… Quand la guerre a éclaté, cinq d’entre nous sommes partis en voiture pour London en Ontario avec l’idée de se joindre à l’Aviation. Mais, ils ne voulaient pas de nous, nous n’avions pas l’éducation requise.
Alors, nous sommes allés à Chatham en Ontario où ils ne voulaient pas de nous non plus. Nous sommes ensuite allés à Simcoe, de Simcoe à Brantford. À Brantford, nous nous sommes joints aux carabiniers ‘’Dufferin & Haldimand Rifles’’. Ils cherchaient des chauffeurs de véhicules et dix-sept d’entre nous avons levé la main. Seulement quatre étaient détenteurs de permis. C’est alors que j’ai commencé comme chauffeur. Je ne dormais jamais ; j’étais toujours à la course aux approvisionnements et toujours entre deux destinations.
Cinq jours en navire de Halifax jusqu’en Écosse, en zigzagant tout le long de peur de confronter les sous-marins.
Aldershot en Angleterre, Aldershot. Plus d’entraînement et ensuite, à bord d’un navire à destination de la Manche et de l’Europe. J’ai débarqué à Gand en Belgique. On m’a donné le choix d’un régiment. J’ai choisi Argylls. J’avais déjà fait partie d’une brigade de ce régiment en 1940 alors, j’ai naturellement choisi le régiment des Argylls.
J’étais dans la Compagnie D des Argylls. Plusieurs membres sont allés au front et ont fait toute la guerre avec la Compagnie D. On est allé aussi loin que la rivière Maas en Hollande. Nous étions sous garde la nuit. Et, un matin, ils m’ont appelé pour me dire que je m’en retournais ailleurs, toujours comme chauffeur.
Je me souviens quand on était à Tilbury en Hollande, on restait chez des gens là-bas et ils se plaignaient du fait que les Allemands avaient volé leur radio et qu’ils étaient sans communication. Alors, ils m’ont demandé si je pouvais leur obtenir une radio lors de mon service en Allemagne. Alors, nous étions dans un champ (en Allemagne), deux policiers militaires et moi-même, lorsque j’ai aperçu une maison de ferme. Je leur ai dit que j’irais voir si je ne pouvais pas trouver une radio. J’ai demandé à l’un d’eux, à Chuck, de me protéger avec sa carabine. Mais, il n’avait qu’un pistolet – pas beaucoup de protection.
En tous cas, Whitey et moi-même, on a traversé le champ jusqu’aux bâtiments. Il y avait une maison, une grange, une soue à cochons et tout le reste. Je vois encore Ford Whitey en train de monter une échelle à la recherche d’œufs frais. (Il rit.) Je suis entré dans la maison. Il y a avait une femme avec des enfants et quelques autres femmes. J’ai aperçu une radio. Alors, je l’ai débranchée. La femme m’a crié après et on a échangé quelques gros mots. J’ai glissé la radio sous le bras et je l’ai rapportée au camion.
Sur les lignes de front, il fallait s’arrêter et se reposer de temps en temps. Je suis retourné à Tilbury en Hollande, là où les gens s’étaient fait voler leur radio. Et, je leur ai apporté la radio. Vous auriez cru que je leur avais donné un million de dollars. Un vieux monsieur est allé en haut me chercher un morceau de bacon. Il me l’a donné. Je lui ai dit qu’il n’avait pas à me nourrir, il devait plutôt le donner aux enfants. Ces pauvres, ils mangeaient des bulbes de tulipes bouillis. La pauvreté. Alors ce fut ma bonne action.
Notre régiment a reçu un appel. C’était tout un honneur de participer dans un défilé à Berlin. Tous les véhicules devaient être lavés et polis. Mais, ce fut le seul jour où nous avons reçu l’ordre de laver les véhicules. Le lendemain ils ont révoqué cet ordre. En tous cas, je crois que deux compagnies avaient été choisies. La nôtre devait reconduire l’orchestre de cornemuses à Berlin. Nous avons été arrêtés par les Russes à la frontière de l’Allemagne. Quelqu’un avait commis une erreur et ils n’étaient pas au courant que nous étions censés être présents.
Nous nous sommes quand même rendus à Berlin. Ils ont dû nettoyer quelques édifices pour nous héberger. Ensuite nous avons visité les musées et la chancellerie d’Hitler. Nous sommes allés à la chancellerie d’Hitler. Les Britanniques étaient passés avant nous et ils avaient fracassé la table de marbre d’Hitler en pièces qu’ils avaient envoyées à la maison comme souvenirs. Il y avait des médailles, mais des médailles ! Des milliers de médailles de toutes sortes. On les a empoignées. Alors, j’en avais beaucoup mais certains voulaient des souvenirs. Mais j’avais toujours un svastika et quelques autres médailles allemandes et c’est à peu près tout ce que j’ai gardé, vous savez.