Project Mémoire

Rita Nora March Turney

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
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Rita March à Saint-Jean, Terre Neuve, le 10 août 2010.
L'Institut Historica-Dominion
Ce fut un moment assez effrayant, quand vous êtes dans l’obscurité et que vous entendez juste la terre qui vous tombe dessus, et un gros boum.
La Grande-Bretagne ne s’en sortait pas très bien en 1941. Et ils parlaient de faire en sorte que les femmes, vous savez, qu’elles s’engagent. Alors je me suis portée volontaire. Et on remplaçait les hommes pour les emplois antiaériens. Pas sur les canons, mais sur d’autres emploi quelque part dans le poste de commandement. J’ai été formée à ce qu’on connait aujourd’hui sous le nom de radariste. Ça s’appelait le pointage du canon. On choisissait la cible en l’air, un avion ou quoique ce soit d’autre et ça revenait sur nous. Alors on avait deux endroits : on avait un émetteur et un receveur ; deux qui ressemblaient à des petites huttes comme des poulaillers avec des antennes à l’extérieur, et ça renvoyait les signaux. Quand les bombes volantes (les V1) ont commencé à venir, c’était une bombe qui avait des ailes et avec un moteur à réaction dessus. Et les réacteurs, c’était nouveau. Alors elles arrivaient bien plus vite que les avions et elle se reconnaissaient facilement à cause de la vitesse à laquelle elles arrivaient sur nous. Alors quand on en a entendu parler pour la première fois, ils ne savaient pas ce que c’était ; et finalement, ils ont décidé de nous installer sous la tente dans le Kent dans un mouvement circulaire pour les empêcher d’arriver sur Londres. Et on a fait ça et on a fait un barrage là-bas. Il y avait un bon nombre de positions antiaériennes là-bas. Et on les empêchait d’arriver jusqu’à Londres, et ensuite ils nous ont mises en bas sur la côte sud. En fait, on était à Hastings ; et on les empêchait d’arriver sur la côte. Donc il y avait, après coup vous pouviez voir sur la carte qui montrait toutes celles qui avaient été descendues avant de faire le moindre dégât. Et elles pouvaient juste venir. Elles pouvaient arrêter le moteur et elles pouvaient tomber comme n’importe quelle autre bombe, ou elles pouvaient faire une quarantaine de kilomètres avant de tomber. Alors un fois qu’il était coupé, les gens attendaient simplement qu’elle explose. C’était très éprouvant pour les nerfs. On en a vu des tas. Comme on était sous la tente juste à l’extérieur de Tunbridge Wells, on a eu une bombe volante qui, elle est arrivée dans le champ juste en dessous là où les canons se trouvaient et a manqué de peu l’ensemble des munitions disposées en demi-cercle autour des canons. Et dans d’autres, elles sont venues dans le champ derrière nous où se trouvaient les tentes et elles ont détruit quelques unes des tentes. Beaucoup de terre nous est tombé dessus comme de la pluie. Ce fut un moment assez effrayant, quand vous êtes dans l’obscurité et que vous entendez juste la terre qui vous tombe dessus, et un gros boum. Je n’ai jamais vu quelqu’un de blessé ou rien de ce genre. Il ne s’est jamais rien passé de dangereux on peut dire. Personne n’a reçu une bombe dans le secteur où j’étais ; et personne n’a été blessé. J’admirais les Spitfires (avion de chasse monoplace). Quand on était là-bas à Hastings, on avait des machines plus sophistiquées à ce moment-là ; et les canons en fait étaient branchés sur les pointages de canon. Alors on disait là où il y avait un avion et ça pointait le canon là-bas. Et on avait plus de cibles abattues en fait, de destruction en vol. Et on sortait, quelquefois ils nous interrompaient et ils disaient les Spitfires vont prendre le relai; et on sortait et on les regardait. Et les Spitfires arrivaient, et ils allaient sous l’aile de la bombe et la faisaient basculer sur le dos, et tiraient les balles dans la bombe et la faisaient exploser, et passaient à travers. J’étais une grande admiratrice des pilotes de Spitfires. Ils étaient merveilleux.