Raymond Walton "Lewy" Lewis a servi pendant la Deuxième Guerre mondiale.
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Transcription
J’ai essayé de m’engager dans l’armée par deux fois avant d’y entrer. Mais ils avaient découvert que j’étais trop jeune alors ils m’avaient refusé évidemment. Et puis finalement, je suis entré dans l’armée à l’âge de 17 ans, sans doute avec l’aide de mon père, qui était intendant militaire adjoint à Calgary. Et je crois qu’il y avait une stipulation l’époque qui faisait qu’ils pouvaient engager des jeunes de moins de 18 ans mais seulement comme clairon. Et je crois que c’est ce que j’étais censé faire mais ça n’est jamais arrivé.
Quand j’y suis finalement entré, j’étais… C’était le mois d’octobre [1942]. Je n’allais pas avoir 18 ans avant le mois de janvier, alors je pouvais aller nulle part. Je n’avais aucun entraînement spécifique. Ils ne m’ont pas envoyé faire mes classes, mais j’étais messager dans la salle des rapports, ce qui voulait dire que vous faisiez le tour des différents mess et autres endroits de ce genre en vélo pour poster les ordres du jour. Et après je crois que mon père s’était arrangé pour que je passe un test de conduite, parce qu’il savait que j’avais été chauffeur de camion avant d’être dans l’armée. Evidemment je n’ai pas eu la moindre difficulté à le réussir et deux semaines plus tard, j’étais moniteur de conduite. Mon premier groupe de candidats étaient des officiers supérieurs. C’est en gros ce que je faisais.
J’ai ensuite pris des cours à l’usine Ford de Windsor en Ontario, et plus tard à Woodstock en Ontario, avant de partir outre-mer. Aldershot était l’unité de dépôt pour toutes les troupes et je n’y ai pas passé longtemps, trois semaines peut-être, et on m’a envoyé en Italie, parce que avec des qualifications comme les miennes, le régiment Westminster, qui était motorisé, avait besoin de gens qui avaient ce genre de qualifications – chauffeur/mécanicien.
Mais après, quand je suis arrivé là-bas, j’ai passé un bon moment dans l’unité de dépôt à Avellino jusqu’à la ligne Hitler. Et après on m’a envoyé rejoindre le régiment le 24 mai juste après la traversée de la Melfa, où le commandant de ma compagnie [Major John Keefer Mahony] avait reçu la croix de Victoria. Evidemment, on a juste suivi le mouvement. Je n’avais jamais eu de fusil entre les mains, je n’avais jamais tiré à la carabine, ils me donnent un fusil mitrailleur avec une chenillette, alors il y avait généralement le commandant qui était probablement un caporal, et puis il y avait un chauffeur et un tireur. Le chauffeur et le tireur s’échangeaient de temps en temps, vous savez, juste c’est moi qui conduit aujourd’hui ou c’est toi qui conduit aujourd’hui, des choses de ce genre.
Alors j’ai dû apprendre à conduire la chenillette. Mais à cette époque, on avait une mitrailleuse de calibre 30 montée sur l’avant de la chenillette et on était… avait un fusil PIAT qui était une arme antichar. Il y avait aussi une mitraillette Thompson qu’on pouvait utiliser. Je n’avais jamais manipulé aucune de ces armes avant, jamais. Mais l’Italie, c’est un pays accidenté et qui peut être tellement montagneux… c’était dur d’avancer. Le travail que j’avais évidemment, je suis arrivé dans le régiment en mai parce que le gars qui faisait le boulot avant moi avait été tué. Et puis quand j’ai été blessé, un autre gars a pris ma place, et il a été tué. Un autre gars a pris sa place, il a été tué, et à ce moment, je suis revenu et j’ai fait moi-même mon boulot. Et pendant que je n’étais pas là, évidemment, les deux autres gars – dont j’ai appris les noms mais je ne les ai pas connu évidemment – ils se sont fait tués avant mon retour.
Mais on a fait un voyage d’ anciens combattants en Italie il y a 5 ou 6 ans je crois. Et j’ai été me recueillir sur ces deux tombes. Mais après le jour J, alors c’était un problème. Au moment où j’ai été blessé, on ne recevait pas les moindres renforts. Après deux mois d’absence, je suis retourné dans mon régiment et une de mes blessures suintait encore. Je devais changer mes pansements moi-même. La cinquième division, dont je faisais partie, et la première division, qui était aussi en Italie, ont alors rejoint les autres divisions canadiennes et ça faisait une unité au complet et c’est là où on s’est retrouvés à, dans la petite ville de Delfzijl dans le nord de la Hollande. C’est le plus au nord où on puisse se trouver.
Bon les allemands, je pense, finissaient d’utiliser toutes les munitions qu’ils avaient et ils étaient dos à la mer et il n’avaient nulle part où aller. A vrai dire, un ami à moi, Gould, ben, c’était le même gars qui avait été blessé par le même obus que moi en Italie. Et là encore dans le nord ouest de l’Europe, on a tous les deux signé pour aller combattre dans le Pacifique, parce qu’on savait que là-bas il leur manquait du monde. On était assez au nord. On est monté jusqu’à un endroit où il y avait des rails de chemin de fer en hauteur, et on a regardé par-dessus les rails et on pouvait voir un tank allemand, à 500 mètres de là. Et juste pendant qu’on regardait, on a vu le tank et puis une bouffée de fumée, alors on s’est baissé immédiatement, et presque au même moment un obus s’est écrasé à 20 pieds de là, de l’autre côté des rails. Alors on s’en est retourné et on a enlevé nos noms de la liste de ceux qui partaient pour le Pacifique.
J’ai passé six semaines outre-mer, moins de deux ans. J’étais de retour au Canada avant d’avoir atteint mes 21 ans. Et légalement, je n’avait pas le droit de vote, pas le droit d’acheter de l’alcool. Après avoir passé presque deux ans outre-mer.