Project Mémoire

Stuart Richardson

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Stuart Richardson
Stuart Richardson
Médaille de service de Stuart Richardson, incluant la Médaille du Service des Volontaires Canadiens et la Médaille de Guerre (1939-45).
Stuart Richardson
L'Institut Historica-Dominion
L'Institut Historica-Dominion
Stuart Richardson le 31 octobre 2009.
L'Institut Historica-Dominion
Tous nos coquelicots et nos jours du Souvenir servent à préserver la mémoire de la guerre pour éviter qu’il y en ait d’autres. C’est pour cela que nos jeunes doivent se battre, pour qu’il n’y ait plus jamais de guerre.
Je suis né le 10 novembre 1924 à Calgary en Alberta. J’avais deux sœurs plus âgées et moi-même. J’ai fait toutes mes études à Calgary. Quand la guerre a éclaté, je me souviens quand la guerre a éclaté ma famille était à Banff, qui est juste à l’ouest de Calgary comme chacun sait. Mon père devait être de retour au travail, alors on est rentrés à la maison en voiture le dimanche soir, au milieu de la nuit, ce qui en réalité était lundi matin, le vendeur de journaux est arrivé en criant la guerre, la guerre, c’est la guerre. Et ça a été mon premier contact avec la Deuxième Guerre mondiale. Donc quand j’ai été assez vieux, en novembre 1942, quand j’ai eu 18 ans. La première chose que j’ai faite, il fallait que j’aille au bureau de recrutement. Les officiers là-bas ont dit, écoute, tu n’as plus que six mois avant d’avoir fini tes études, termine le lycée. Fini ça et ensuite reviens nous voir. Alors c’est ce que j’ai fait et c’est sans doute la raison pour laquelle je ne suis pas allé outre-mer. Mais à long terme, ils voulaient que vous finissiez le lycée, ils considéraient qu’un diplôme de fin d’études secondaires -diplôme de 12ème comme ils disaient dans certaines provinces – c’était important si vous vouliez être pilote, ce que je voulais être évidemment parce que j’étais un dingue d’avions depuis le jour de ma naissance je pense. On parcourait des kilomètres pour voir un avion dans les années 20, vous savez, la fin des années 20 début des années 30. Alors le 1er juillet, me voilà au bureau de recrutement et hop je m’en vais pour le dépôt d’effectifs à Edmonton en Alberta. Grâce à ces antécédents-là je n’y suis resté qu’un mois. Normalement, ils vous gardaient deux mois environ mais dans le courant du premier mois je me suis retrouvé à l’université d’Edmonton où ils avaient l’école d’instruction préparatoire. Alors ça c’était le début. C’était là que vous appreniez si vous alliez devenir pilote ou pas, ça dépendait de vos capacités avec certaines compétences. Alors c’était bien, on est passé par là sans problèmes et ensuite on est allés à High River, juste au sud de Calgary à l’école élémentaire de pilotage. Et on avait, à ce moment-là, on volait sur des Cornell, qui était juste un monoplan, comme le vieux Tiger Moth. Un bon avion, bon petit avion, très bon pour les acrobaties aériennes. Je me souviens encore de la première fois où j’étais là-haut avec l’instructeur et ça c’est le genre de choses qui vous restent dans la tête pour toujours. En tous cas, on volait le long, juste au dessus des nuages, c’était comme de marcher sur une moquette, comme Aladin et son tapis volant et tous ces trucs. Alors en tous cas, il a dit, une chose que je n’ai pas mentionné, assure-toi bien quand tu es dans l’avion, vous savez, que ton harnais est soigneusement ajusté. Je dis, oh oui il est bien serré, tu vas le resserrer, resserre la sangle. Et environ deux ou trois minutes plus tard, on vole le long de ces nuages et il a dit, mince, il commence à faire vraiment chaud là-dedans, retirons la verrière. Alors on retire la