Project Mémoire

Saul Breger

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Saul Breger.
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Saul Breger sur la base de Mountain View (RCAF), Ontario, Ecole de tir n<sup>o</sup>6. saul Breger est au milieu de la rangée du fond.
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aul Breger sur la base de Mountain View (RCAF), Ontario, Ecole de tir n<sup>o</sup>6. saul Breger est le 3<sup>ème</sup> à droite sur la rangée du fond.
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aul Breger sur la base de Mountain View (RCAF), Ontario, Ecole de tir n<sup>o</sup>6. saul Breger est le 3<sup>ème</sup> à droite de la 2<sup>ème</sup> rangée.
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Alors le sergent en charge prit la ceinture de munitions en disant "Qu'importe!", il ouvrit la trappe de l'avion et balança toutes nos munitions dans le Lac Ontario.

Je ne pouvais pas devenir pilote. J’étais sur un Link Trainer et ils faisaient passer des tests aux pilotes. Je pensais que j’avais fait un super atterrissage mais ils ont dit que j’étais à deux mètres cinquante sous terre. En tout cas, donc j’étais dans l’équipage mais je ne pouvais pas piloter. Alors ils m’ont demandé si je voulais être radiotélégraphiste mitrailleur, et alors j’ai dit : « Oui, ça me va. » Je ne voulais pas être un simple mitrailleur mais ça m’intéressait d’être radio. Je pensais à voler sur des Mosquito (avion britannique, bombardier léger à tout faire) peut-être ou quelque chose comme ça. Et j’ai été reçu dans les premiers de ma formation et ensuite ils nous ont envoyés à St Catharines (Ontario) pour nos vols ; s’occuper de la radio en l’air. Et c’est là que se sont passés les deux incidents dont je voudrais vous parler.

On volait à bord d’un vieux modèle d’avion, le Norseman (avion de transport/ravitaillement canadien Noorduyn Norseman) avec les ailes sur le haut. Le pilote était de retour après, il avait été deux fois, il portait deux galons, parti deux fois outre-mer. Et il nous pilotait. Le matériel radio était tout au fond de l’avion et il y avait deux passagers et lui et deux cockpits. Et nous on était deux à y aller. Il fallait qu’on entre en rampant et qu’on arrange chacun quelque chose là-dedans. Et quand c’était fini, vous disiez, « wheel in your aerial » et puis il devait rester, ça avait duré quinze vingt minutes, on était plutôt bons à ça et il devait nous garder dans les airs pendant deux heures pour que ça soit pris en compte comme un vol de deux heures. Alors il avait encore plus d’une heure et demie devant lui et rien à faire. Alors comment un gars qui a fait deux séries de vols outre-mer peut-il ne rien faire. Alors il a commencé à s’amuser, il est descendu et a survolé la route nationale et il fonçait droit sur les voitures. Et les voitures se retrouvaient sur le bas côté et vous pensiez qu’il allait s’écraser, mais il remontait. Et ensuite il a survolé le champ d’un fermier, il a vu un fermier et un chien et il est descendu tout droit et le fermier s’est jeté à plat ventre sur le sol et le chien l’a poursuivi, le chien lui a aboyé dessus et hop il est remonté. Mais quand il a repris de l’altitude, il était juste au dessus de l’aéroport. Il ne savait pas où il était quand il était très bas. Mais il était juste au dessus de l’aéroport et il fallait qu’il descende dans cette direction sur l’aéroport.

Et ça allait. Mais on avait 1000, 2000 pieds, c’est difficile à juger ; atterrir, tout s’est assombri. J’ai levé les yeux et il y avait un gros quadrimoteur qui arrivait. Personne ne s’attendait à ce que ce gars fasse ça. Et ils arrivaient de Toronto et c’était le Vice-Amiral McGill. Quand on a atterri, un des gamins qui mettent les plots sous les roues est arrivé en courant et il a posé le bloc sous la roue, et ensuite il s’est mis à genoux et il dit : « J’ai fait une prière pour vous. » Voilà c’était comme ça. Et puis il a atterri et, évidemment, le pilote a eu un mois de travaux obligatoires.

On était à la base de Mountain View (Ontario), là où on a pris nos cours de tir. On faisait ça au dessus du lac. Et vous savez, on volait dur un vieux (Bristol) Bolingbroke, un vieil avion, gros quadrimoteur, mais la tour où se trouve le mitrailleur, elle remontait et c’était ouvert là où le canon sortait. Et on était en février et il devait faire dans les moins 70° là-haut avec les vents et tout le reste. Bon, pour les gars dans l’avion ça va bien, mais quand c’était votre tour d’essayer de faire votre tir, c’était plutôt dur. Et vous pouviez voir sa manche, le gars avec la manche qui volait. Et deux gars descendaient, un à la fois, et prenaient ça et remontaient et il a dit : « Il maintiennent la température tellement basse. » Je crois qu’il n’y avait pas du tout de chauffage ; le deuxième a dit pareil et j’étais le troisième et j’ai dit la même chose. C’était ridicule.

Alors le sergent qui était en charge, il a pris – je crois que les balles étaient dans la cartouchière – alors il a dit : « Au diable tout ça », et il a ouvert une porte dans le sol et il a jeté toutes les balles sur le lac Ontario. Mais le lac Ontario était gelé. Alors elles sont tombées soit dans la neige soit sur la glace, on pouvait les voir tomber tout en bas. Et il a fait demi-tour. Je ne sais pas ce qu’il leur a dit dans son rapport, personne n’avait atteint sa cible. Mais, en tout cas, il s’en est bien sorti à ce moment-là. Mais environ deux semaines plus tard, un fermier traverse le lac avec sa carriole à cheval et il vient en disant : « J’ai trouvé ça sur le lac. » (rire) Et ils savaient d’où elles venaient à cause du numéro de série et tout le reste qui vous disait qui c’était. Et il a écopé d’un mois de travaux obligatoires. (rire) Voilà c’était mes deux histoires.