Project Mémoire

Renaud Elphège

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

M. Elphège Renaud est un vétéran de la Guerre de Corée qui s'enrôla dans la Force Permanente en 1949 et fut déployé outre-mer en 1952-1953 avec le 1er Bataillon du Royal 22e Régiment.
Elphège Renaud
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M. Renaud à bord d'un véhicule de transport de troupes de type Bren-Carrier équipé d'une mitrailleuse.
Elphège Renaud
Avec des Sud-Coréens. M. Renaud était en charge de mener un convoi de ravitaillement pour les troupes en première ligne.
Elphège Renaud
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Elphège Renaud posant devant une jeep (Corée, 1952).
Elphège Renaud
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Le caporal Renaud posant devant son abri (Corée, 1952).
Elphège Renaud
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Le caporal Renaud posant devant son abri (Corée, 1952).
Elphège Renaud
Et puis quand ils sont revenus, le lieutenant est passé à côté du outpost. Il y en avait 2-3 qui étaient plus loin de la patrouille. Ils sont arrêtés au outpost et ils ont dit : ‘’Nous, on remonte en haut. On va essayer de retrouver Dugal. On est certain qu’il n’est pas mort, on ne l’a pas trouvé’’.
Caporal Elphège Renaud (Guerre de Corée) Moi je suis né le 26 juin 1931 à Saint Ferréol- les-Neiges près du mont St-Anne. L’enrôlement J’avais acheté le Sélection du Reader’s Digest (le Reader’s Digest, un magazine familial mensuel) qui était seulement vendu aux États-Unis, mais pas au Canada. Il était seulement en anglais dans ce temps-là. J’avais vu qu’il y avait une annonce de l’armée canadienne que si tu voulais faire cinq ans de service après ton collège, tu pouvais faire des études supérieures. Il n’y avait pas toutes les branches qu’il y a à l’université, comme le droit il ne l’avait pas. Il y avait l’administration, il y avait un bac général si on veut, que tu pouvais faire. Moi, mon but c’était le droit, mais je me disais c’est un premier pas et après je verrais. Je vais vieillir et puis bon. Mais quand je me suis enrôlé, la guerre de Corée s’est déclarée. Parce que moi je me suis enrôlé en novembre (19)49. J’ai juste eu le temps de faire l’entrainement de base et puis la guerre de Corée s’est déclarée. Moi j’étais considéré comme un P.F. qu’ils appelaient. Un P.F. c’est un Permanent Force (un militaire de l’armée régulière). Le Canada avait décidé qu’il envoyait une brigade, une brigade c’est 5,000 hommes (la 25e Brigade d’infanterie canadienne). Ils ne les avaient pas les 5,000 hommes. Ils avaient décidé qu’ils envoyaient trois destroyers (contre-torpilleurs) et ils les avaient. Trois escadrilles de combat, ils les avaient. Ils n’avaient pas les avions, mais ils avaient les pilotes. Mais pour l’armée, une brigade c’est 5000 hommes, ils ne les avaient pas. Alors ils ont fait un enrôlement juste pour 18 mois. Les gars se sont enrôlés. Ils ne regardaient pas si le gars avait un diplôme. N’importe quoi, tu ne travailles pas, tu t’enrôles. Ils pensaient que ce serait un conflit qui n’allait pas durer longtemps. Mais plus ça allait, plus ça s’étirait, le temps de ces gars-là se terminait. C’est un contrat ça, si le gars disait je veux avoir ma décharge, s’il était en Corée, ils étaient obligés de le ramener au Canada. Ce n’était pas une guerre déclarée comme la 2eme guerre là (Deuxième Guerre mondiale). Le pays n’était pas en guerre contre la Corée. C’est l’engagement spécial pour 18 mois. Quand ils sont vu que le conflit se rallongeait, les P.F., ils ont décidé, ils n’avaient pas d’autres troupes, que c’était nous autres qui allions remplacer la première gang (contingent) qui est allé à la Corée. Moi je voulais surtout faire