Project Mémoire

Sydney Lawrence Wax

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Dr. Sydney Wax
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Sydney Laurence Wax, Ben Wax et Maurice Wax - les trois frères dans les Services armés canadiens en 1944.
Dr. Sydney Wax
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Dépôt de réparation No. 6 de la RCAF, escadron Conversion W/T Trenton.
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Photo du LAC Wax et de son équpage réparant des avions dans le dépôt de réparation No. 6 de Trenton, Ontario.
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Photo de LAC Wax et d'autres aviateurs travaillant sur des avions au R.D No. 6 de Trenton, Ontario.
Dr. Sydney Wax
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Certificat de libération de la RCAF, le 17 octobre 1945.
Dr. Sydney Wax
Tout a commencé avec la guerre et j’ai fini par être médecin, et spécialiste en beaux-arts, vous savez, peu importe le nom qu’on lui donne.

Transcription

Lorsque j’étais dans l’armée, on a offert aux militaires juifs l’occasion de se rendre dans un village voisin, notamment Belleville, je devrais plutôt dire une ville, Belleville, et d’y faire leur service. Nous avons été accueillis par la communauté juive de l’endroit.

Je n’avais jamais été dans une caserne. Je m’étais marié en mai 1942. Ça ne faisait que quelques mois que j’étais marié lorsque je me suis enrôlé. Je commençais à peine à m’habituer à partager ma vie avec une partenaire. Ce fut très étrange de me retrouver du jour au lendemain parmi un groupe d’hommes dans une caserne et à [la BFC] Trenton; nous vivions dans la caserne et on nous avait assigné un lit; les toilettes et la buanderie étaient des espaces communs. Bien entendu, la salle à manger était aussi un espace commun. On allait y prendre nos repas, puis on retournait au hangar pour travailler pendant la journée. C’était comme une gigantesque usine. Nous allions directement de nos casernes aux hangars, dans différents corps de métier, pour travailler sur les avions pendant la journée. On avait ensuite une pause pour prendre le dîner. On retournait au quartier des casernes pour le dîner, et ainsi de suite. On pouvait choisir parmi les aliments qu’on nous offrait. Vous pouviez prendre ce qu’on nous offrait ou bien choisir des aliments qui correspondaient à vos convictions religieuses, si vous en aviez.

Ensuite, après le programme d’instruction, qui consistait principalement à marcher en rangs et à obéir aux ordres, et à suivre la routine militaire de se déplacer en formations, et ainsi de suite, on nous a envoyés à notre dépôt. On m’a envoyé au 6 RD [6e dépôt de réparation Trenton] et on m’a affecté à une caserne. J’ai ensuite été envoyé dans l’un des hangars qui s’y trouvaient et j’ai été affecté à un poste de mécanicien de cellules d’aéronef, en raison de mes compétences dans ce domaine. Nous avons immédiatement été placés sous le commandement d’un caporal qui travaillait avec six ou huit personnes, et on nous a assigné des tâches particulières en fonction du travail à faire sur l’avion, qu’il s’agisse de faire des réparations, de simplement le préparer pour le vol ou de le modifier ou d’y installer de l’équipement. Et j’ai commencé à travailler sur des avions dès mon arrivée au dépôt.

J’ai suivi des cours par correspondance et j’ai été surpris de constater à quel point cela aidait à faire passer le temps plus vite. J’ai donc suivi des cours de mathématiques et de chimie, de physique, de littérature. En quelques années, j’ai réussi à accumuler cinq crédits spécialisés acquis par correspondance avec des universités de Montréal.

Cela m’a ouvert toutes les portes et je suis allé étudier la littérature et la composition, etc. C’est ce que j’ai fait. Cela m’a finalement permis, lorsque j’ai reçu mon congé en 1945, de terminer mes études et de présenter une demande d’admission à la faculté de médecine, et j’ai été admis à la faculté de médecine de l’Université de Toronto.

