Project Mémoire

Selwyn Henry Sel Stephens

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Selwyn Stephens
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École de Bombardiers avancées, London, Ontario. Selwyn Stephens est le premier à droite dans la rangée du haut.
Selwyn Stephens
L'Institut Historica-Dominion
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Selwyn Stephens à Régina, Saskatchewan, en mars 2010.
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Cousin de Selwyn Stephens, Byron, avec son petit neveu, avant sa venue au Canada pour une formation au Programme d'entraînement aérien du Commonwealth britannique.
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Selwyn Stephens à la maison avec sa mère et sa soeur Millie, montrant son nouvel uniforme de pilote.
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Selwyn Stephens avec ses quatre frères: Bryn (en haut); Jim (à gauche); Sel (au centre); Ray (à droite); et Goff (en bas).
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Et les tirs de DCA étaient intenses et innombrables. On pouvait en fait les ressentir, le martèlement boum, boum,

En Angleterre, de nombreuses affiches et de vraies émissions au sujet des propos inconsidérés, gaspiller le matériel, gaspillage de nourriture. Et entre autres choses, l’œil vigilant du gouvernement, les économies en temps de guerre, y compris les voyages, c’était du serré. Des affiches partout pour nous engager à faire attention.

Bon, il y en avait une là-bas appelée l’affiche « Ce voyage est-il bien nécessaire ? ». C’était les trains, les voitures et ainsi de suite, si ce n’est pas nécessaire ne les prenez pas. Mais je me souviens d’un de nos briefings quand un, et je pense que vous avez déjà eu ça avant parce que j’ai déjà lu très souvent la même chose, vraiment. Mais l’officier chargé du briefing a demandé s’il y avait des questions. On voyait le tracé rouge qui allait de la base à quelque part en Allemagne, vous voyez. Et l’officier nous demandait « Y a-t-il des questions ? » Et derrière moi il y avait mon opérateur radio et il a murmuré quelque chose et tout le monde l’a entendu, « Ce voyage est-il bien nécessaire ? » Et ce n’était pas une question de, on venait de dire, « Oui mon lieutenant, oui mon lieutenant. » vous savez.

Mais oui, je pense que la première fois qu’on a eu le vice maréchal de l’Air Cochrane, il était à la tête du groupe n°5 (RAF), il est descendu voir l’escadron. On allait partir à un endroit qui s’appelait Schweinfurt, c’était à peu près à 80 kilomètres de la frontière allemande. Et c’était un vol long, c’était plus de neuf heures de vol. Mais il disait que les américains avaient été là-bas, qu’ils avaient eu l’usine de roulements à bille. Mais, « C’est votre travail ce soir, votre mission ce soir. » Bon, en fait, ils n’ont jamais prononcé le mot raid. C’était toujours une mission. « Votre mission ce soir c’est d’incendier, » et il a utilisé un explétif « Vous les laissez brûler jusqu’au bout. » Et c’était vraiment quelque chose.

On a laissé l’Angleterre derrière nous, on a traversé la Manche et alors qu’on approchait des côtes françaises, j’ai donné mon signal « Côte ennemie devant. » Et en particulier pour (…) Red, c’est au navigateur de tracer sur sa carte, on traverse juste maintenant. Et je, j’avais écrit ici, même si l’obscurité gênait la visibilité de l’ennemi, ils savaient parfaitement bien qu’on arrivait. Leur radar était très performant mais facilement floué par les paillettes de brouillage. Mais tout le long de la côte, les projecteurs pointaient du doigt le ciel nocturne. Nous, nous pouvions voir tout ça de là-haut, et les traceurs qui avançaient en rampant vers le ciel comme des points de couture dans le noir. C’était de l’action et la voix tranquille du capitaine qui insistait auprès de Chris et Stanley sur le fait d’être vigilants et à l’affût. Leur réponse et puis le silence. Et ensuite Red signalait le changement de direction suivant, «Garde un œil sur la balise. Sers-toi de ton faisceau ou des fusées qui sont tombées au loin. » Et il dit, « un tournant c’était. »

Et il est monté à une soixantaine de minutes de la cible. Celle-là était sur la cible à Gelsenkirchen. Et je m’en souviens très bien aussi parce que, comme bien d’autres aussi. On appelait ça le couloir des DCA. C’était une usine de pétrole de synthèse au cœur de la River Valley. C’est dans l’Allemagne industrielle. Et c’était bien à portée de main pour la RAF aussi au fait. Vous pouviez voir de loin les lueurs légèrement rouges et orangées de la ville en flamme. Déjà les bombardements sont en train. Et Brian était très affairé sur son système de navigation radar Gee (qui sert à guider les bombardiers jusqu’à leur cible) et nous, le radar qui repère les avions de chasse qui arrivent comme des petits points qui traversent son écran à toute vitesse, prêt à crier s’il on en avait un sur la queue. Et les tirs de DCA étaient intenses et innombrables. On pouvait en fait les ressentir, le martèlement boum, boum, boum, boum, vous savez, alors que l’air lui aussi fait des bonds. Et puis le capitaine, Stan qui traverse le, il dit : « Bon Stephens, il est à toi. » Et je crie : « Tout doux maintenant, droit, droit. » Et puis : « Larguez les bombes. » Et toi, Tonton, tu remontais brusquement après que six tonnes de... Et on transportait beaucoup de bombes, six tonnes normalement. Avec les trappes de la soute à bombes fermées et Skip qui vire de bord à fond à bâbord et on a mis le cap au nord traversée de la Hollande et la mer du Nord. Et environ 18 000 pieds d’altitude, Skip fait descendre le nez de l’appareil légèrement et Tonton, c’est notre avion, à une vitesse de 180 milles/heure, et malgré une envie folle de rentrer à toute allure chez nous, mais on a encore deux bonnes heures devant nous, alors il faut rester vigilant.

Chris, Stanley et moi-même, on faisait constamment pivoter nos tourelles, en scrutant l’obscurité. Nous devions rester vigilants. « La côte se rapproche, Red, on va bientôt être au dessus de l’eau. » Il y a du soulagement dans l’air mais, et je l’ai écrit ici, « Ne vous ramollissez pas, il y a encore des bandits par ici. Le long de la côte, il y avait des tirs sporadiques mais on est passé au travers et on a mis le cap sur l’ouest et la maison. »