mon collège, mais là ils avaient besoin de troupes. Ils m’ont dit : « Si ça ne te fait rien, tu pourrais faire la Corée, tu vas prendre de l’expérience là pareil et quand tu vas revenir, on va te faire faire ton collège. » Ils m’avaient donné le grade de caporal sans que j’aille de formation spécifique pour me conserver dans l’armée si on veut. Et puis après ça, j’ai eu le temps de faire mon cours de parachutiste avant. Quand mon cours de parachutiste a été fini, je suis revenu de l’Ouest, c’était à Rivers, Manitoba. Quand je suis revenu de Rivers, j’ai été sur une draft (contingent) pour partir pour la Corée. L’entrainement Nous autres, les P.F., on avait un entrainement assez complet parce que c’était tous des gars qui étaient déjà. Quand la guerre de Corée s’est déclarée, c’était des gars qui étaient dans l’armée depuis 1, 2, 3, 4 ans même. Alors le Basic Training (entraînement de base) était fait, l’Advanced Training (entraînement avancé) était fait. Comme moi j’avais fait un autre cours spécial, M.M.G. « Medium Machine Gun » (cours particulier sur le maniement des mitrailleuses). C’est comme dans le support si on veut de l’infanterie. Nous autres, ces gars-là, on était assez entrainés. Ceux qui l’étaient moins c’était ceux de la brigade spéciale. Parce que ça pressait. Ça pressait, ils enrôlaient le gars et ils lui faisaient un Basic Training assez rapide. Ils faisaient tout ça ensemble. L’Advanced Training pis envoye donc, go! Ils attendaient après là-bas. Ils n’avaient pas le temps de pousser à fond l’instruction. Tandis que nous autres, c’était différent parce qu’on avait déjà commencé cet entrainement-là avant que la guerre de Corée commence. Le Basic Training se faisait à Saint-Jean-d'Iberville (Québec), le CATC, Canadian Army Training Center. Un Basic Training ça durait 2 ou 3 mois gros max(imum). Là, ça durait 6, 7, 8 mois parce qu’ils accompagnaient ça à l’intérieur du Basic Training de cours d’anglais. Après ça, tu pouvais avoir un cours pour l’entretien des véhicules et cours de conduite. C’était toujours sur le Basic Training en fin de compte, c’était toutes sortes de choses qui qualifiaient le gars. Comme si moi j’avais pris un cours de M.M.G., c’est 16 semaines, c’est 4 mois. Après ça, j’ai pris le cours de parachutiste, c’est encore 4 mois, un autre 16 semaines. Nous autres, on avait des entrainements assez complets par rapport à ceux qui ont été envoyés spécialement pour s’en aller là-bas. Le déploiement Moi je m’étais fait parader au commandant pour aller là-bas quand la guerre de Corée s’est déclarée. Ils décidaient qu’ils envoyaient une brigade, je pensais que je pourrais embarquer là-dedans. Il (le commandant) dit : « Je vous ai déjà que les P.F. vous n’irez pas en Corée, c’est clair? Vous êtes dans l’armée permanente ». Je m’étais fait parader deux fois. Il m’a dit : « Vous êtes déjà venu, c’est la deuxième fois. Si vous revenez devant moi pour ça vous aller avoir une charge, c’est clair ça! » Correct, moi je voulais aller là-bas. Parce qu’ils m’avaient dit : « Fais la Corée pis après ça… Moi, mon premier but c’était toujours de faire le collège. Mais là, ils m’avaient demandé de faire la Corée avant pis après ça, quand tu reviendras de là-bas, tu iras faire ton collège. On est parti d’ici en train et puis on a pris le bateau à Seattle, (État de) Washington, aux États-Unis, c’est un bateau américain. C’est un bateau spécialement conçu comme Troop Carrier, spécialement conçu pour transporter des troupes. On pourrait dire transporter des cochons ça serait la même chose. C’était des choses-là, des hamacs de cinq pieds de haut pis une petite allée de large. Le gars est au 5ième (étage) pis il est malade vert et pis là beuuuu! Pas de sens. Mais on est