Project Mémoire

Robert Greg Bob Mason

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Bob Mason
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"Shades of Zwischenahn", un article écrit par Bob Mason à propos des derniers jours avant la fin de la guerre contre l'Allemagne.
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"Kapelsche What?" un article écrit par Bob Mason concernant la bataille de Kapelsche Veer.
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L’une des raisons qui expliquent que je sois toujours vivant, ce sont les tireurs d’élite ennemis. Quand ils voyaient un type avec une radio, ils se disaient ‘’Ça y est, c’est un officier de haut rang’’ et ils l’abattaient en premier.

Ils m’ont donné une médaille parce qu’ils pensaient que j’étais un héros. Ce qui s’est passé, c’est que le [Major-]Général Chris Vokes connaissait très bien Fred Wigle, le colonel de notre régiment [le Argyll and Sutherland Highlanders of Canada]. Et il se trouve que j’étais avec Fred quand il a été tué. Alors Vokes, le général, a dit, […] comme le quartier général a été anéanti, allez savoir ce que ça veut dire, c’est la première fois que j’étais au quartier-général, alors ils ont pris tous les gars qui n’avaient pas été tués et ils leur ont donné des médailles prestigieuses parce qu’ils étaient des héros. Blah. Si j’avais été tué, mais il se trouve que j’étais avec Fred Wigle quand il a été tué et il était quelqu’un d’important. Et ce n’est absolument pas parce que j’étais un héros. C’est parce que j’étais avec un héros.

C’est arrivé deux ou trois fois. Je portais une radio sur mon dos et d’habitude j’étais avec un officier et quand il voulait communiquer avec quelqu’un d’autre, il devait s’approcher de la radio. Et ce qui s’est passé, une des raisons pour lesquelles je suis assis ici aujourd’hui, c’est que les snipers solitaires ennemis, quand ils voyaient un gars avec une radio, ils se disaient, ah ah, un officier haut gradé ne doit pas être loin, alors ils lui tiraient dessus en premier. Devinez où était ce bon bougre de Bob? Il était couché là, par terre, en train d’essayer de creuser un trou pour se cacher. C’est la raison pour laquelle il est encore en vie.

Oh, et puis ces gars, ils prenaient beaucoup de plaisir à cribler ma radio de balles. J’aurais pu faire faire beaucoup d’économie au gouvernement si j’avais pu poser ma radio et me coucher dessus, ils n’auraient pas pu me la démolir. Ils m’auraient criblé de balles. Mais bon, ils s’en fichent de ça.

Un des gars avec qui j’étais, le Capitaine Day, c’était quoi encore son prénom? Sherman. Un des gars avec qui j’étais l’appelait constamment Sharon. En tout cas, Sherman Day s’était enrôlé dans l’armé, les gars qui faisaient de l’entraînement toutes les fins de semaine. Il était entré dans l’armée en 1929, 10 ans avant la guerre. Et il s’entraînait et il s’entraînait et il a fini par devenir mon capitaine. Il a été tué le 2 mai. Il a été tué le 2 mai et il avait été dans l’armée pendant, oh, 20 ans et il a été tué. C’était fini la nuit du 5 mai. La guerre était finie le 5 mai et il a été tué 2 jours avant. C’était affreux, affreux.

Bien sûr, on m’a demandé comment il a été tué et je ne le leur ai pas raconté parce qu’il a été tué par un des nôtres. Il y avait un buisson, un buisson épais autour du lac. Il y avait un bosquet où se trouvait la Compagnie C. Ils avaient des gardes tout autour et au milieu de la nuit on est sortis du buisson et ils ont pensé qu’on était des soldats allemands. Un des gars a réagi vivement, a tiré sur le premier gars et l’a tué, il l’a atteint en pleine poitrine. J’étais directement à côté du Capitaine Day; le deuxième gars n’était pas très bon tireur et il ne m’a pas touché du tout. Je ne sais même pas sur quoi il tirait. Peut-être qu’il ne tirait pas, je ne sais pas. Mais ce dont je suis sûr, c’est que je suis toujours là.