Quand ils voulaient certains d’entre nous, je ne sais pas combien, il y en avait tellement pour le Queen’s Own Cameron Highlanders et tant d’autres groupes. On nous a tout juste emmené là-bas. C’était après Dieppe. Je ne me rappelle plus où c’était. Il n’y avait pas de ville. Ils nous ont juste largué là-bas. Je pense que c’était en 1944.
Je me souviens une fois, on avait repris un poste qui avait été occupé par le [régiment] Essex Scottish. Ils étaient épuisés par la bataille, éreintés, tout. En tout cas, en route pour aller là-bas, il y avait certains de nos gars et des Allemands couchés tout le long des côtés de la route. Des morts. Lorsqu’on est arrivés à l’endroit où se trouvait le poste, je me souviens, une fois là-haut, on était au poste et là, oh à 800 m environ de là je pense, un char allemand montait la colline et venait droit sur nous. Pourquoi s’est-il retourné et pourquoi est-il reparti je ne le saurai jamais, parce qu’il n’y avait rien pour l’arrêter. On n’avait que des fusils et des mitrailleuses Bren [mitrailleuses légères à tir rapide]. On n’avait aucune arme anti-char. Aïe, notre coeur battait à tout rompre!
Je me souviens qu’ils nous survolaient avec leurs planeurs. Les Anglais ont amené un nombre incroyable de planeurs. C’était un mauvais calcul parce que quand les planeurs descendaient, les Allemands les attendaient. Je n’étais pas dans ça mais on est passés dans le coin. L’endroit était jonché de planeurs et de personnel militaire . Il y avait un fermier, il faisait la traie de ses vaches, les obus explosaient et tout ça et il continuait à traire ses vaches. Une stalle manquait. Il y avait un gros trou fait par un gros obus qui avait arraché un gros morceau de là, cette vache et tout, sorti de là [sic]. C’était plutôt bizarre. Mais ils ne se sont jamais arrêtés de travailler.
Le Major Falloon était à la tête de notre compagnie. Il a été touché, non, j’ai d’abord été touché et ensuite il m’a dit : “tu vas de ce côté-ci de l’église et moi je vais de ce côté-là “. J’ai à peine fait un pas que j’ai reçu une balle en pleine poitrine, la balle a traversé des parties de mon bras. Et bien sûr, je tirais en même temps à hauteur d’épaule et une balle est passée par là, a touché mon livret de solde et a fait un gros trou de part en part et a mis en pièces quelques chargeurs Bren [mitrailleuse] que j’avais mis dans ma tunique (on devait les garder propres donc je les mettais dans ma tunique). Ça m’a assommé. Le choc. Mais l’heure d’après, je me souviens, on m’a transporté dans une église, puis on m’a fait des pansements et tout. Ils m’ont mis sur un brancard avec un autre gars, ils nous ont sorti et nous ont installé sur une Jeep. Elle avait des brancards et des barres dessus pour attacher les brancards. En tout cas, on traversait ce champ quand on a heurté une mine. La Jeep a été renversée sur le côté avec nous encore attachés au brancard. Je suis sûr que ça ne nous a pas fait de mal, mais c’est sûr que ça a abîmé la Jeep.