jeune et puis on a hâte d’arriver là-bas. Pis vous savez, on ne s’imagine pas qu’est-ce que c’est. Nous autres, on est débarqués directement, on n’a pas débarqué dans le port. On a débarqué directement dans la mer. Mais le bateau, lui, ça lui prend au moins 50 pieds d’eau pour ne pas s’échouer. On est resté loin de la berge, de la terre si on veut. Là, c’est des barges de débarquement qui sont venues se coller après le bateau. Me semble qu’il était 11 heures, minuit, quand on a commencé à faire le débarquement. Il y a avait des échelles de câble qui était le long des bateaux. On débarquait là-dedans avec notre bagage sur le dos et notre arme pis le Steel Helmet (le casque d’acier) pis toute la ‘’gammick’’ (le barda). Là, on embarquait là-dedans dans ces barges-là. Pis eux autres, ils n’allaient pas s’échouer sur la terre non plus parce qu’ils n’auraient pas été capables de repartir. Ils s’avançaient le plus proche possible jusqu’à temps qu’on aille de l’eau à peu près jusque-là. Là, ils baissaient le panneau en avant, envoye go! Pis là on commençait à partir. Pis quand on est arrivé, il y avait justement une bataille dans les montagnes qu’on allait prendre. Mais vous savez, quand tu arrives, tu ne sais pas qu’est-ce c’est, tu as fait de l’entrainement d’accord, mais ce n’est jamais comme la vraie guerre, tu sais qu’il n’y a pas de danger de te faire tuer. Parce que c’est de l’entrainement, il y a des balles, le tir est dirigé pour passer juste au-dessus de toi, pas de danger que... Mais là, c’est pour vrai, l’artillerie qui gronde. Quand il y a une batterie d’artillerie qui tire ben ben vite c’est excitant. Pis surtout quand t’es en dessous du feu, ça fait un sillage. Je ne sais pas si vous avez déjà vu ça. Ça part viouuuu! Boum! Pis là, c’est une après l’autre, une après l’autre. Tu viens à pogner le ‘’shake’’ (à trembler). Après ça il y avait des bombardiers (…) de l’aviation américaine. Ils mettaient 100 tonnes de bombes. Quand ils venaient 4 -5 et qu’ils poivraient les gars-là... Le front Quand c’est des positions stables, on vit dans des tranchés d’abord et dans le rear slope de la montagne dans la partie à l’arrière de la montagne et bien c’est là qu’ils sont nos trous si on veut. Des espèces de cabanes qu’on se faisait. On creusait des trous dans la terre. Et puis on essayait de trouver des morceaux d’arbres, des morceaux de bois, tout ce qu’on pouvait trouver. En dernier, il y avait ce qu’on appelait des charpentes de débâcle. Elles étaient faites en bois celles-là. Ça venait de l’Amérique par bateau. Pis elles étaient toutes taillées d’avance, on faisait le trou à la gang. On faisait un trou immense. Peut-être 8-10 pieds carrés. Puis on embarquait ces frame (charpentes) de bois là pis on mettait de la roche et de la terre par-dessus ça. C’était à l’épreuve, en quelque sorte. C’est entendu que s’il était tombé une bombe dessus ça les aurait défoncés, mais l’artillerie ces choses-là... Parce qu’on s’arrangeait pour mettre 4-5 pieds de terre, de terre pis de roche là-dessus. C’est là-dedans qu’on vivait. En général, entre 6 et 8 hommes par trou, comme ça. Pis la balance, ces choses-là, ces trous-là, ces dugout-là, on appelait ça un dugout (abris souterrains). Ils étaient tous différenciés pour pas que s’il arrivait un désastre, s’il arrivait un bombardement ou n’importe quoi, pour pas qu’on perde beaucoup trop de monde alors ils étaient tous distancés l’un de l’autre. Mais le devoir se faisait dans les tranchées. La garde aussitôt que la brunante commençait c’était la garde. Dans la garde tu n’as pas le droit de fumer, tu n’as pas le droit de tirer non plus à moins d’avoir reçu l’ordre. Parce que si tu tires à ce moment-là, ça fait un feu ça et c’est vu de loin. Eux