Project Mémoire

Roland Roy Reid

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

http://www.btinternet.com/~ian.a.paterson/orginfantry.htm
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Insigne régimentaire du 2nd Battalion Devonshire Regiment. Le major-général (alors capitaine) Roland Reid servit dans cette unité comme commandant de compagnie pendant la majorité de la campagne du Nord-Ouest de l'Europe (1944-1945). Source: http://www.btinternet.com/~ian.a.paterson/orginfantry.htm
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http://www.canadianbattlefieldsfoundation.ca/study%20tour/photo_gallery3.htm
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Le major-général Roland Reid s'adressant à la foule à la Place de l'Ancienne Boucherie à Caen (Normandie) en 2002. Source: http://www.canadianbattlefieldsfoundation.ca/study%20tour/photo_gallery3.htm
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Le soldat britannique était très intrigué de voir des officiers canadiens. Faut dire que l'officier canadien était différent de l'officier anglais dans ce sens que, sans trop de familiarité, il prenait un peu plus de temps avec les troupes que l'officier britannique.

Étant né en 1920, j'ai fait mes études en français. À l'époque c'était les collèges classiques et moi c'était chez les Jésuites à Montréal (Québec) sur la rue Bleury et de là avec un bac BA de l'Université de Montréal je suis allé à McGill en génie en 1940. Évidemment, entre les deux guerres de 1918 à 1939, toutes les universités avaient un COTC (Canadian Officer Training Corps ») et l'Université de Montréal en avait un en français ça s'appelait CEOC (Corps-école d'élèves officiers). C'est là que j'ai débuté en uniforme. Au début de 1944, l'armée britannique était très à court d'officier d'infanterie. Ils ont eu avec le gouvernement canadien l'autorisation d'avoir des représentants militaires de l'armée britannique de venir de Victoria (Colombie-Britannique) jusqu'à Halifax (Nouvelle-Écosse) demander aux officiers d'infanterie canadiens qui avait un surplus d'officiers durant ce temps-là à Montréal et au Canada. Parce qu’à part Dieppe (le raid de Dieppe en Normandie, le 19 août 1942) on n'avait pas été impliqué dans de larges batailles militaires durant la Seconde Guerre mondiale. Alors, nous avions un surplus d'officiers d'infanterie au Canada, à travers le Canada. C'est ainsi que le gouvernement britannique a eu l'autorisation du gouvernement canadien de venir demander des volontaires parmi les officiers d'infanterie au Canada pour aller servir pour l'armée britannique.

Le soldat britannique était très intrigué de voir des officiers canadiens. Faut dire que l'officier canadien était différent de l'officier anglais dans ce sens que, sans trop de familiarité, il prenait un peu plus de temps avec les troupes que l'officier britannique. Quand la troupe était sur la parade et que la parade était finie, l'officier britannique disait « sergeant ! » et puis « Over to you sergeant. » Il laissait la troupe au sergent, au sergent-major et puis il s'en allait. Les officiers canadiens, on était plus habitué à être plus près de la troupe et à leur parler. S’ils avaient des problèmes on essayait de les régler, ainsi de suite. Et ça les soldats britanniques l'ont beaucoup apprécié, cette façon de faire de l'officier canadien qui était très différente de l'officier britannique. Sans trop de familiarité avec la troupe, il prenait un peu plus de temps avec la troupe. Alors, nous étions en générale très populaires, les officiers canadiens avec l'armée britannique.

Moi j'étais assigné au Devonshire Regiment, 231e Brigade de la 50e Division britannique. C'était un régiment de l'armée régulière, alors il y avait de vieux militaires d'avant la guerre. Ce n'était pas un régiment de milice de réserve qui a été mobilisé durant la guerre, c'était un régiment de l'armée régulière d'avant la guerre. Faut dire que d'abord en Normandie après le débarquement (juin 1944), après la première poussée jusqu'à la fin juin, c'était la guerre de tranchées de 1914-1918 qui a recommencé. C'était des patrouilles de nuit, c'était des poussées et c'était toutes les semaines ou deux, des attaques subites dans des coins différents. Jusqu'à la fin de juillet début août là c'était la grande poussée, les troupes britanniques et canadiennes qui étaient plus du côté de la mer. Les Britanniques étaient dans le centre. Les Américains dans le bas de la France. Là, on a poussé directement à travers l'Allemagne pour se rendre jusqu'au Danemark. Les Américains se sont pointés vers Berlin. L'armée britannique c'était vers le Danemark pendant que les Canadiens c'était vers la Hollande qu'ils sont allés. Avec l'armée britannique, la fin de la guerre ça été sur la frontière de l'Allemagne et du Danemark qu'on a fêté ça avec l'armée britannique.

J'ai vu des choses très pénibles, mais que voulez-vous, c'est la vie, alors il faut oublier et continuer. On devient fataliste pas mal à la guerre. On sait qu'il y en a d'autres qui se font tuer et d'autres qui se font blesser, qui perdent des membres, ainsi de suite. L'homme étant ce qu'il est, tu as toujours l'espoir que ça ne sera pas nous. Ça va toujours être l'autre qui va être blessé et estropié. C'est comme ça qu'on survit mieux, qu'on s'adapte mieux à tout ce qui arrive dans la vie.