Project Mémoire

Stephen Tucker

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Courtesy of Stephen Tucker
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Portrait de Stephen Tucker pris à Edimbourg en Ecosse en 1943.
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Photo de tirs à Flushing Harbour, le 2 octobre 1944.
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Photo prise en 1940 aprè que monsieur Tucker se soit enrôlé, juste avant de partir outre-mer.
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Photo de M. et Mme. Tucker le jour de leur mariage, le 28 novembre 1942.
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Photo de la 20<sup>ème</sup> Batterie, 59<sup>ème </sup>Régiment Lourd, Artillerie Royale (Nfld).
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Et le bateau vibrait et j’ai pensé, oh mon Dieu, on a été touchés. Alors je me suis rué sur le pont pour trouver la cause de ce bruit épouvantable.

Quand ça a été le moment pour le 59ème (régiment d’artillerie lourde (Terre-Neuve), faisant partie du 12ème corps britannique) de traverser la Manche (pour aller en Normandie en juillet 1944), on avait deux bateaux pour emmener le régiment tout entier. Ces bateaux s’appelaient des BDC, bâtiments de débarquement de chars. On est montés à bord à 10 heures une nuit et on s’est arrêtés dans la Manche pour attendre jusqu’au lendemain matin. Bon j’avais un véhicule léger, on m’a mis là-haut sur le pont et il faisait froid et c’était venteux et j’ai demandé à un membre de l’équipage s’il n’y avait pas un endroit où je pourrais être un peu plus à l’aise ? Et il a dit, tu as de la chance, un de nos membres a raté le bateau alors il y a une couchette de libre. Alors il m’a emmené en bas dans les quartiers et il a dit, tiens voilà la couchette, tu peux rester ici toute la nuit parce qu’on ne va pas débarquer avant demain matin.

Alors je me suis monté dans la couchette et je me suis endormi, apparemment très profondément, parce qu’un bruit monumental m’a réveillé. Et le bateau vibrait et j’ai pensé, oh mon Dieu, on a été touchés. Alors je me suis rué sur le pont pour trouver la cause de ce bruit épouvantable. C’était le cuirassé de 35 000 tonnes, le NSM Rodney, il avait été propulsé sur le flanc en tirant avec ces six canons vers la terre. Et le mouvement de recul provenant des canons était si violent que l’énorme navire avait tangué et provoqué une gigantesque vague déferlante.

Alors j’ai demandé au jeune gars (dans le BCD), s’ils pouvaient poster des lettres de retour en Angleterre. Il a répondu, bien sûr. Alors j’ai écris une lettre à ma femme, c’était, il l’a mise dans un sac de courrier et bien sûr j’avais loupé le petit-déjeuner et il a fallu que je monte dans mon camion et descende à terre le ventre vide.

En tout cas, nous (le 59ème régiment d’artillerie lourde) avons vu des combats depuis la France, la Hollande, la Belgique et l’Allemagne. Quand la guerre s’est terminée (le 8 mai 1945), j’avais du retard sur ma permission au Royaume-Uni. Alors ils m’ont envoyé là-bas aussi vite qu’ils ont pu. Je crois que je suis arrivé en Angleterre le 5 juin et on m’a mis en congé permanent jusqu’à ce qu’ils trouvent une place pour que ma femme fasse la traversée (épouse de guerre anglaise) avec la famille. Et ça a pris dans les six mois à peu près. Alors j’habitais à Edimbourg avec ma femme quand nous avons reçu cette lettre, avec un tampon dessus : récupérée en mer. C’était la lettre que j’avais écrite sur ce BCD. Or, que se serait-il passé si le Rodney n’avait pas été là ? Ça aurait été mon dernier voyage.