Project Mémoire

Ralph Lloyd (Source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

En 2010, Le Projet Mémoire a interviewé Ralph Lloyd, un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement (et la transcription) suivant est un extrait de cette entrevue. Ralph Lloyd a servi dans la Réserve de volontaires de la Marine royale canadienne en tant que mécanicien de quart sur le NCSM St. Thomas. Dans ce témoignage, Ralph Lloyd se concentre sur un événement marquant durant son service : la participation de son navire au naufrage d’un sous-marin allemand, incluant le sauvetage de marins allemands et leur transfert en Angleterre en tant que prisonniers. Après avoir quitté la marine, Ralph Lloyd s’est installé à Peterborough en Ontario, où il a travaillé comme ingénieur en mécanique dans la division nucléaire de General Electric. Il a été membre de plusieurs associations, dont la Peterborough Naval Association et le Peterborough Sailing Club. Ralph Lloyd est décédé le 13 mai 2019, jour de son 95e anniversaire, à Peterborough.

Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.

Ralph Lloyd au papillon des gaz principal de la salle des machines du HMCS St. Thomas.
Ralph Lloyd, Chef des Machines, 4<sup>ème</sup> Classe (à droite) et ses parents Walter et Frances en 1943.
Ralph Lloys (tout à gauche) et ses collègues Chefs de Machines un jour de paie à bord du HMCS St. Thomas en 1944.
L'équipage du U-877, fait prisonnier de guerre, recevant des instructions à bord du HMCS St. Thomas.
Ralph Lloyd a récupéré cette bouteille d'oxygène lorsque le U-877 a coulé. Cette bouteille faisait partie des effets appartenants aux survivants, elles furent données à chaque membre de l'équipagepour les aider à respirer pendant qu'ils remontaient à la surface.

Transcription

Je m’appelle Ralph Lloyd, un ancien combattant de la RVMRC [Réserve de volontaires de la Marine royale canadienne] de la Deuxième Guerre mondiale. J’ai servi sur une corvette de classe Castle, le [NCSM] St. Thomas, dans la salle des machines en tant que mécanicien de quart. L’un de nos voyages a été plutôt mouvementé dans la mesure où, le 22 décembre, nous naviguions de St. John’s en direction de l’est vers la Grande-Bretagne, et après deux jours de route, nous avons reçu un « ping » pour un sous-marin, comme cela arrivait souvent. Dans un tel cas, vous faisiez souvent des choses spécifiques, vous lâchiez vos charges, etc. Mais dans ce cas particulier, les choses sont devenues plutôt agitées. J’étais dans la salle des machines avec les moteurs principaux, et on effectuait toutes les manœuvres consistant à larguer des grenades sous-marines et des charges de « squid », quand tout à coup, on nous a dit de nous tenir prêts à percuter un sous-marin. Et tout de suite, c’est le branle-bas et la frénésie, et je suis dans la salle des machines et j’obtiens les informations par les autres. Finalement, le sous-marin a fait surface, et tous les membres d’équipage allemands, soit cinquante-cinq personnes, avaient sauté à l’eau. Ils ont tous survécu (deux ont été blessés), et avant que nous puissions capturer le sous-marin, ils l’ont sabordé. Alors tous les marins allemands dérivaient dans l’océan, donc nous sommes allés les chercher dans des filets de sauvetage. Ils ont grimpé sur le côté et tout s’est bien passé. Heureusement, ça s’est passé dans le Gulf Stream où la température de l’eau était supportable. Si cela s’était produit plus à l’ouest, ils n’auraient probablement pas survécu. L’hypothermie aurait eu raison d’eux. Nous les avons faits prisonniers, les avons embarqués sur le bateau, nous les avons emmenés en Grande-Bretagne et nous les avons déposés là. Il s’agissait d’un naufrage de sous-marin « confirmé », car parfois, si vous ne le voyiez pas se produire, vous ne pouviez pas le confirmer. Cela a été l’un de nos plus grands incidents. Nous avons eu de nombreux autres incidents, parfois drôles mais souvent sérieux, et très souvent c’était plutôt de la routine, mais parfois la routine était rompue très brusquement.