Project Mémoire

Robin Dent Denny Denman

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Ron Wardell
Ron Wardell
Un soldat canadien près de la Zone Démilitarisée peu de temps après que l'Armistice ait été signée en juillet 1953.
Ron Wardell
Et ils avaient réussi à faire porter des kilts aux coréens. Je ne sais pas comment ils s’y sont pris, mais ils portaient les kilts du Black Watch et ces gars mesuraient en moyenne 1,42 mètres, nombre d’entre eux, alors ils étaient fiers comme Artaban.
Les soldats coréens (les Katcoms, Korean Augmentation to Commonwealth) qui étaient à (unités canadiennes, début en 1953), les canadiens se sont bien mélangés à eux. J’ai cru comprendre que ce n’était pas le cas pour certains régiments. Le peloton comprenait un mélange de soldats canadiens et coréens. Sans doute, moitié-moitié. Je pense que dans mon peloton on avait une douzaine de soldats canadiens et huit soldats coréens, ou huit ou dix soldats coréens. Alors c’était bien mélangé, complètement mélangé. Dans chaque peloton il y avait au moins un coréen qui parlait anglais. Je ne sais pas comment ils les trouvaient, mais c’était bien le cas. Je pense qu’ils devaient être bons pour les langues ou quelque chose comme ça. On avait par exemple un sergent canadien et un caporal canadien et on avait un caporal coréen, dont le travail consistait essentiellement à traduire et ainsi de suite, mais ça marchait très bien. Autrement dit, l’intégration se passait très bien. Les postes avancés (le long de la ligne de démarcation militaire établie en juillet 1953 entre la Corée du Nord et la Corée du Sud) et je pense que notre compagnie en avait un (assurer un tour de rôle sur la ligne) et on était là-haut pendant une semaine. Il y avait une tente, pour les jours, et ils avaient des avant-postes, des gens qui étaient là avec des jumelles, un groupe pour la journée et un groupe pour la nuit et il y avait trois personnes je pense, deux ou trois personnes, à chaque avant-poste, et on devait rester en contact avec eux par radio. Et encore une fois, il y avait des coréens, et on était tous mélangés. Je crois qu’ils étaient dans des tentes séparées pour dormir, mais en ce qui concernait les avant-postes, il y avait toujours au moins un ou deux coréens à chaque avant-poste et un canadien, au moins un ou deux canadiens. Le Black Watch (Royal Highland Regiment of Canada) avait été présent là-bas, je crois que c’était pendant un an, chaque régiment était là-bas, je ne sais pas. Mais il est certain, le Black Watch a été le premier à y aller, à partir (en novembre 1954), et ils ont défilé, et tout le monde les encourageait. Et ils avaient réussi à faire porter des kilts aux coréens. Je ne sais pas comment ils s’y sont pris, mais ils portaient les kilts du Black Watch et ces gars mesuraient en moyenne 1,42 mètres, nombre d’entre eux, alors ils étaient fiers comme Artaban, ils défilaient, marchant au son des cornemuses avec leur kilt qui leur descendait jusqu’aux chevilles et portant le chapeau des Black Watch. Dieu, c’était la grande classe! C’était je crois, tout le monde, vous savez, les autres régiments canadiens, qui regardaient le défilé des Black Watch, c’était vraiment l’attraction. Un des points forts c’était la gentillesse des coréens dans leur propre environnement. Comme par exemple on visitait les alentours et on faisait des défilés et ainsi de suite et des marches et des promenades pour rester en forme. Et on traversait des petites villes coréennes qui étaient en pleine reconstruction, parce qu’ils étaient en quelque sorte, on aurait dit du bambou et de l’herbe, de la paille de riz ce genre de choses pour les toitures. Mais ils nous faisaient des sortes de révérences et on leur faisait la révérence et ils applaudissaient les canadiens et on les applaudissait en retour, et c’était amusant. Et il y avait de toutes petites dames qui étaient là avec leurs enfants, elles avaient été conduites très au sud ou c’était peut-être tout simplement parce qu’ils avaient été envahis.