autres, ils en ont de la garde eux autres aussi. Alors c’est la guerre. S’il y en a un qui fait une affaire, l’autre va le... Vous savez, il y a des ‘’snipers’’. Tu watch (oberves) ça pis nous autres, de notre côté, c’est la même chose. Pis la nuit, dès que la nuit est tombée, des patrouilles sont organisées à différents endroits du fort. Comme moi, j’en ai fait une qui est mémorable parce qu’on a perdu trois hommes. Pis on a eu un prisonnier, la patrouille du 23 juin 1952. Je m’en rappellerais tout le temps parce que moi, mon anniversaire c’est le 26 juin. Pis j’avais eu une lettre de ma mère pis je l’avais dans ma poche de chemise, je n’avais pas eu le temps de lire encore. Pis moi, cette nuit-là, ils m’avaient envoyé comme outpost (à l’avant-poste, une position au-devant de la tranchée de première ligne). Outpost, c’est que tu descends la montagne. Mettons que tu vis sur la montagne, tu descends en bas et quand t’es rendu aux planches et il y a comme un trou qui est fait là. On est toujours deux, on descend un fil de téléphone avec nous autres parce que les moyens de communication n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui, hein. Si jamais il se passe quelque chose, on signale ça en haut. Pis les patrouilles, quand elles s’en vont dans le ‘’no man’s land’’, quand elles s’en allaient vers l’ennemi, elles passent par le, ils appellent ça le outpost. Cette nuit-là, nous autres, on était outpost. Ce qui est arrivé c’est qu’il y avait eu le brigadier Bogert qui était commandant de la brigade canadienne à l’époque là-bas (le brigadier-général M. P. Bogert, commandant de la 25e Brigade d’infanterie canadienne en 1952). Il avait eu 30 chemises à l’épreuve des balles de l’armée américaine. Il était venu voir le commandant Frémont Trudeau (le lieutenant-colonel Louis Frémont Trudeau, commandant du 1er Bataillon du Royal 22e Régiment en Corée en 1952-1953) et puis il lui avait dit : « Tiens, tu feras essayer ça à tes hommes pour voir l’efficacité que ça peut avoir. Aussitôt qu’ils ont eu ça, eux autres, c’était la compagnie D si je me rappelle bien. Moi je n’étais pas en permanence au front parce que je conduisais un camion, je conduisais un camion 3/4 pour le Carrier Platoon (le peloton de ravitaillement équipé de véhicules Bren Carrier). Mais quand les six mitrailleuses, les mitrailleuses M. M. G. étaient sur la montagne, c’est choses-là, c’est moi les alimentait. En eau, en nourriture, en munitions, enfin tout ce que ça prenait pour faire vire environ 30-35 hommes sur ses montagnes là. À un moment donné, ils demandent s’ils voulaient un Carrier Platoon. Là, ils envoyaient deux M. M. G. sur une compagnie et deux M. M. G. à l’autre, etc. et c’est comme ça ils les dispersaient. Ça dépendait du commandant et du commandant de compagnie. Il y avait des (…) et puis quand ils décidaient, quand ils démantibulaient le Carrier Platoon et bien moi avec mon ¾ (camion de ¾ de tonne), toi tu ‘’parques’’ ça (stationne) au F2. C’est la partie du front en arrière. Tu laisses ton ¾ là et tu finis cette job-là et tu t’en vas en avant. Pis moi, j’aimais ça en avant parce que ça me donnait l’expérience de faire des patrouilles, ces choses-là. C’est là que c’est dangereux de se faire tuer, mais on ne pense pas qu’on va se faire tuer parce que la mort ce n’est jamais pour nous autres, c’est toujours pour les autres. Ce soir-là moi je voulais aller sur cette patrouille-là et puis l’officier qui était en charge me dit : ‘’Non, non, toi tu ne viens pas. ‘’Tu viens juste d’arriver ici et tu n’as pas assez d’entrainement pour aller sur cette patrouille-là. Tu vas aller sur un outpost c’est tout! ” C’était un lieutenant, je ne me rappelle pas de son nom, mais je l’ai dans ma serviette par exemple. Il s’est fait tuer pas longtemps après. La patrouille du 23 juin c’est lui qui commandait cette patrouille-là. Il est mort dans une patrouille du 19 août (19)52. C’était un petit lieutenant tout jeune, un petit blond. Ça venait de l’Île-du-Prince-Édouard, je pense, dans ce coin-là, des maritimes. Et puis là, les gars ont passé, et puis normalement, nous autres, quand on sortait une patrouille c’était 12-15 hommes. 