Project Mémoire

Raymond Lefrancois

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Raymond Lefrançois
Raymond Lefrançois
Médailles de Raymond Lefrançois (de gauche à droite): Médaille de la Défense; Médaille du Service des Volontaires Canadiens; Médaille de guerre (1939-45).
Raymond Lefrançois
L'Institut Historica-Dominion
L'Institut Historica-Dominion
Raymond Lefrançois à Montréal, Québec, le 28 janvier 2010.
L'Institut Historica-Dominion
Comme de raison, il y aurait pu arriver n'importe quoi, mortalité, n'importe quoi, et j'aurais été responsable.
Lorsque la guerre a commencé, je me trouvais dans le métier d'imprimeur. Autrement dit, fais la typographie. Alors, je travaillais chez « Fast Type Setters Limited » et puis j'ai reçu ma lettre de l'armée, à un moment donné, c'était en 1941 à peu près. J'ai dit, moi dans mon cas l'armée ça ne m'intéresse pas beaucoup par rapport au marchement, je ne suis pas fort là-dessus. Alors j'ai dit, je vais choisir la marine, au moins ils vont me charoyé. (Il rit) Alors j'ai pris la marine, peut-être avec regret, mais peu importe il fallait que je fasse un choix. J'ai suivi la cour de « leading quarter », déchiffreur de codes secrets et sur le « télétype », un genre de machine à écrire, qu'on envoyait les messages de part et d'autre. Les messages nous passaient entre les mains, on ne savait pas si c'était secret, confidentiel, ou etcetera. Ça dépendait de la lettre qui apparaissait dans le jour quand on déchiffrait. Alors, quand on ne pouvait pas déchiffrer, on les prenait puis on les mettait de côté, on y touchait même pas parce qu'on avait aucun moyen de découvrir le secret de ce message là. Dans la marine, ce m'est arrivé un incident, oui, une grosse à part de ça. C'était qu'en envoyant les messages, on avait une dizaine de machines. Alors tout seul, dix machines, à différentes intervalles, fallait mettre nos messages sur chacune des machines où c'était supposé aller. Tout bonnement, moi j'écrivais le nom, le « time of arrival », puis le « time of dispatch », TOD, TOA, etcetera, toutes ces affaires là, je mettais la date, l'heure que c'était pour l'envoyer mais pas les minutes, jamais les minutes. Alors, quand j'envoyais le message, je rajoutais les minutes et c'était fini, je le mettais dans la filière. Mais ce qui était arrivé cette journée-là, c'est qu'on a changé de «shifts » (quarts de travail). Alors, les nouveaux arrivés on vu le message sur la machine et ont présumé que le message avait été envoyé. Alors ils ont prit le message et ils l'ont mit dans la filière sans dire un mot à personne. Comme de raison trois jours ce passent, les principaux intéressés du message ne recevaient aucune réponse avec qui ils demandaient une réponse. Alors ce qui est arrivé c'est qu’ils l'ont demandé et l'autre a dit qu’il ne l’a jamais reçu. Alors, il l'a jamais reçu, pourquoi? Alors ils répétaient le message, et c'est la première fois qu'il le recevait. Fait que là ils ont fait les recherches pour trouver qui a causé le trouble. (Il rit) Puis le trouble c'était moi, mais c'est venu à un moment donné puis là j'ai su pourquoi, qu'est-ce qui avait dans le message de si intéressant que ça. C'était les trois dirigeants; le Premier Ministre de l'Angleterre [Winston Churchill] et puis le Président [Franklin D.] Roosevelt et un autre, un troisième, je ne me rappelle plus là duquel, mais peu importe, les trois principaux. Comme de raison, il y aurait pu arriver n'importe quoi, mortalité, n'importe quoi, et j'aurais été responsable. La seule autre grosse chose qui nous est arrivé nous autres à Terre-Neuve, c'était le feu de « Knights of Columbus » [une auberge de jeunesse en St. John’s], les Chevaliers de Colomb, à une baraque, qu'un samedi soir le feu a pris dans la place. Puis à Terre-Neuve durant la guerre, il n'y avait aucune lumière, c'était la noirceur le soir, c'était tout barricadé. Alors cette place là, le Chevaliers de Colomb, était barricadée puis il n'y avait pas de lumière qui sortait, puis c'était une danse qu'il y avait là. Puis le feu a pris, ils étaient une centaine, passé, ils ont tous passé. J'ai voulu prendre un camion puis avec une chaîne, aller arracher un côté du mur pour faire sortir le monde. Ils ont refusé parce qu'ils ont dit il y en a trop qui vont mourir. Mais j'ai dis, « Oui, mais il y en a qui meurent là actuellement, la différence est quoi? Prendre une chance qu'on va en sauver trois ou quoi, plus? » Ils n'ont pas voulu. Donc ils sont tous morts. Ils ont fait une grosse funéraille d'une centaine de personnes. Ils ont ouvert un cimetière, ça je me rappelle de ça. J'avais fait ma demande pour devenir officier dans un premier temps et puis dans ce temps là, les entrevues se faisaient avec un officier anglais de l'Angleterre. Alors il s'assoyait derrière un grand bureau avec la tête penchée par en bas puis il vous parlait alors la manière qu'il parlait, vous entendez dire rien. Vous répondiez plus ou moins qu'est-ce que c'est qui disait mais vous n'étiez jamais sûr de ça. Alors un moment donné, moi je lui ai dit, je lui demande de s'excuser que je n'avais pas compris la réponse. Après ça il a dit c'est correct, merci. Là il dit refusé pour telle raison: la raison était parce que je ne parlais pas assez d'anglais. Bonne raison, einh ? (Il rit) C'était ça ma raison, mais c'est rien. J'ai dit, « Merci beaucoup, je vais pratiquer! »