Project Mémoire

Raynald Tremblay

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Raynald Tremblay
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Des marins de la marine marchande pendant la Seconde Guerre mondiale.
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Le SS Grafton Park, un navire sur lequel servit M. Tremblay pendant la guerre.
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L'un des navires marchands sur lesquels servit M. Tremblay.
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M. Tremblay à bord d'un navire marchand pendant la Seconde Guerre mondiale.
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Certificat de libération émis par le Département du Transport en 1943.
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Ça prit 21 jours partir de Québec à aller à Alexandrie en Égypte, 21 jours. C’est long, vous savez, mais quand on aime ça. Pour moi ç’a été mon métier.
Normalement ils s’attendaient dans la baie de Sept-Îles ou au Bic à l’ouest de Rimouski (Québec). Il y avait en dedans du Bic les bateaux s’attendaient là. Peut-être 7-8 bateaux, 10-12 bateaux ensemble. Il passait deux trois jours à attendre pour la date du départ (sur l’océan Atlantique). À part de ça il y en avait dans la baie des Chaleurs et à (…) en dedans de la baie il y avait des navires qui attendait les ordres pour partir ensemble. Je vais vous dire moi, une des traversées que j’ai bien vérifiées, que j’ai été à bord. C’était sur le Liberty Ship américain (un type de cargo construit aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale) qui ne faisait seulement que 9 nœuds à l’heure, c’était pas beaucoup ça monsieur. Pis dans ce temps-là, on n’avait pas de radar. Y’avait pas de radar dans ce temps-là. On était dans la brume à partir de peut-être une centaine de miles au large du Cap-Breton là puis Halifax (Nouvelle-Écosse), il s’envoyait en diagonale pour aller vers les Bermudes (archipel de l’Amérique du Nord) un peu pour clearer (dégager) les icebergs. Parce qu’il y a des icebergs qui descendent le long du détroit du Groenland. Pour clearer les icebergs, ils s’en allaient vers le sud vers le sud-est pour s’éloigner des dangers. Pis de là ils se renvoyaient de nouveau en course pour le détroit de Gibraltar à l’entrée de la Méditerranée. Ça prit 21 jours partir de Québec à aller à Alexandrie en Égypte, 21 jours. C’est long, vous savez, mais quand on aime ça. Pour moi ç’a été mon métier. Le danger comme je vous disais hier, hier ou avant-hier. Je vous disais que ça ne me passait pas par la tête. J’ai eu quelques avertissements des sous-marins, il y a quelques sous-marins qui on fait surface à peu près un mile et demi deux miles de distance à côté de nous autres en pleine mer. En pleine mer sur l’océan, mais c’était des sous-marins américains. Mais quand les officiers sur la passerelle ont vu le périscope qui est sorti pis le sous-marin a sorti d’en dehors de l’eau. Ils ont sonné l’alarme, à bord du navire ou que j’étais là. L’alarme s’est mise à sonner, le criard aussi. Ça fait que, là on s’est tous garrochés à la course vers les chaloupes sauvetages. Mais moi vu que j’étais Canadien Français je ne parlais pas un mot anglais. Les Américains c’était plutôt, le trois quarts c’était tous des Américains malgré qu’il y avait d’autres nations au travers de nous autres. On ne se connaît pas hein. Fais que là j’ai eu peur un peu. Mais je me suis écarté d’un côté ou de l’autre du navire. Il y avait de chaloupes de sauvetages d’un bord du navire et il y en avait sur l’autre côté. Mon nom était sur la liste, je ne comprenais rien. Je ne savais pas quel numéro de chaloupe que je devais prendre. Ça criait, le monde criait Fenchy! Frenchy! Frenchy! Où est Frenchy? Le "Frenchy" c’était moi ça, je ne comprenais rien que "Frenchy" c’était tout ce que je comprenais. Les gars me garrochaient d’un bord l’autre. C’est arrivé à deux trois reprises des affaires semblables. C’est inquiétant, ça m’a surpris. Quand on voit un sous-marin d’une longueur d’environ quatre cents pieds sortir de l’eau. Normalement c’est des ennemis, mais lui c’était un allié c’était un américain. Lui a monté, tout de suite il a levé son drapeau au-dessus de la passerelle, il a levé son drapeau alors les officiers ont arrêté de crier du criard. Pis la sonnerie. Ça marchait, on continuait notre travail de routine. D’abord comme simple matelot on n’est pas au courant des affaires de compagnie d’abord hein. Toutes les compagnies, les navires qui vont d’un port à l’autre, ils ont tous des agences qui s’occupent des affaires. Qui s’occupe pour le docteur, l’immigration et puis différentes choses comme ça. Ils viennent rencontrer le capitaine du navire, puis là le capitaine ben lui donne la liste de son équipage. S’il a 25 personnes abord ou s’il en a trente. Il donne tout en détail les noms de chaque personne. Puis si le navire a besoin de quelque chose, soit du carburant, du diesel ou bien d’autres choses, du manger. Il y a quelqu’un qui s’occupe de ça aussi. Une agence s’occupe de la compagnie. Euh non, on était payé au mois. On était payé au mois, c’est sept jours par semaine. Dans ce temps-là, il n’y avait pas question d’union, de syndicat dans ce temps-là. Il n’y avait pas de syndicats. Que tu travailles le samedi ou que tu travailles le dimanche c’est la routine. Puis après ça quelques années après ils ont commencé à arrêter de travailler à midi et demi, à midi et demi. À midi ça arrêtait puis le dimanche on ne travaillait pas. Mais au début quand j’ai commencé c’était sept jours par semaine, on travaillait. Ah! non, non, mais vous savez on travaille pas comme des esclaves. Sur un navire, c’est de la peinture, c’est du lavage, c’est "l’entretenage" (entretien), mais vous n’avez pas un "foreman" (contremaître) en arrière de vous qui vous suit comme des (…)