12-15 hommes c’était une grosse patrouille. Mais là ils étaient 30. Et moi je les voyais passer à une certaine distance. Tabarouette! J’ai dit :’’Il y a un gros pèlerinage à soir!’’. À tous les gars qui passaient, je leur faisais une blague. Parce qu’ils se trouvaient à passer à côté de notre “outpost’. Et puis là, ils s’en sont allés. La mission était qu’ils se rendaient jusqu’aux lignes ennemies. Ils allaient chercher un ou deux prisonniers. Alors là, ils devaient se rendre directement dans le front ennemi si on veut. Alors quand ils sont arrivés là, aussitôt qu’ils sont tombés à la vue de l’ennemi, ils ont tiré dessus. Ces espèces de grenades qu’ils avaient sur eux autres, qu’ils tiraient avec une arme. Je ne sais pas comment ils appelaient ça (carabines lance-grenades). C’est là qu’on a perdu, j’ai les noms dans ma serviette, mais la mémoire, ça en demande beaucoup. Il y avait un Chinois Canadien, c’est un gars qui avait fait toute la 2ieme Guerre (mondiale) avec le 22e régiment (Royal 22e Régiment). Il avait fait toute la campagne d’Italie (1943-1945). Comment il s’appelait? En tous cas, je vous donnerai le nom tantôt. Après ça, lui est mort. Georges Tremblay est mort. Après ça, Paul Dugal lui a été fait prisonnier. En fin de compte la patrouille une fois que tout ça, s’est fait. En fin de compte ils n’ont pas été capables de sortir de Chinois. Parce que là, ils se sont fait prendre par des Chinois et ils se sont fait tirer dessus. Ils ont pu trainer ceux qui sont morts, mais Dugal, ils ne l’avaient pas trouvé. Et puis quand ils sont revenus, le lieutenant est passé à côté du outpost. Il y en avait 2-3 qui étaient plus loin de la patrouille. Ils sont arrêtés au outpost et ils ont dit : ‘’Nous, on remonte en haut. On va essayer de retrouver Dugal. On est certain qu’il n’est pas mort, on ne l’a pas trouvé’’. Mais là, on n’avait pas d’ordres du lieutenant, le lieutenant était remonté au bataillon lui là. Moi je voulais bien y aller pour ne pas passer pour un jaune. Mais j’ai dit : ‘’On n’a pas d’ordre d’aller là s’il arrive quelque chose’’. Pas de danger, en fin de compte on a remonté et il commençait à faire clair. Il commençait à faire clair, quand on est arrivé proche des lignes (chinoises). Quand tu vois l’ennemi, que tu vois les gars qui se promènent dans la tranchée, tu es pas mal proche. On a fouillé partout dans les broussailles et dans les branches, ces affaires-là. Probablement, c’est une hypothèse, mais il a été blessé, et puis il s’est trainé quelque part, en pensant d’essayer de revenir de notre côté, mais il s’en est allé de l’autre bord. Pis eux autres naturellement ils l’ont fait prisonnier. C’est le premier Canadien qui a été rendu à Panmunjom quand ils ont fait l’échange de prisonniers (au lendemain de la signature d’un cessez-le-feu, le 27 juillet 1953). Il a été 13 mois prisonnier, Paul Dugal. Ne jamais oublier Ça c’est dur, c’est ça qui va être le plus pognant. Parce que rien que d’en parler, on vient qu’on a le moton. J’aime mieux pas pensé à ça. Parce qu’il y a des gars qu’on connait. Des jeunes pareils comme moi qui sont restés là. Pourquoi moi je m’en suis venu et pas eux autres. J’ai même refusé de retourner en Corée à cause de ça. Pas été capable d’aller voir le cimetière des Nations-Unies qu’il y a là. Excusez-moi, ça va se placer.