verrière, tout va bien, la verrière part en arrière et puis il le retourne complètement, juste comme ça, bang. (rires) Et on est, ah, et j’ai attrapé le… j’ai attrapé le côté de l’avion et il me regardait. Je pensais que tu avais dit que tu étais bien harnaché là-dedans, tu ne devrais pas avoir à faire ça. Bon, alors là, vous avez à peu près un quart de centimètre de jeu, vous savez, et vous vous sentez comme un abruti. Alors, en tous cas, c’était la première fois. Alors après ça bien entendu, apprendre à faire de la voltige ça a été, très amusant. Je me suis bien amusé. Si vous devenez pilote de chasse, c’est votre vie. Vous savez, si vous ne pouvez pas faire ces trucs, vous savez, vous n’obtiendrez jamais ce poste dans le service parce que c’est comme ça qu’ils séparent ceux qui sont plus compétents dans les acrobaties aériennes et à voler sur des chasseurs, comme un Spitfire par exemple ou les bombardiers. Vous n’allez pas faire de voltige avec un bombardier. C’est comme ça qu’ils séparent les deux. SI vous étiez très compétent pour la voltige, vous vous retrouviez dans une unité d’entraînement opérationnel avec des avions de chasse. Sinon, vous alliez dans une station de bombardiers. Après l’initiation, je suis allé à Fort Macleod, qui se trouve dans la partie sud de l’Alberta, à l’école de pilotage militaire, la numéro 7. Et j’en suis ressorti diplômé en septembre 1944. L’affectation suivante ça a été Trois Rivières au Québec. Et ils avaient une école d’entraînement pour les diplômés de l’aviation. En fait c’était tout simplement une formation de commando. Donc à la fin de cette formation d’un mois, on sentait qu’on était désormais prêts à être, vous savez, à être envoyés à l’entraînement opérationnel, où vous pouviez aller de cette étape, qui est l’étape suivante avant de devenir un pilote au vrai sens du terme en service actif. Et bien, à la place, on nous a renvoyés chez nous. Alors pour Noël 1944, j’ai reçu l’ordre de me présenter au centre de démobilisation. Bon, je vais vous dire, ça m’a un peu cassé les pieds. Ce n’était pas la fin de la guerre, on en était encore loin. Ils ne savaient pas combien de temps. Et finalement, vous savez, ça a pris six mois en gros. Mais il y avait déjà trop de pilotes dans le circuit et qui étaient déjà outre-mer. Alors ils ont senti qu’ils avaient assez de gens alors ils vous viraient tout simplement. Alors quoiqu’il en soit, je suppose qu’il y avait au moins deux personnes dans ma vie qui étaient heureuses. L’une d’entre elles c’était ma mère et l’autre ma petite amie, avec qui je me suis marié finalement et avec qui j’ai eu une vie merveilleuse et quatre enfants. Et je crois qu’on a tous, chaque ancien combattant chaque personne dans le service ne veut pas voir la guerre. Vous faites tout ce que vous pouvez pour l’empêcher. Mais il arrive un moment, et c’est ce qui s’est passé au début de la Deuxième Guerre mondiale, vous savez. Les pays du Commonwealth et tous les gens qui avaient été exposés de plein fouet au régime hitlérien, devaient le faire. Il n’y avait pas d’autre alternative. Autrement pas de liberté. Il n’y aurait plus rien. On aurait été sous l’emprise d’un dictateur et ça ne risquait pas d’arriver. Alors je crois que la chose la plus importante pour les jeunes aujourd’hui c’est d’apprendre ce qui s’est passé, pourquoi c’est arrivé et comment faire pour l’empêcher. Peut-on à jamais empêcher une telle chose de se reproduire et ce qu’il ont à faire c’est d’y penser. Tous nos coquelicots et nos cérémonies du souvenir, tout ça, se rappeler qu’on ne veut pas que ça se reproduise. Et c’est ce que les jeunes doivent faire, faire tout leur possible pour obtenir ça.