Project Mémoire

Robert Roth

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Sauf qu’on n’aimait pas l’idée que des gens puissent tuer d’autres gens, et c’est pour cela que la plupart des militaires n’en parlent pas aujourd’hui. Ils se disent que c’est une façon terrible de régler les problèmes.

Je m’appelle Robert Roth. J’étais soldat dans l’armée. Je suis né à Forestburg, en Alberta, en 1919. Au début de mon entraînement, on m’a enseigné le tir et je me suis beaucoup exercé à tirer. C’est là que j’ai obtenu mes insignes de carabinier et mon titre de carabinier expert. J’étais le chauffeur du colonel. Je lisais aussi des cartes géographiques. Aussi, je prenais soin de ses vêtements, et je faisais attention à ce qu’il ne manque pas de nourriture et à ce qu’il puisse voir un prêtre quand il voulait en voir un. Il devait aller à divers endroits et c’est moi qui devais le conduire. Je trouvais ça plutôt intéressant.

Tous les soirs, des bombes volantes tombaient, certaines plus proches de nous que d’autres. On ne savait jamais où elles allaient tomber. Au début, je ne pouvais pas dormir à cause de ça, mais j’ai fini par m’y habituer. Le matin, on s’informait pour savoir où les bombes volantes étaient tombées. On a été contents quand le bombardement a cessé, on a pu traverser la Manche pas longtemps après ça. De l’avion, on apercevait les millions de trous et tous les dommages causés par les bombes. C’était assez effrayant parce qu’on ne savait pas à quoi s’attendre. Mais on s’y habituait. On pouvait voir tous les trous où des milliers et des milliers de bombes étaient tombées, et des édifices, des églises et des entrepôts, tous démolis.

Lorsqu’on était en Angleterre, on est allés à Londres plusieurs fois. On faisait la connaissance de quelques femmes, parce qu’elles connaissaient la place… À l’époque, je pense que c’était assez intéressant, sauf qu’on n’aimait pas l’idée que des gens puissent tuer d’autres gens, et c’est pour cela que la plupart des militaires n’en parlent pas aujourd’hui. Ils se disent que c’est une façon terrible de régler les problèmes.

Lorsqu’on est venus pour traverser le Rhin un jour, on a été retardés d’une journée. Les Allemands avaient fait sauter le pont. Alors, les ingénieurs alliés ont dû en construire un autre. On s’est demandé ce qui allait se passer une fois qu’on aurait traversé le fleuve, mais tout s’est bien passé. Mais je me souviens de ça parce qu’on s’attendait à avoir des ennuis. On était pas mal proches des Allemands à ce moment-là. À mesure qu’on avançait en Allemagne, on apercevait les fours où ils avaient tué tous les Juifs, mais autrement, on ne parlait pas beaucoup de ça.

Le retour au pays à bord du [Navire de sa Majesté] Queen Elizabeth a été vraiment agréable, comparativement à l’affreux navire qui nous amenés outre-mer, où tout le monde a été malade. C’était (le Queen Elizabeth) comme être dans un vrai paquebot. Il y avait de très bons repas et des lits au lieu de hamacs. Et de la bonne nourriture. Ils avaient une cantine où on pouvait s’acheter de la crème glacée et des tablettes de chocolat et… C’était vraiment très bien.