Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Ruth Kinread s’est rendue en Nouvelle-Écosse pour travailler dans une entreprise qui approvisionnait les navires de la marine.
Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je suis née au Nouveau-Brunswick et lorsque j’ai obtenu mon diplôme, je suis allée à Halifax pour trouver du travail. Je vivais avec ma sœur. Mon rêve était de devenir infirmière, mais j’étais trop jeune à l’époque, et j’ai donc dû trouver du travail ailleurs en attendant. J’ai trouvé un emploi dans un chantier naval. Nous approvisionnions les navires. On nous formulait les demandes et nous fournissions aux navires les ustensiles et les provisions dont ils avaient besoin pour nourrir les hommes pendant leurs longs voyages à l’étranger. J’ai beaucoup aimé ce travail. C’était assez intéressant d’être directement sur le plancher du chantier naval. Nous voyions les convois arriver et repartir. C’était une belle période de ma vie. C’est là que j’ai rencontré mon mari. Il était dans la marine, et nous venons de fêter nos soixante ans de mariage. C’était traumatisant de devoir quitter la maison, quitter ses amis et sa famille. Mais pendant que nous étions là-bas, je me souviens des émeutes le jour de la victoire en Europe, la frénésie qui régnait dans les rues. Le 18 juillet, alors que je mangeais chez une amie, une barge de munitions a explosé sur la jetée du magasin; les secousses ont été senties dans toute la zone et des vitres ont éclaté. Les dépôts de munitions exposés ont pris feu et le quartier général de la marine a prévenu qu’il y aurait d’autres explosions. Les explosions les plus violentes se sont succédé vers quatre heures du matin, et nous avons bien sûr tous été avertis de quitter la ville, ce que nous n’étions pas en mesure de faire. Nous avons donc trouvé un abri pour nous protéger des éclats de verre et du reste. Les vitres du chantier naval où je travaillais avaient volé en éclats. Nous n’avons pas pu pénétrer dans les locaux pendant quelques jours, même chose pour la maison où nous vivions. Halifax a donc été profondément secouée par la guerre. Nous avons dû nous habituer aux coupures de courant, aux sirènes et à ce genre de choses. Quoi qu’il en soit, nous avions de longues heures de travail, mais la paie n’était pas à la hauteur. Je travaillais pour trente-cinq cents de l’heure, et nous faisions plus de soixante heures. Après les retenues pour les obligations de la Victoire et tout, nous nous retrouvions avec une vingtaine de dollars.