Project Mémoire

Stan Matulis

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

M. Matulis et l'un de ses amis à Varel en Allemagne en juillet 1945.
M. Matulis le jour où sa compagnie (D) s'apprêtait à colaborer avec les forces allemandes après sa capitulation en mai 1945.
M. Matulis avec une enfant allemande, en Allemagne en 1945.
Photo de la Compagnie D prise par M. Matulis « The Black Watch » (Royal Highland Regiment) pendant l'Occupation de l'Allemagne, à Buhren en mai 1945.
J’ai été repéré par un autre allemand et il a tiré à travers la fenêtre, il m’a touché. Je suis allongé par terre et j’arrive à voir mes sacoches mais je ne peux pas bouger.
Un pied en Normandie Deux de nos compagnies sont entrées dans May-sur-Orne et les mortiers allemands aspergeaient l’endroit et les bombardements prenaient plus d’ampleur, ces gars allaient être touchés d’un moment à l’autre, allons dans la maison. On était trois à aller dans cette maison, il y avait une fenêtre et il y avait une plus grande pièce. Je pense que j’ai frappé deux fois avec la crosse et c’est là que l’expérience du champ de bataille entre en jeu, ils ne font pas des choses comme ça. J’ai frappé cette fenêtre, j’ai été repéré par un autre allemand et il a tiré à travers la fenêtre, il m’a touché. Je suis allongé par terre et j’arrive à voir mes sacoches mais je ne peux pas bouger. Alors tout ce que je vois ce sont mes sacoches, j’ai dit : « Bon sang, le reste de mon corps se trouve quelque part de l’autre côté de la pièce. » Et un gars s’est approché et il dit : « Qu’est-ce qui t’es arrivé ? » Et j’ai répondu : « Bon sang, tu ne vois pas, je suis en morceaux. » Il a dit : « Oh, tu a été blessé dans le cou. » Le Caporal Forsyth entre et dit : « On s’en va, on ne peut pas la prendre, on bouge et on s’en va de May-sur-Orne. » Et je dis : « Ils vont me mettre sur une civière ? » Pas une civière mais une porte, c’était en ruine en quelque sorte. Et ils m’ont mis dessus et cette foutue porte s’est cassée. Et je suis passé à travers. Alors John Feesel et Charlie Forsyth m’ont pris les bras, l’un m’a pris le bras et l’autre l’épaule, et ils m’ont transporté dehors dans la rue mais le pilonnage au mortier ne s’est pas arrêté. Les mortiers ont continué à s’abattre, les Allemands ont continué à déverser tous ces mortiers sur nous. Bon, ils m’ont transporté sur la route et les mortiers, ils m’ont lâché. Il fallait juste qu’ils s’allongent derrière moi jusqu’à ce que les mortiers explosent quelque part et ensuite ils ont pu recommencer à bouger. Ils m’ont porté sur 25 mètres environ, et les mortiers sont revenus. Alors Charlie Forsyth a dit : « Écoute, on ne peut pas t’emmener plus loin. On te laisse. » Mais la chenillette n’était pas très loin et il faisait un bruit comme s’il bougeait. Et il a hurlé : « Ne bouge pas cette chenillette ou je te descends. » Bon sang, je me suis senti mieux. Oh mon Dieu, le soulagement que j’ai ressenti, qu’ils donnent l’ordre à ce gars, je ne pense pas qu’il était vraiment sérieux mais le ton impératif de son ordre a stoppé net le gars et il nous a attendu. Et puis on m’a mis sur la chenillette et nous voilà partis.