Project Mémoire

Robert Eugene Breau

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
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Robert Eugène Breau à Miramichi, Nouveau Brunswick, le 25 novembre 2009.
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Mais vous vous sentez un peu mal quand vous croisez quelqu’un qui était là-bas et il vous voit avec votre médaille de volontaire et tout ça et qu’il se demande pourquoi vous n’étiez pas en Allemagne.

J’avais 15 ans quand la guerre a éclaté. La raison pour laquelle j’y suis allé, c’est que je voulais en faire partie et y aller avec tous les autres garçons. Et il y en avait beaucoup dans le coin que je connaissais et certains étaient plus vieux que moi et d’autres étaient plus jeunes. Mais il y a plein de gars de mon entourage, ils se sont faits tuer là-bas, mais ils voulaient y aller, il n’y avait pas de travail à ce moment-là et tout le monde voulait se faire un peu, gagner quelques dollars. Ils voulaient acquérir de l’expérience et aller là-bas pour voir ce qui s’y passait et j’ai été très déçu. Depuis le moment de notre arrivée, ils ne nous ont pas fait aller là-bas, on a fait le voyage par bateau et ils ne nous y ont jamais emmenés. On a fait notre entraînement là-bas à Aldershot, il y avait une unité de dépôt en Angleterre. Ils ne nous ont jamais emmenés. J’étais très en colère parce que les autres gars qui étaient avec moi sur la côte Nord, ils ont demandé, « Pourquoi vous ne nous faites pas aller là-bas ? » Et ils ont répondu « On a assez de renforts pour le moment. » Mais je pense qu’ils nous gardaient là exprès. Ils craignaient une invasion, que l’Allemagne envahisse l’Angleterre je pense, je pense que c’est la raison pour laquelle ils nous gardaient aussi nombreux à cet endroit. Et il y avait un nombre impressionnant de troupes là-bas. Mais on a jamais pu savoir quoi que ce soit. Ils ne vous disent rien du tout, tout est secret quand vous êtes dans l’armée.

Alors d’ici à ce que j’arrive là-bas au mois de mars 1943, en mars 1943, quand je suis allé là-bas, on est arrivés là-bas en janvier, février, mars. On a débarqué à Greenock en Ecosse. Bigre, ce que c’est beau. L’herbe est verte, seulement belle et verte au mois de mars. Le bateau était arrimé au large dans la Manche [nord], c’est ça, la Manche. Et ils nous ont conduits à terre dans des petits bateaux. Des petits bateaux sont venus nous chercher et on était cinquante ou soixante à bord, je ne me souviens plus. Mais la raison pour laquelle le bateau mouillait là, il y avait des raids aériens et c’était le chaos et les allemands pouvaient toujours leur tomber dessus. Il y avait tellement de bombardements à Southampton, impossible de s’arrêter, ils ne pouvaient pas jeter l’encre par là. Et on a pris une autre route ou quelque chose comme ça.

Oh, c’était une pagaille épouvantable par là. Et à l’extérieur aussi, un nombre de bombardements inouï et des bombardiers V2 là-bas. Et ils avaient seulement, c’était incroyable, vous ne pouvez pas y croire à moins de l’avoir vu de vos yeux vu. Le trou que ça avait fait, il y avait deux tonnes d’explosifs là-dedans – c’était un très très gros truc. C’était en 1944 je crois. Oui 1944. Je n’arrive pas à me rappeler de quel mois. Mais on était, on était en permission là-bas à Londres, on avait une semaine de perm et on était dans le métro. Le lendemain matin on sort du métro, et il y avait un V2 posé dans Trafalgar Square – c’est vrai là où le roi et la reine vivaient, hein. Il était tombé juste là et il avait, il devait voler très bas parce qu’il avait touché cette petite tour et elle s’était détachée de l’immeuble mais il n’a jamais explosé. Pourquoi ? Je ne sais pas, personne n’a su je présume. Il y en qui ont raconté des histoires à ce propos, ils ont dit qu’ils devaient savoir qu’il allait se poser là alors ils l’avaient désarmé ou quelque chose comme ça. Qui sait ? Mais j’ai dit à un des gars qui ne l’avait même pas vu, mais j’avais mon nom dessus, et les trois potes avec qui j’étais en perm aussi et on a tous mis notre nom dessus et notre adresse et tout. On puis n’en a plus jamais entendu parlé.

