Project Mémoire

Sidney Orvitz

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Sidney Orvitz
Sidney Orvitz
Un document de service de Sidney Orvitz.
Sidney Orvitz
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Certificat de Démobilisation de Sidney Orvitz.
Sidney Orvitz
The Historica-Dominion Institute
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Sidney Orvitz en 2011.
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Si vous étiez un zombie, c’est comme ça qu’ils nous appelaient, un zombie, alors vous étiez un soldat de deuxième classe, et ils allaient finir par vous avoir, et ils allaient finir par vous envoyer outre-mer pour faire la guerre
Bon, ils m’ont envoyé une lettre et disaient que je devais me présenter à telle et telle date. J’ai pris le, oui, je suis allé me présenter. Je me suis présenté un petit peu en retard, mais je me suis présenté. Avant la lettre de l’armée écrite en vertu de la loi sur la mobilisation des ressources nationales, avant ça, je suis allé à Hamilton, j’ai essayé de m’engager dans l’armée de l’air, s’ils m’envoyaient là où se trouvait mon frère en Angleterre. Ils ont refusé, j’ai refusé. Ensuite j’ai voulu essayer la marine marchande et je suis allé à Fort William (Ontario), la compagnie de navigation Patterson. J’ai pensé que je devrais essayer les bateaux et le lac pour commencer, pour pouvoir ensuite décider ce que je voulais faire. Entre temps, j’ai reçu la lettre du gouvernement, me disant de me présenter. Et je suis resté là-bas pendant quelques temps, mais ce n’était pas ce que je voulais, alors je suis retourné à Toronto et suis allé chez ma grand-mère dans sa maison Avenue Strachan et de là, j’ai marché jusqu’à la base militaire au parc des expositions. Bon, l’entrainement de base a été dur. Tout était difficile. Quand vous alliez vous présenter, ils m’ont donné du matériel de couchage, etc. J’ai dormi au Horse Palace et quand j’ai réussi à vaincre l’humidité des couvertures, c’était le moment de se lever le matin, au son des cornemuses écossaises qui gémissaient au pied de mon lit de camp. La plupart des gens qui étaient avec moi étaient des appelés. En fait, je crois que c’était 100 pour cent. Certains étaient français et ils montraient vraiment qu’ils n’étaient pas contents d’être dans l’armée, les français c’est à dire les Québécois. Si vous étiez un zombie (un appelé), c’est comme ça qu’ils nous appelaient, un zombie, alors vous étiez un soldat de deuxième classe, et ils allaient finir par vous avoir, et ils allaient finir par vous envoyer outre-mer pour faire la guerre. Même si Mackenzie King (le Premier ministre canadien) disait que vous ne pouviez pas, ils le faisaient. Je me suis figuré que j’allais me retrouver mort de toute façon, autant laisser courir, s’ils veulent m’envoyer outre-mer, il va falloir que je parte outre-mer. On m’a envoyé à (Camp) Dundurn (Centre d’entrainement en reconnaissance A27), au Saskatchewan, où j’ai suivi un peu plus d’entrainement avec des fusils longue portée et entrainement à laver les casseroles, et nettoyer les toilettes, et des choses comme ça. (Camp) Wainwright en Alberta après ça. On vivait dans des tentes là-bas. Et puis on a suivi un entrainement où on partait dans la campagne et on apprenait à utiliser l’explosif plastique, et des choses de ce genre. C’était le 31ème régiment de Reconnaissance (d’Alberta). De là, on est allés à, je ne sais pas où ils sont allés, mais je suis parti pour Prince George et la polar bear expedition. Bon, vous vous leviez le matin, je branchais la radio, je m’occupais de la radio, je la transportais. Et on faisait une reconnaissance des lieux et une fois, on est monté en haut d’une petite montagne. On a grimpé sur la montagne, au dessus de la limite des neiges éternelles, et si je me souviens, c’était la fois où je crois qu’ils allaient, quelques uns de l’artillerie étaient censés être derrière nous, à peu près au dessus de la limite des arbres, et nous on était en haut dans la neige. Et de la neige abondante, pas d’arbres, et ils ont commencé à tirer et puis on a filé. Ça nous a pris, je crois, une bonne partie de la journée pour monter et à peu près 20 minutes pour redescendre. (rire) Je ne sais vraiment pas ce qu’ils voulaient faire. Ils nous ont mis sur, on avait des skis, on a campé dans les buissons. On était sur le chemin qui serpentait jusqu’à Bella Coola (Colombie Britannique), c’est pour ça qu’on s’entrainait, c’était pour aller sur la côte ouest au cas où les japonais attaquent là-bas, on se rendait là-bas. Alors ils ont bien envoyé, une partie du groupe est allée à Bella Coola, mais je suis resté là-bas à Prince George, ou lac William pour être exact. Quand ça s’est terminé, je me suis occupé de renvoyer une partie du matériel à l’endroit où il devait aller, en train. Et puis ce dont je me rappelle juste après c’est d’être à bord d’un train qui retournait à Toronto ; et je suis arrivé là-bas, et ils m’ont donné une permission, un congé d’embarquement. Mais quand je suis revenu, c’était fini en Europe et ils ne savaient pas quoi faire de nous à ce moment-là. Ils m’ont mis sur la touche pendant six mois, sans solde, et je suis resté à Toronto pendant six mois, dans l’armée, mais en dehors de l’armée. À propos de la loi, oui, je pensais que c’était une bonne idée. Il faut vous souvenir que, à cette époque, les japonais étaient là, où était-ce, une des îles au large de l’Alaska, et ils allaient passer par là. Et puis j’étais, vraiment, j’aurais été là-bas pour ça. Quand je suis sorti, j’étais un petit peu plus adulte.