Project Mémoire

Robert John "Pick" Pickering

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Robert Pickering
Robert Pickering
Photo du HMCS <em>Kenogami</em> (K125), un navire canadien Flower-Class, 1944.
Robert Pickering
Robert Pickering
Robert Pickering
Monsieur Pickering à bord du <em>HMCS</em> Giffard en 1943.
Robert Pickering
Robert Pickering
Robert Pickering
Photo de Robert Pickering en 1943.
Robert Pickering
Robert Pickering
Robert Pickering
Photo prise le 8 mai 1945 à New York Harbour, l'ami de Monsieur Pickering tient le journal.
Robert Pickering
Robert Pickering
Robert Pickering
Monsieur Pickering est sur le sol après avoir été poussé du New York Harbour le 8 mai 1945.
Robert Pickering
J’ai dû passer une demi-heure dans l’eau à nager et tirer des gars jusqu’au bateau pour qu’ils puissent grimper sur le filet de sauvetage

On était juste en train de se préparer pour prendre notre quart à 11h30 du soir ils vous réveillent et à minuit, vous devez sortir et prendre la relève. Et environ dix minutes après minuit, il y a eu un grand boum et on a pensé qu’ils étaient en train de s’entrainer à larguer les grenades sous-marines et autre, mais on a vite découvert qu’une torpille avait frappé le NCSM Valleyfield sur le côté gauche. On n’était qu’à un demi mille derrière lui. Alors on s’est arrêtés et puis le capitaine a réalisé qu’il n’aurait pas dû s’arrêter ; et il a redémarré et fait demi-tour sur place, voir s’ils pouvaient attraper un ping (écho) provenant du sous-marin. Et comme il ne pouvait pas, il y avait trois autres bateaux là-bas, il les a appelés pour qu’ils reviennent et partent à la poursuite du sous-marin. Et on est retourner chercher les survivants qu’on pouvait trouver.

Et il y avait quelque chose comme 52 survivants, six d’entre eux étaient morts. Et il y avait un paquet de gars à bâbord qui récupérait les survivants et moi j’étais à tribord. J’ai enfilé ma bouée de sauvetage et j’ai mis la ligne d’attrape autour de moi attachée et il y avait un gars là-haut sur le pont qui venait de Chatham et il tenait l’autre bout de la corde et je lui ai demandé de ne pas lâcher prise. (rire) J’ai dû passer une demi-heure dans l’eau à nager et tirer des gars jusqu’au bateau pour qu’ils puissent grimper sur le filet de sauvetage. Et cet article avec la photo que le journal de Chatham a fait, quelqu’un lui a dit qu’on en avait remontés que deux, mais on a dû en remonter au moins une demi-douzaine. Comme je l’ai dit, il y en avait six qui étaient morts. Au lieu de les laisser là allongés sur le pont, ils, ils les avait mis dans une pièce qui était froide, alors ils les ont mis là et deux jours plus tard on a fait des funérailles. Et j’étais l’un des porteurs pour Mills, c’était son nom, un codeur (qui encodait et décodait les messages).

Et je me suis rendu compte que ce Mills vivait juste à côté de chez le cousin de mon grand-père à Cottam, près de Windsor. Et j’étais à Leamington pour faire un travail pour mon grand-père ; et cette voiture est montée dans l’allée. Cette femme et cette fillette sont sorties de la voiture ; et elle s’approche de moi et m’a dit, êtes-vous Bob Pickering ? J’ai répondu, oui m’dame. Elle m’a dit qui elle était ; et elle a dit, pouvez-vous me raconter ce qui s’est passé ? Alors il a fallu que je, ça a été la chose la plus dure que j’aie jamais faite, parler avec elle au sujet de son mari qu’elle avait perdu. Et j’ai dit, ça s’est trouvé comme ça que j’étais le porteur aux funérailles de ce gars. Alors je lui ai expliqué ce qui était arrivé, où ça s’était passé, et où il était inhumé et des choses comme ça. Et c’était la chose la plus dure que j’aie eue à faire, mais je n’ai jamais laissé ça me tracasser.

Et il n’y avait pas tant de gens que ça à Chatham qui était au courant, je ne pense pas, que j’étais un sauveteur. À part le fait que c’était dans le journal de Chatham. Et, bien sûr, les gens à l’époque, ils n’en pensaient pas grand-chose. Ce n’est pas comme maintenant, chaque fois qu’un soldat se fait tuer, ils font un grand défilé et tout le tintouin. On n’a jamais rien eu de tout ça. Évidemment en temps de guerre, vous aviez tendance à ne pas faire de bruit pour que les allemands n’aient aucune idée du nombre de gens qu’ils avaient tué. Mais pendant des années, personne n’a su que j’étais sur le NCSM Giffard.