Il n’y avait que deux personnes à qui j’en ai parlé qui étaient au courant. Et si racontez ça à quelqu’un ils pensent que vous êtes un menteur. Je ne peux pas mentir alors que j’ai vu ça, ce n’était pas un rêve ou quelque chose comme ça. Mais ce truc, il n’y avait personne aux commandes. Il était arrivé là tout seul.

Et on a fait beaucoup de tours de garde. On était de garde ici et là et partout où ils voulaient. Et ensuite ils nous ont mis dans une escouade anti-émeute. On s’est entraînés, on s’est entraîné avec l’escouade anti-émeute. On a travaillé dur à l’entraînement, au cas où il y ait une émeute ou autre, la guerre était partout. Ils avaient peur qu’il y ait des émeutes et tout. Mais c’était très calme. Si tout le monde, tout le monde faisait la fête et tout ce qu’ils voulaient c’était faire une bringue d’enfer. On ne savait pas ce qui se passait, on ne savait pas que la guerre était terminée. Et on s’est levé ce jour-là en se demandant ce qui se passait, avec les cloches qui sonnaient et tout ça. Tout le monde avait l’air heureux. Les gens là-bas, avec les allemands qui les avaient bombardés de manière épouvantable et ils avaient vécu des choses horribles, plus de nourriture et leur vie c’était terrible avec tout ce qui s’était passé. J’étais toujours à Aldershot. Ils m’ont gardé là, pour dieu sait quelle raison.

Et probablement une vingtaine des gars avec qui j’était parti là-bas, mais ceux qui, les autres qui étaient avec nous à l’entraînement là-bas, et ils étaient juste là. Alors quand on a débarqué juste après, ils, ils sont partis en Allemagne et nous on l’avait mauvaise parce que on n’y est pas allé. Et on a demandé pourquoi et ils ont répondu « Parce qu’il y a assez de renforts sur la côte Nord. » Mais on voulait tellement y aller et bon on était arrivé jusque là, on était là-bas de toute façon et on a seulement, on n’y est pas allé. Mais vous vous sentez un peu mal quand vous croisez quelqu’un qui était là-bas et il vous voit avec votre médaille de volontaire et tout ça et qu’il se demande pourquoi vous n’étiez pas en Allemagne. Ben, c’était pas notre faute. Je voulais y aller. Je m’étais porté volontaire pour y aller – n’importe où. Mais je suis allé partout où ils m’ont envoyé et ça ne sert à rien de demander d’aller n’importe où parce qu’ils ne vous envoyaient pas à moins qu’il le décide eux-mêmes.

J’avais 15 ans quand la guerre a éclaté. La raison pour laquelle j’y suis allé, c’est que je voulais en faire partie et y aller avec tous les autres garçons. Et il y en avait beaucoup dans le coin que je connaissais et certains étaient plus vieux que moi et d’autres étaient plus jeunes. Mais il y a plein de gars de mon entourage, ils se sont faits tuer là-bas, mais ils voulaient y aller, il n’y avait pas de travail à ce moment-là et tout le monde voulait se faire un peu, gagner quelques dollars. Ils voulaient acquérir de l’expérience et aller là-bas pour voir ce qui s’y passait et j’ai été très déçu. Depuis le moment de notre arrivée, ils ne nous ont pas fait aller là-bas, on a fait le voyage par bateau et ils ne nous y ont jamais emmenés. On a fait notre entraînement là-bas à Aldershot, il y avait une unité de dépôt en Angleterre. Ils ne nous ont jamais emmenés. J’étais très en colère parce que les autres gars qui étaient avec moi sur la côte Nord, ils ont demandé, « Pourquoi vous ne nous faites pas aller là-bas ? » Et ils ont répondu « On a assez de renforts pour le moment. » Mais je pense qu’ils nous gardaient là exprès. Ils craignaient une invasion, que l’Allemagne envahisse l’Angleterre je pense, je pense que c’est la raison pour laquelle ils nous gardaient aussi nombreux à cet endroit. Et il y avait un nombre impressionnant de troupes là-bas. Mais on a jamais pu savoir quoi que ce soit. Ils ne vous disent rien du tout, tout est secret quand vous êtes dans l’armée.

