Project Mémoire

Robert Gordon Bob"" Johnny Johnson

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Robert Johnson
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Photo de Robert Johnson provenant de son carnet de vol des Forces Royales Aériennes Canadiennes (RCAF), vers 1944.
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Boussole utilisée par Robert Johnson en Birmanie.
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Gratitude adressée à Robert Johnson le 1er juin 1944.
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Lettre envoyée par Robert Johnson à son épouse Shirley le 8 février 1945. Cette lettre détaille l'évasion du Japon après avoir été descendu en Birmanie.
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Seconde partie de la lettre envoyée par Robert à son épouse Shirley Johnson le 8 février 1945.
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que j’avais été touché et à ce moment-là j’étais en train de brûler et donc que je quittais l’avion et il a dit : « Bonne chance mon vieux ! »

Je m’appelle Robert Gordon Johnson. En premier j’étais dans l’armée de terre pendant un peu plus d’un an, après quoi j’ai obtenu d’être libéré de mes obligations dans l’armée de terre en raison de mon engagement dans l’armée de l’air, ce que j’ai fait en, voyons voir, ça devait être à peu près vers le jour de l’an 1940. J’ai été affecté outre-mer. Les choses n’étaient pas tellement actives. La Bataille d’Angleterre venait de se terminer et donc il n’y avait pas de gros besoins en ce qui concerne les pilotes. Ils avaient fait, avaient eu le temps de faire tous les remplacements, alors je n’ai pas eu d’affectation immédiatement. Mais à peu près quatre semaines plus tard, ils ont demandé s’il y avait en avait parmi nous qui étions là à ce moment-là, les pilotes, pilotes d’avion monomoteurs, s’il y en avait parmi nous qui voulaient se porter volontaires pour un service outre-mer. Et bien, j’ai pensé que le Moyen Orient était en train de craquer à ce moment-là et on s’attendait à se retrouver au Moyen Orient. Mais ce ne fut pas la cas.

Dix-sept d’entre nous pilotes d’avions monomoteur se sont présentés et on a tous été postés. On ne savait pas ça. On ne nous avait pas dit où on allait, mais on, après moins d’une journée en mer ou à peu près, on a appris qu’on allait en Extrême Orient. Et un autre gars et moi-même étions affecté au 28ème escadron de la RAF et on allait servir dans les rangs de la RAF sans avoir vraiment de contacts du tout avec la branche canadienne de l’armée de l’air. Mais on a commencé les opérations immédiatement et je me suis retrouvé à Imphal [Inde] et l’autre gars s’est retrouvé dans la vallée d’Imphal.

On ne volait que sur des Hurricanes. C’est un chasseur monoplace. Comme armes on avait, ça variait juste un petit peu, mais principalement quatre canons, des canons de 20 mm. Nos tâches variaient à la demande, et on a fait pas mal de vols de reconnaissance pure. C'est-à-dire, rechercher l’ennemi, les japonais, strictement les japonais, et leurs mouvements, pour déterminer leurs mouvements et leurs munitions, ou quoi que ce soit qu’ils déplaçaient, et de leur tirer dessus si on jugeait bon de le faire. Et à d’autres moments on faisait de la prise de vue aérienne.

Généralement, on allait par deux, deux avions. L’avion leader faisant la reconnaissance de fait, et le numéro deux et un autre, le second dans la formation, surveillant le ciel ou les attaques aériennes contre nous, vous voyez. Mais leurs avions de chasse étaient des monomoteurs. Ils étaient très bons. Un peu plus rapides que nous, et un peu plus faciles à manœuvrer par moments. Et, mais on devait leur prêter vraiment attention parce qu’ils étaient plus rapides que nous.

Voler en formation de deux, on ne traînait pas et on était pas bloqués par une demi-douzaine d’avions ou plus. Il fallait vous battre pour vous sortir de la situation dans laquelle vous vous étiez mis quelle qu’elle soit et puis rentrer chez vous. Et pour échapper à l’avion, voler à basse altitude et à toute vitesse, à travers les broussailles et au milieu des arbres et pour leur échapper, vous voyez.

