Project Mémoire

Robert Stirling

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Robert Stirling
Robert Stirling
Robert Stirling et son frère aîné, Cyril Stirling, en tant que gardes d'honneur pour la visite du roi et de la reine au Canada, à Victoria, Colombie Britannique, en 1939.
Robert Stirling
L'Institut Historica-Dominion
L'Institut Historica-Dominion
Robert Stirling, mars 2010.
L'Institut Historica-Dominion
« Nous sommes finalement arrivés à terre et ils ont abaissé la rampe d’accès. Puis je suis tombé à la renverse en trébuchant sur le dernier gros crampon de la rampe. »
Juste avant le jour J, ils ont bougé tout le monde dans les grandes tentes. Il y avait huit gars dans chaque tente à peu près, quatre de chaque côté. Et on était retenus à l’intérieur par des fils barbelés. Vous n’aviez pas le droit de sortir du tout, à moins d’avoir une permission spéciale et tout ça. Alors on est juste resté là-dedans pendant deux jours. Et pendant ce temps, tous les camions et les transports pour le ravitaillement étaient regroupés dans les différentes rues dans tout le sud de l’Angleterre. Tous les bateaux qui participaient au débarquement du jour J étaient là, groupés, partout. C’était incroyable. Je ne pourrais pas expliquer. C’était tout des bateaux de toutes les tailles et de toutes les sortes possibles et imaginables : des bateaux à vapeur et des ferries, des péniches de débarquement et des navires de guerre ; et des cuirassés et des croiseurs ; et tous les trucs du même genre. Je pense qu’il y avait dans les 7000 bateaux en tout qui ont participé à l’opération. C’était le soir avant qu’on commence. Nous sommes avons pris la mer et avons dépassé l’île de Wight et on est allés au lit, allés dormir, on a bavardé à propos de ceci et de cela et on disait, bon allez c’est encore un de ces plans qui va foirer, mais il n’a pas foiré. Et à 6 heures du matin ou aux alentours, ils ont réveillé tout le monde et ils ont distribué le déjeuner. J’ai en fait eu un sandwich à l’œuf pour le petit-déjeuner, c’était vraiment la fête. Et puis ils ont commencé à charger, en premier, les bâtiments d’assaut de débarquement, c’est ce que les tout premiers gars, les troupes, là où ils allaient et avec quoi ils allaient débarquer. Je crois qu’il y en avait sept ou huit ; et ils contenaient une trentaine de corps. Et ils sont partis environ une demi-heure je crois, vingt minutes, avant moi. On était à sept milles nautiques au large de la plage, alors vous ne pouviez pas voir ce qui se passait. Et on a finalement débarqué, ils ont fait basculer la rampe, et je suis allé pour sortir et je me suis pris le talon dans le dernier gros tenon au bout de la rampe et je suis tombé à la renverse. Et je devais tenir ma mitrailleuse Bren hors de l’eau. Et mon bras est passé à travers une glène de cordage que les marins faisaient remonter pour mettre à l’ancre la péniche de débarquement et à peine je me mettais debout que la glène suivante m’attrapait le bras. Je me suis retrouvé debout par terre, debout par terre quatre à cinq fois avant de pouvoir m’en extirper assez vite. Ouais j’ai finalement réussi à me relever. L’eau m’arrivait à peu près à, oh, ça faisait une trentaine de centimètres de profondeur ou plus là où on est descendus, ne savais pas. J’ai traversé la plage. J’étais avec le peloton de porte mitrailleuses et j’étais tireur de mitrailleuse Bren sur une chenillette. Mais il y avait tellement d’encombrements sur la côte parce que tout le monde se déchargeait de tout. Le reste du bataillon, à part la compagnie C qui y est allée avec les Royal Winnipeg Rifles, on a dû attendre aux environs d’une heure et demie, quelque chose comme ça. On a parcouru environ un kilomètre et demi à l’intérieur des terres, on s’est arrêtés et le colonel a rassemblé tous les officiers des différentes compagnies et les majors, pour donner les directives sur ce qu’ils allaient faire et tout ça. Et je n’ai pas pu aller où que ce soit avant que les chenillettes aient été déchargées, mais elles ne pouvaient pas sortir sur la plage à cause de tous ces encombrements. Alors on a attendu là pendant, pendant une cinquantaine de minutes je pense et ensuite on nous a dit, on ne fait pas de halte, vous avancez, avancez, avancez. On a passé 24 heures complètement réveillés. On n’a pas eu l’occasion de dormir. Et chaque fois que vous vous arrêtiez, vous deviez sortir. Ils nous donnaient des petites pelles et des pioches pour creuser un trou. Bon, s’ils ouvraient le feu sur vous avec de l’artillerie ou des mortiers, ou n’importe quoi, vous pouviez plonger dans le trou que vous aviez creusé. Des tranchées étroites on les appelait. Alors à chaque arrêt, peu importe où c’était, vous sortiez et vous commenciez à creuser. Parfois vous enleviez une pelletée or vous commenciez à peine et vous repartiez vers une autre, ailleurs, et vous recommenciez à creuser là-bas. Donc on a passé tout notre temps à nous précipiter de partout et à creuser dès qu’on pouvait. Bon, les compagnies au front combattaient sur les lignes pendant qu’on nous envoyait nous ici ou là, alors on n’a pas dormi du tout pendant les premières 24 heures.