23 mai est une date qui reste gravée dans ma mémoire…
Je m’appelle Peter Cottingham. J’étais Sergent-chef avec le Bataillon du Quartier Général, Chef des opérations du bataillon dans la 1st Special Service Force (FSSF), une unité internationale de commandos. Toute mon expérience avec la FSSF a été d’une certaine façon, unique, puisque cette unité a été la première de son genre. C’était une unité américo-canadienne formée en 1942 suite à la Conférence de Québec. Au début, notre mission était de parachuter en Norvège occupée et de détruire une usine de production d’eau lourde que les Allemands étaient en train de construire…dans le but de produire une bombe à hydrogène. Heureusement, ils n’ont pas poursuivi. Nous étions très soulagés d’apprendre que la mission n’aurait pas lieu ; ça nous paraissait une mission suicide. Alors, nous sommes passés à un entraînement en opérations spéciales entre navire et terre ferme puisque l’ennemi, au Japon et en Europe, ne pourrait être arrêté que par une stratégie de débarquements sur des côtes hostiles. On nous a envoyé en Afrique du Nord et en Italie. En Italie, nous avons eu à affronter une résistance féroce. La 5e Armée américaine s’enlisait au nord de Naples alors on a fait appel au FSSF pour prendre cette montagne qui semblait, jusque là, imprenable. Notre unité a payé un coût élevé pour cette opération. Nous avons perdu plusieurs hommes lors de cette mission. J’ai été moi-même blessé sur cette montagne, lors de la première nuit des combats. J’ai été trente jours en convalescence à l’hôpital. J’ai obtenu mon congé juste à temps pour participer au débarquement d’Anzio. Les Allemands n’ont pas perdu de temps pour contre-attaquer. Ils ont tenté de nous repousser jusque dans la mer. Nous avons débarqués autour du 1e février et nous ne sommes pas repartis avant le 23 mai date à laquelle nous avons finalement brisé les lignes allemandes. Pour plus de cent jours, nous avons été encerclés par les Allemands. En fait, il y a plus de 8,000 tombes de soldats alliés sur les plages d’Anzio, des soldats de l’Armée britannique et de l’Armée américaine. Le 23 mai est une date qui reste gravée dans ma mémoire. Ce fut le combat le plus féroce que j’ai connu, avec les plus lourdes pertes et en confrontation avec un ennemi des plus convaincus à nous tuer. Nous étions dans un genre de canal et nous nous apprêtions à en sortir pour attaquer les lignes allemandes. À peine à 50 verges sortis du canal, mon colonel a été abattu. Nous avons dû le laisser là et poursuivre l’attaque. Plus tard le même jour, alors que nous approchions de l’autoroute où les Allemands semblaient battre la retraite, ils ont contre-attaqué avec cinq tanks Tiger. Ce fut une situation presqu’intenable pour moi parce que je me suis retrouvé coincé dans un fossé avec un tank qui s’avançait vers moi. La terre tremblait et j’étais convaincu qu’on allait m’écraser comme un insecte. Mais, quelqu’un a réussi à larguer un obus sur le tank et il a été incendié. Nous pouvions entendre les cris des soldats et les détonations des munitions à l’intérieur. C’était le 23 mai et j’étais certain que ce serait ma dernière journée sur cette terre.