Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.
Transcription
C'était le 4 juillet 1942, et j'ai toujours dit à la blague que les Américains avaient obtenu leur indépendance ce jour-là et que j'avais perdu la mienne. Ayant été dans la réserve, j'étais, comme on dit, à moitié formé de toute façon. Ils ont donc découvert un jour, je suppose, nous étions alignés quelqu'un, un sergent ou un sergent-major ou quelqu'un d'autre, a dit: « Y a-t-il ici quelqu'un qui sait taper à la machine? » Et j'ai levé la main. À partir de ce moment-là, je suis devenu commis. Les trois premiers mois, j'ai vécu dans une tente cloche (tente soutenue par un poteau central). Il y avait des baraques à Niagara-on-the-Lake et les 2nd/10th Dragoons occupaient les baraques; et quand le 3e Bataillon est arrivé sur les lieux, on lui a donné une zone avec des tentes cloches et des chapiteaux (tentes sans poteau à l’intérieur), les chapiteaux étant beaucoup plus grands que les tentes cloches. Les chapiteaux étaient utilisés comme bureaux, réfectoires, etc. J’y suis resté jusqu’à la mi-octobre, je crois. Puis j’ai été choisi pour le détachement précurseur et nous sommes montés dans le train à St. Catharines et nous nous sommes rendus à (Camp) Debert, en Nouvelle-Écosse. Lorsque nous sommes arrivés à Montréal, je ne sais plus si nous avons changé de train ou ce que nous avons fait, mais je me souviens qu'ils nous ont fait défiler dans les rues de Montréal et que nous avons parfois été hués et sifflés. Que ce soit parce que nous venions de Toronto, qu'il y avait un antagonisme entre Toronto et Montréal, ou parce que les Canadiens français, bien sûr, étaient opposés à la guerre et qu'ils exprimaient leur animosité de cette manière.
Ce dont je me souviens le plus, c'est d'un certain Ken Evans qui avait la couchette du haut et moi celle du bas; il est parti à l'étranger. Je suis resté en arrière... Je crois que quatre jours après leur arrivée en France, il a été tué. Vous savez, je me souviens de notre entraînement ensemble. Nous étions tous les deux affectés à une mitrailleuse légère Bren. Si j'étais parti outre-mer, j'aurais été avec lui et j'aurais probablement été tué. Le fait que je sache taper à la machine était très important pour l'armée. J'ai passé un certain temps au quartier général de la brigade. Je ne me souviens pas des raisons exactes, mais je me souviens d'être allé voir l'officier du personnel et il a décidé qu'il m'aimerait bien comme commis. Je suis donc entré dans le processus de sélection du personnel et il m'a promis que, si je pouvais faire le travail, si je faisais mes preuves au cours du premier mois, il me donnerait deux chevrons, soit le grade de caporal.
À la fin du mois, j'avais fait mes preuves. J'ai obtenu mes deux chevrons et environ un mois plus tard, j'ai été affecté au quartier général de la 7e Division (d’infanterie canadienne). Et j'ai obtenu un troisième chevron, j'étais donc sergent. Le fait d'être sergent dans l'armée vous donne le droit de manger et de bénéficier des installations du mess des sergents. Cela signifie que la nourriture avait, comment dire, meilleur goût. Les sergents avaient l'habitude de verser une certaine somme pour obtenir de petits extra afin que le cuisinier puisse mieux préparer les repas. La vie de sergent était donc agréable. Nous avions des draps pour le lit, ce qui n'avait jamais été le cas auparavant, lorsque nous dormions avec deux couvertures, c'est tout. Des couvertures piquantes.