Alors d’ici à ce que j’arrive là-bas au mois de mars 1943, en mars 1943, quand je suis allé là-bas, on est arrivés là-bas en janvier, février, mars. On a débarqué à Greenock en Ecosse. Bigre, ce que c’est beau. L’herbe est verte, seulement belle et verte au mois de mars. Le bateau était arrimé au large dans la Manche [nord], c’est ça, la Manche. Et ils nous ont conduits à terre dans des petits bateaux. Des petits bateaux sont venus nous chercher et on était cinquante ou soixante à bord, je ne me souviens plus. Mais la raison pour laquelle le bateau mouillait là, il y avait des raids aériens et c’était le chaos et les allemands pouvaient toujours leur tomber dessus. Il y avait tellement de bombardements à Southampton, impossible de s’arrêter, ils ne pouvaient pas jeter l’encre par là. Et on a pris une autre route ou quelque chose comme ça.

Oh, c’était une pagaille épouvantable par là. Et à l’extérieur aussi, un nombre de bombardements inouï et des bombardiers P2 là-bas. Et ils avaient seulement, c’était incroyable, vous ne pouvez pas y croire à moins de l’avoir vu de vos yeux vu. Le trou que ça avait fait, il y avait deux tonnes d’explosifs là-dedans – c’était un très très gros truc. C’était en 1944 je crois. Oui 1944. Je n’arrive pas à me rappeler de quel mois. Mais on était, on était en permission là-bas à Londres, on avait une semaine de perm et on était dans le métro. Le lendemain matin on sort du métro, et il y avait un P2 posé dans Trafalgar Square – c’est vrai là où le roi et la reine vivaient, hein. Il était tombé juste là et il avait, il devait voler très bas parce qu’il avait touché cette petite tour et elle s’était détachée de l’immeuble mais il n’a jamais explosé. Pourquoi ? Je ne sais pas, personne n’a su je présume. Il y en qui ont raconté des histoires à ce propos, ils ont dit qu’ils devaient savoir qu’il allait se poser là alors ils l’avaient désarmé ou quelque chose comme ça. Qui sait ? Mais j’ai dit à un des gars qui ne l’avait même pas vu, mais j’avais mon nom dessus, et les trois potes avec qui j’étais en perm aussi et on a tous mis notre nom dessus et notre adresse et tout. On puis n’en a plus jamais entendu parlé.

Il n’y avait que deux personnes à qui j’en ai parlé qui étaient au courant. Et si racontez ça à quelqu’un ils pensent que vous êtes un menteur. Je ne peux pas mentir alors que j’ai vu ça, ce n’était pas un rêve ou quelque chose comme ça. Mais ce truc, il n’y avait personne aux commandes. Il était arrivé là tout seul.

Et on a fait beaucoup de tours de garde. On était de garde ici et là et partout où ils voulaient. Et ensuite ils nous ont mis dans une escouade anti-émeute. On s’est entraînés, on s’est entraîné avec l’escouade anti-émeute. On a travaillé dur à l’entraînement, au cas où il y ait une émeute ou autre quand la guerre éclatait, la guerre était partout. Ils avaient peur qu’il y ait des émeutes et tout. Mais c’était très calme. Si tout le monde, tout le monde faisait la fête et tout ce qu’ils voulaient c’était faire une bringue d’enfer. On ne savait pas ce qui se passait, on ne savait pas que la guerre était terminée. Et on s’est levé ce jour-là en se demandant ce qui se passait, avec les cloches qui sonnaient et tout ça. Tout le monde avait l’air heureux. Les gens là-bas, avec les allemands qui les avaient bombardés de manière épouvantable et ils avaient vécu des choses horribles, plus de nourriture et leur vie c’était terrible avec tout ce qui s’était passé. J’étais toujours à Aldershot. Ils m’ont gardé là, pour dieu sait quelle raison.

Et probablement une vingtaine des gars avec qui j’était parti là-bas, mais ceux qui, les autres qui étaient avec nous à l’entraînement là-bas, et ils étaient juste là. Alors quand on a débarqué juste après, ils, ils sont partis en Allemagne et nous on l’avait mauvaise parce que on n’y est pas allé. Et on a demandé pourquoi et ils ont répondu « Parce qu’il y a assez de renforts sur la côte Nord. » Mais on voulait tellement y aller et bon on était arrivé jusque là, on était là-bas de toute façon et on a seulement, on n’y est pas allé. Mais vous vous sentez un peu mal quand vous croisez quelqu’un qui était là-bas et il vous voit avec votre médaille de volontaire et tout ça et qu’il se demande pourquoi vous n’étiez pas en Allemagne. Ben, c’était pas notre faute. Je voulais y aller. Je m’étais porté volontaire pour y aller – n’importe où. Mais je suis allé partout où ils m’ont envoyé et ça ne sert à rien de demander d’aller n’importe où parce qu’ils ne vous envoyaient pas à moins qu’il le décide eux-mêmes.