Project Mémoire

Robert Fletcher

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Robert Fletcher
Robert Fletcher
Page d'opérations provenant du carnet de bord de Robert Fletcher, 1943.
Robert Fletcher
« On me demandait ce que je faisais dans le daddy’s crew, mais je n’ai jamais pu leur répondre. Il disait toujours : ‘’J’étais capitaine de l’avion mais c’est lui qui me disait quoi faire’’. Je crois donc qu’on appréciait mon boulot. »

Mon frère aîné était dans l’armée, il est allé en Italie. Le bateau qui l’emmenait là-bas avait été coulé et il y avait eu un truc publicitaire qui disait que j’avais fait un amerrissage forcé dans la Méditerranée. Et j’ai découvert qu’il était en Italie parce qu’il avait écrit une lettre à nos parents dans laquelle il disait qu’il avait pris un bain dans la même baignoire que moi. Je n’avais pas la moindre idée de ce que ça voulait dire. Pas jusqu’à ce que je sois de retour à la maison. Et chose étonnante, c’est un de mes amis qui avait fait l’amerrissage forcé.

Et je pensais que piloter un bombardier était pire que de conduire un camion. Et au moins les cours que je prenais, c’était très dur. Et je les ai choisis. J’aurais pu être pilote mais j’ai choisi de ne pas l’être. La manière dont je voyais les choses, n’importe qui pouvait faire voler un avion mais pas n’importe qui pouvait s’occuper de la navigation. Et j’ai découvert bien plus tard que c’était le pilote à qui on attribuait tout le mérite d’avoir bombardé cette cible-ci, cette cible-là et l’autre. Le navigateur était à l’intérieur de l’avion, ne pouvait pas voir à l’extérieur mais c’était lui qui les faisait arriver là où elles arrivaient.

Et bien, beaucoup plus tard dans la vie, bon, mon pilote a été marié pendant 50 ans. Il vivait à Lindsay et j’étais ici. D’une manière ou d’une autre, et je ne sais pas comment j’ai découvert ça, mais j’ai découvert qu’ils organisaient une grande fête. Alors je suis allé à Lindsay, suis allé à l’église et j’ai trouvé où sa, où avait lieu sa fête. J’étais censé avoir une invitation mais je n’en avais pas. Et le prêtre a dit : « Bon, puisque c’était votre pilote, suivez-moi. » Et il avait sept enfants que j’ai rencontré un par un. Et chacun d’eux m’a posé la même question : « Qu’est-ce que vous faisiez dans l’équipage de mon père ? » Et je n’ai jamais eu l’occasion de répondre, pas une seule fois. Il disait toujours : « J’étais le capitaine de l’avion et il me disait quoi faire. » Alors je crois que j’étais apprécié.

Ma période pendant la guerre c’était du genre « La Comédie des erreurs ». En plus comme je vous l’ai dit, je me suis engagé un vendredi 13 et officiellement, c’était le 12. J’ai été nommé officier le 18 décembre et sur mon certificat c’est marqué que j’ai été nommé officier le 18ème jour du mois de février de l’année 1900. Maintenant, ils ont bien identifié l’année parce que c’était au moins, j’ai oublié, la septième année du règne du roi George ou quelque chose comme ça. Et puis quand on a eu fini notre entraînement, nous sommes partis à Oxford pour aller chercher un avion. On nous avait dit verbalement de l’amener à un aéroport près de Land’s End. De là, on nous a dit, verbalement encore une fois, de l’amener à Fez au Maroc. On nous a dit de vive voix de l’amener dans un aérodrome en Tunisie, dans l’est du pays, à un endroit qui s’appelait Temmar je crois, T-E-M-M-A-R. Et nous n’avions pas d’escadron. On nous envoyait n’importe où, vraiment. Et puis on nous a demandé ce qu’on faisait là et on leur a dit, et ils ont dit : « Oh, et bien, puisque vous êtes un équipage de bombardier, il y a des quantités d’escadrons de Wellington ici, descendez en direction de Zeus et quand vous voyez son escadron, atterrissez là pour voir s’ils veulent de vous. » Et c’est un escadron de la Royal Air Force qui nous a gardés.

Plus tard, on a rendu visite à un des escadrons canadiens et toutes les huiles et tous les pilotes canadiens connaissaient mon pilote, alors il nous a fallu changer et aller dans un escadron canadien. Et bien, un tour là-bas c’était du gâteau. Vous survoliez la Méditerranée, il n’y a pas d’armes, pas de chasseurs ou quoique ce soit d’autre là-bas. Alors on volait jusqu’à une cible et on était au-dessus du territoire ennemi pendant une quinzaine de minutes au cours d’une opération. C’était comme de voler à l’entraînement. Quand j’étais à Bournemouth, j’ai rencontré une famille là-bas, le mari, la femme et la fille, une dizaine d’années ou quelque chose comme ça. Et ils faisaient leur affaire de s’occuper des équipages de l’armée de l’air canadienne. S’ils faisaient une fête spéciale, n’importe laquelle, s’ils n’avait personne qui logeait chez eux à ce moment-là, ils descendaient en ville pour trouver des équipages canadiens. Et j’étais chez eux pour Noël en 1943. Et ils m’avaient demandé d’aller en ville et de leur ramener cinq officiers canadiens.

Bob m’y a emmené. Il était épicier et inapte pour le service. Il m’a conduit en ville et a vu des uniformes qu’il n’avait jamais vu auparavant. Il m’a demandé ce qu’ils représentaient et je lui ai dit que c’était la division du service féminin de l’armée de l’air canadienne. Et il s’est arrêté un moment et il a dit : « Je vais changer tes ordres, deux de celles-ci et trois des autres. » Alors il m’a laissé sortir et, bon, les filles voyageaient toujours en groupe et c’est assez dur d’en prendre que deux sur les 20, alors j’ai décidé que dès que j’en verrai deux ensemble je leur demanderai. Et ce qui rend cette histoire mémorable c’est que j’ai demandé au premier groupe de deux venu, et la fille qui s’est retournée je la connaissais depuis toujours. Ce n’est pas une chose qu’on oublie.