Je me suis beaucoup intéressé aux beaux-arts. C’est un intérêt que j’ai découvert durant la guerre. Je ne sais pas comment, mais peut-être que les longues heures passées seul, sans autres choses à faire, m’ont amené à m’intéresser à lire des ouvrages traitant de ce domaine et à étudier les arts. Après la guerre, même si j’étais en médecine, j’ai continué à regarder, à lire et à étudier, et tout cela. Et je suis devenu très intéressé par la scène artistique à Toronto. J’ai commencé à suivre ce qui se passait dans le domaine artistique, puis, même si j’avais un diplôme en médecine, mon épouse m’a encouragé à retourner aux études pour étudier les beaux-arts. C’est ce que j’ai fait; je me suis inscrit à l’Université de Toronto pour suivre des cours le soir, durant l’été et les fins de semaine, et j’ai obtenu un baccalauréat ès arts dans le domaine des beaux-arts; puis je suis retourné et j’ai obtenu un baccalauréat spécialisé en beaux-arts au terme d’une quatrième année d’études. J’ai ensuite présenté une demande d’admission à l’école d’études supérieures et j’ai été accepté au programme de maîtrise en beaux-arts. J’ai rempli toutes les exigences pour obtenir une maîtrise en beaux-arts. On m’a ensuite offert un emploi à l’Université York. J’y ai enseigné les arts pendant deux ans, juste entre mes affectations de travail en médecine. J’ai beaucoup travaillé au Musée des beaux-arts de l’Ontario. Comme j’avais maintenant une formation universitaire dans ce domaine, je suis devenu instructeur au Musée des beaux-arts de l’Ontario. J’y présentais des exposés. Ensuite, je suis devenu président du Old Masters Committee et membre du conseil d’administration. J’ai donc été président du Old Masters Committee et ensuite membre du Current Modern Collectors Committee. Je présentais aussi des exposés devant le conseil d’administration. J’ai donc vécu une très longue et agréable période où j’ai pu nourrir mon intérêt pour les beaux-arts et la médecine, tout cela à proximité du Musée des beaux-arts de l’Ontario.

Tout a commencé avec la guerre. J’ai fini par devenir médecin et connaisseur des beaux-arts, peu importe comment vous voulez l’appeler.

Vous savez, si vous avez la chance d’avoir une idée de ce que vous aimeriez faire et de ce dont vous êtes capable, peu importe à quelle étape vous commencez. Lorsque je fréquentais l’université, j’étais toujours surpris de constater à quel point j’étais plus vieux que les autres. J’étais déjà, vous savez, avec toutes les années de guerre, plus âgé que le groupe équivalent. Cela e rend beaucoup plus facile de passer d’une école à l’autre. Mais le fait de ne pas aller à l’école, de vivre l’intervalle de la guerre et de devoir faire partie de la force aérienne, de vivre et de faire ce travail pendant ces quatre années, tout cela m’a amené à me rendre compte qu’il est possible de façonner sa vie pour l’aligner sur ses intérêts. C’est ce que j’ai fait. Je suis retourné. J’ai fait mes études. Je suis entrée à l’université. J’ai obtenu un diplôme en médecine et j’ai eu une très longue et fructueuse carrière en tant qu’omnipraticien. J’ai travaillé non seulement à l’hôpital Mount Sinai, mais j’ai aussi obtenu un poste d’enseignant à l’Université de Toronto. Lorsque j’ai pris ma retraite, j’étais professeur adjoint au département de médecine familiale et communautaire à l’Université de Toronto. Et j’ai aussi commencé à m’intéresser à la gériatrie à [l’hôpital] Baycrest. Au milieu des années 1950, on m’avait offert l’occasion d’aller travailler dans ce service. Et j’y ai travaillé pendant 37 ans, à Baycrest. Je suis le médecin remplaçant qui est demeuré en poste le plus longtemps de l’histoire de Baycrest. J’ai élaboré de nombreux programmes qui sont utilisés pour intervenir dans les cas de maladie d’Alzheimer et de défaillance cognitive. J’ai aussi été nommé trésorier du Baycrest Geriatric Centre par l’établissement et reconnu lors d’une célébration pour le travail que j’y avais accompli durant une période de 30 ans. Il est fascinant de voir que l’on peut, vous savez, développer tous ces intérêts dans la vie, si vous le voulez vraiment.