Je me suis enrôlé en septembre 1940. À cette époque ça n’allait pas fort pour nous. Donc je me suis dit qu’il valait mieux que j’aille là-bas pour les aider à gagner cette guerre. Donc je me suis enrôlé en 1940 et j’ai été formé pour devenir pilote. On faisait diverses formations, entraînement au sol, entraînement en vol, ensuite on était envoyé en poste outre-mer où on continuait à s’entraîner. Et finalement, on vous envoyait dans un escadron et j’ai été envoyé dans un escadron. Mais avant que j’arrive là-bas, ils ont décidé de faire un raid avec 1000 bombardiers. Pour rassembler 1 000 bombardiers dans les airs, ils avaient besoin de tous leurs avions, y compris les avions d’entraînement. Donc je suis allé outre-mer avec un de nos propres avions d’entraînement. Je dirais que ce n’était pas la faute des avions parce qu’ils étaient inexpérimentés et ne savaient pas ce qui se passait et la nuit les chasseurs allemands nous ont repéré et nous ont tiré dessus.
On a tous sauté en parachute et on n’est pas tous sortis [sic], deux de mes camarades ne sont pas sortis et j’ai atterri dans des arbres, j’ai défait mon parachute, j’étais assez haut dans les arbres et je me suis assommé en touchant terre. Quand je me suis réveillé, il y avait des fermiers autour de moi avec des fourches qui me disaient en allemand « pour vous, la guerre est terminée ». C’était le cas et on était en juin 1942.
J’ai été pris par la Luftwaffe [force aérienne] allemande et emmené dans un camp de prisonniers où je suis resté pendant plusieurs semaines, puis j’ai été transféré dans un camp important pour officiers qui s’appelait le Stalag Luft III [camp de prisonniers de guerre pour les militaires de la force aérienne]. C’était un camp tout neuf. Il avait été construit spécialement pour les officiers et j’étais lieutenant de l’armée de l’air à l’époque. Donc j’ai été mis dans ce camp neuf, tout neuf et les baraques étaient toutes neuves et c’était un camp très agréable, si on pense qu’un camp de prisonniers peut être agréable. Mais on m’a mis là-bas et j’y suis resté pendant trois ans jusqu’à la fin de la guerre.
En gros, ils nous laissaient plus ou moins tranquilles. Ils faisaient l’appel deux ou trois fois par jour mais pendant la journée on nous laissait tranquilles et on faisait ce qu’on voulait. On faisait du sport, on prenait des cours, il y avait des gens là-bas de toutes les professions et conditions sociales, des médecins, des avocats, des enseignants donc on pouvait apprendre des choses si on voulait. L’objectif principal était de sortir de là, donc on a commencé à creuser des tunnels, des tunnels pour creuser sous les barbelés et nous évader. Au Stalag Luft III, on a commencé trois tunnels avec l’idée que si l’un d’eux était découvert on pouvait continuer à creuser les autres. Finalement, en mars [1944], le dernier tunnel a été terminé et on s’est évadés, on a réussi à faire passer 70 officiers par ce tunnel. La plupart d’entre eux ont été capturés et 50 d’entre eux ont été tués par balle. C’était ce qui pouvait arriver de pire, c’était contre toutes les règles de la Convention de Genève mais Hitler était tellement contrarié qu’on puisse faire ça qu’il a donné l’ordre d’exécuter 50 de nos officiers, beaucoup de Canadiens.
Et heureusement, bien que j’avais été tiré au sort pour m’évader, on pensait qu’on arriverait à en faire sortir environ 200, on en a fait sortir 70. J’ai eu le numéro 140, donc je ne suis jamais sorti – ça a probablement été ma chance.