Project Mémoire

Ralph Whitney Merkley

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Eric Merkley
Eric Merkley
Ralph Merkley (à gauche) et son frère Eric qui a servi en tant que soldat dans l'Armée Royale Canadienne.
Eric Merkley
L'Institut Historica-Dominion
L'Institut Historica-Dominion
Ralph Merkley lors d'un événement du Projet Mémoire à Milton, Ontario, en décembre 2010.
L'Institut Historica-Dominion
J’ai senti une main sur mon épaule et j’ai regardé derrière moi et il était là, debout juste derrière moi.
Gibraltar, je crois que c’était ma première affectation, et je me suis engagé dans la RAF là-bas, suis parti de la RCAF (armée de l’air canadienne), j’ai trouvé ça un petit peu différent d’être dans un escadron anglais (264ème escadron de la RAF). Ils vous font lever à 3 heures du matin, et puis vous sautez dans tout les petits, on était dans des hydravions et vous sautiez dans un petit, vous appelleriez ça un canot, un genre de petit canot à rames. Ils vous emmenaient jusqu’à l’appareil qui est amarré à un ancrage là-bas et vous sautiez dans l’appareil qui attendait sur l’eau. Puis vous le retiriez du mouillage, et le pilote emballait le moteur et décollait, et vous étiez sur le chemin, parti en opération. Possible que ce soit un sous-marin qui ait été aperçu et vous partiez voir si vous pouviez le trouver. Ou bien on partait pour escorter un convoi pour le protéger quand il arrivait. On a eu un sous-marin acculé près des îles Canaries, au sud de Gibraltar là-bas. On a largué nos grenades sous-marines dessus. On n’a jamais su si on l’avait détruit ou pas. Vous arriviez à voir l’essence qui remontait mais vous ne pouviez jamais affirmer que vous aviez eu le sous-marin. C’était un de leurs trucs. Ils laissaient l’essence remonter à la surface, et quand vous pensez que vous les avez eus, et le ministère de l’Air lui ne vous lâchait pas comme ça. Il fallait avoir un appareil et prendre des photos et montrer qu’il y avait quelque chose de détruit là-bas avant qu’ils considèrent ça pour un naufrage. Bon, dans notre premier équipage il y avait un capitaine anglais, un pilote en second canadien, un navigateur, canadien, moi et un autre gars qui venait du Nouveau Brunswick, on était les deux mitrailleurs de bord. Et puis on avait ce qu’ils appelaient un mitrailleur principal, je suppose que c’est comme ça que vous diriez. C’était lui le responsable. Il était anglais. Et puis vous aviez deux mécaniciens. Tout ce qu’ils faisaient c’était de rester assis là et garder l’œil sur ces cadrans, regarder ces jauges, vérifier que vous ne manquiez pas de carburant. Ils étaient tous les deux anglais. Alors c’était bien réparti, moitié anglais, moitié canadiens. On s’entendait bien avec les anglais, en fait. On leur faisait faire toute la cuisine. (rire) Ils étaient bien meilleurs que nous dans ce domaine. Je parle de quand on était dans les airs, pourquoi, c’est là qu’on devait faire la cuisine. Ouais, vous aviez un petit réchaud. C’est le mécanicien en général qui fait la cuisine. Ça a toujours eu l’air de bien marcher, de nous tous c’était lui le meilleur cuisinier. Bon, c’était des œufs et du bacon, et du poulet. Vous aviez des rations spéciales quand vous étiez en vol, ouais. Vous aviez droit à des trucs spéciaux que vous n’aviez pas quand vous n’étiez pas en vol. Je veux dire, vous êtes dehors pendant tellement longtemps, parfois une douzaine d’heures. C’était le jour de la Victoire en Europe, le jour de la fin de la guerre, avec mon frère on s’est revus pour la première fois depuis qu’on avait quitté la maison. Là à Trafalgar Square. En plein centre de Londres. J’étais stationné en Irlande du Nord à ce moment-là avec le 423ème escadron de l’armée de l’air canadienne. Je venais juste d’être transféré à nouveau dans l’armée de l’air canadienne et ils savaient que mon frère était en permission à Londres, alors ils m’ont donné une permission spéciale, une permission pour raisons familiales ils appelaient ça, pour aller le voir là-bas. Je suis allé le voir, je marchais le long de Trafalgar Square, je marchais vers mon hôtel et je suis tombé sur lui. (rire) Juste sur le côté de la route, j’ai senti une main sur mon épaule et j’ai regardé derrière moi et il était là, debout juste derrière moi. On a pensé que c’était un miracle. (rire) C’était le dernier jour de la guerre aussi.