Nos pertes étaient, je dirais, raisonnablement lourdes. Il y avait, ce n’était pas tous les jours qu’on avait personne qui se faisait descendre mais, très souvent, s’ils ne rentraient pas vous ne les revoyiez jamais. Ils disparaissaient tout simplement dans la jungle comme ça. Et votre numéro deux devait certainement avoir à lui échapper pour rentrer.

Et j’ai fait une sortie longue distance, j’étais commandant du vol à ce moment-là et j’étais en train de former, j’étais sur le point de faire rentrer un nouveau pilote dans notre escadron et c’était un pilote très expérimenté, mais il n’avait jamais fait de vols opérationnels. Et on nous avait donné un travail à faire, un travail de reconnaissance, assez loin de là. Je crois que j’étais dans les deux cents kilomètres de la base pour faire une sortie et trouver des renseignements sur les routes qui servaient aux mouvements des japonais et tout ce qu’on pouvait trouver d’utile à leur sujet. Et j’ai trouvé une vedette fluviale rivière de taille conséquente sur la rivière Irrawaddy [Birmanie] et mon numéro deux, on volait à basse altitude le long de la Irrawaddy, 25 pieds au dessus de la rivière environ et en haut d’un petit cours d’eau, j’ai jeté un coup d’œil sur le bateau qui recevait un chargement et je n’ai pas eu le temps d’appeler mon numéro deux. Et j’ai poussé par là et j’ai pris un instantané de ce bateau en train de charger du carburant et des barils de pétrole. On avait des appareils photos installés sur notre avion et je faisais un demi-tour assez raide autour du mât de cette chose, en prenant des photos avec mon appareil quand j’ai été touché par un tir de DCA et tout à coup il y a eu deux booms et il y avait un trou entre mes pieds et un autre en haut derrière le tableau de bord et j’ai soudain compris que je perdais… Bon, à la suite de ça, j’allais devoir descendre.

Et à ce moment-là on était à peu près à trois cents kilomètres de notre base. Alors j’ai réussi à prendre un petit peu là, prendre un petit peu d’altitude avant que mon kite commence à surchauffer et, je suis juste allé de l’autre côté de la Irrawaddy et à partir de là, j’ai pu contacter mon numéro deux par radio, et je lui ai dit que j’étais forcé de sauter, que j’avais été touché et à ce moment-là j’étais en train de brûler et donc que je quittais l’avion et il a dit : « Bonne chance mon vieux ! » Ce sont les dernières paroles que je l’ai entendu prononcer. Mais quoiqu’il en soit, j’ai bel et bien sauté et j’étais à basse altitude, assez basse, et j’ai réussi à atterrir sans dommage. Et j’ai immédiatement abandonné mon parachute et attrapé mon kit de survie et j’ai commencé à courir. Et j’ai été pourchassé, oh, bon, tout de suite on m’a pourchassé, mais j’avais au moins 150 mètres d’avance. Et je me suis débrouillé pour me cacher dans un buisson situé dans une fissure dans le sol et au dessus de laquelle il y avait de la broussaille. J’ai plongé là dedans et suis resté sans bouger et ils sont arrivés mais n’ont pas réussi à me trouver. Et il était dans les 9 heures du matin, et j’ai passé toute la journée et il faisait nuit depuis deux heures, quand je suis sorti enfin et que je suis parti de cet endroit.

Et puis j’ai finalement décidé que j’allais marcher de nuit mais pas de jour. Alors j’ai fait des plans et bon, j’avais de bonnes cartes avec moi et j’ai décidé de marcher la nuit et alors j’ai marché de nuit pendant les 23 nuits qui ont suivi. Mais je m’en suis sorti. On m’a renvoyé dans mon unité, mais à peine quelques jours plus tard, on m’a donné l’ordre d’aller des escadrons dans cette partie de la Birmanie, pour raconter mon histoire et comment survivre dans la jungle.

J’ai vraiment beaucoup aimé voler. Alors j’ai beaucoup apprécier cette partie là. Ce n’est jamais drôle de tirer sur des gens, mais vous devez le faire. Et à cause de la façon dont ils traitaient les nôtres, j’ai été plutôt assez content de le faire.