Project Mémoire

Ralph King

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
L'Institut Historica-Dominion
Ralph King, 2010.
L'Institut Historica-Dominion
« Mais la vie de chacun était différente et différentes raisons expliquaient ce qu’ils faisaient. »

Transcription

J’avais des problèmes de vision nocturne, je n’étais donc pas apte à piloter. On m’a donc inscrit à ce qu’on appelait un cours d’instruction de magasinier adjoint. À partir de là, j’ai été affecté à Mont-Joli [Québec] pendant plusieurs mois. Ensuite, de Mont-Joli à l’unité du port de transit de Saint John’s, à Terre-Neuve, où nous résidions. Nous étions un groupe de six personnes responsables de tout le matériel transporté par train, par bateau et par avion, entrant à Terre-Neuve ou en sortant. Comme je l’ai dit, j’y résidais. Mon premier dimanche, j’ai eu l’idée d’aller à l’église qui était de l’autre côté de la rue, à l’époque, une église anglicane. J’étais de l’Église Unie, mais comme l’Église anglicane était juste à côté, j’ai décidé d’y aller. J’ai été accueilli chaleureusement. Je ne suis plus retourné à l’Église Unie, car c’était des gens formidables. Même chose pour tous les Terre-Neuviens, que ce soit à l’église, dans la collectivité ou ailleurs.

J’étais accueilli à un endroit, puis je prenais le repas chez une autre famille. On nous donnait la magnifique somme de 1,50 $ par jour pour nos repas. Je pense qu’ils nous donnaient pour beaucoup plus que l’argent qu’ils recevaient. En contrepartie, ce que nous avons fait, c’est que lorsque des marchandises arrivaient par bateau, nous nous rendions sur place et nous embauchions les habitants locaux pour travailler comme débardeurs. Nous avons constaté avec étonnement qu’il ne fallait pas les payer tant que le travail n’était pas terminé. Autrement, ils avaient tendance à sortir prendre quelques verres et à oublier de se présenter au travail le lendemain. Et bien sûr, l’Armée devait payer des frais de surestarie lorsque le navire restait immobilisé. Même chose pour les wagons de marchandises. Donc, pas d’argent tant que le travail n’est pas terminé. Et puis, bien sûr, nous étions là quand la guerre a pris fin. L’équipement a commencé à reprendre le chemin inverse, à destination d’autres régions du Canada. Mais nous avons continué de faire la même chose, à savoir d’embaucher des habitants locaux pour nous prêter mainforte.

J’étais très contrarié par les gens qui avaient été appelés, mais qui ne se sont pas enrôlés malgré tout. Nous les regardions un peu de haut. Il était absolument hors de question de faire partie de ce groupe. J’ai quand même rencontré un très grand nombre de gars qui avaient été appelés et qui étaient tout à fait corrects. Je ne les dénigre d’aucune façon. Mais la vie de chacun était un peu différente et il y avait des raisons pour lesquelles ils avaient fait certains choix. Eh bien, je suis demeuré posté pendant plusieurs mois à Mont-Joli. Il y avait beaucoup de gens de Québec, et ils avaient un point de vue différent au sujet de l’enrôlement. Mais ils étaient là parce qu’en fait, on les avait appelés. Mais ils ont fait leur travail de la même façon que les autres.