Project Mémoire

Sylvia Power

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Sylvia Power
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Sylvia Power (à gauche) arrivant de l'Angleterre à Halifax, Nouvelle-Ecosse avec d'autres mariées de la guerre en 1946.
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Sylvia et ses camarades au camp d'entrainement de Guildford, Surrey, Angleterre 1944.
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Sylvia Power (2<sup>ème</sup> à droite en partant du fond) et des camarades du Service Auxiliaire Territorial (ATS) à Didcot en Angleterre en 1945.
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Mon mari et sa sœur, et son père se tenait là à m’attendre et l’orchestre jouait « Here comes the Bride »

Avant de partir dans l’armée, évidemment, j’ai grandi à Londres, alors j’ai traversé la période du Blitz à Londres, et c’est là que j’ai été confrontée à tous les bombardements, et la bataille d’Angleterre – et les civils, c’est quelque chose dont je voudrais me rappeler parce que très souvent, on oublie les civils, mais il y a eu de nombreuses victimes. Avec des camarades de l’école, leurs maisons avaient été détruites par les bombardements, et on dormait toutes les nuits dans un abri Anderson, qui était en quelque sorte un trou dans le sol recouvert d’un toit en tôle ondulée, juste un tout petit endroit, juste assez grand pour s’allonger à l’intérieur, pendant tout l’hiver, pendant qu’on se faisait bombarder. Je suis reconnaissante d’avoir survécu. C’était très difficile pour les femmes à ce moment-là qui étaient au foyer parce que la plupart d’entre elles étaient seules parce que leurs maris étaient partis à l’armée. Et il leur fallait faire face à tout ça et s’occuper des enfants, et sortir faire les courses tous les jours parce qu’elles n’avaient pas de réfrigérateurs alors il fallait aller faire les courses tous les jours et puis faire la queue dans chaque boutique pour chaque chose, le boucher ou le marchand de quatre saisons pour les légumes, ou la crèmerie pour le lait, ou le pain. Ça prenait beaucoup de temps et tout était rationné de manière stricte. Alors c’était dur pour les civils.

À cette époque, ils envoyaient les gens de mon âge qui ne travaillaient pas dans des emplois liés à la guerre, donc j’aurais pu être envoyée en usine dans le nord de l’Angleterre ou n’importe où ailleurs. Alors j’ai décidé qu’il valait mieux pour moi m’engager dans l’armée, donc lors de mon dix-huitième anniversaire, je me suis engagée dans les ATS qui fait partie de l’armée britannique. C’est le service territorial auxiliaire, c’est l’armée britannique féminine.

Quand j’ai été affectée à l’unité dans laquelle j’allais être, qui était le service du matériel (de l’armée royale), j’étais dans un bureau de dessinateurs, comme j’avais un peu d’expérience dans les arts, alors j’étais dans un bureau de dessinateurs, et je dessinais des plans et des cartes, et des affiches. Il est venu au dépôt où je travaillais parce qu’ils venaient chercher leur ravitaillement pour partir là-bas juste après le jour J et il était dans le corps médical de l’armée canadienne et, c’est là que nous nous sommes rencontrés.

Ils ont passé seulement deux semaines à Didcot et puis ils sont partis en France, en Belgique et en Hollande. Alors on a échangé des lettres pendant plusieurs mois et puis il est venu en permission pour me voir. Quand on s’est mariés, onze jours après qu’on se soit mariés, il a fallu que Doug reparte au Canada. Alors je suis restée en Angleterre dans le civil parce qu’ils, dès que vous étiez mariée, ils nous rendait à la vie civile. Alors j’avais déjà quitté l’armée et il a fallu que j’attende pendant trois mois avant d’avoir la permission de monter à bord d’un bateau pour aller au Canada.

Il était rempli d’épouses de guerre. Elles venaient à Londres et de partout ailleurs, de toutes les régions d’Angleterre ; et certaines venaient de Hollande et d’autre pays européens, et elles se sont toutes retrouvées à Londres. On est descendues à Southampton ensemble pour monter à bord du navire qui allait au Canada. Je suis arrivée au quai 21 et, comme vous le savez sûrement, le Quai 21 est aujourd’hui un musée. En fait nous sommes dans les archives là-bas. Ils ont un musée très bien qui contient toute l’histoire des gens qui sont arrivés là-bas en bateau, les immigrants et les épouses de guerre. Alors quand je suis arrivée, évidemment, c’était un endroit plutôt dépouillé. Il n’y avait pas de musée à l’époque. Mon mari et sa sœur, et son père se tenait là à m’attendre et l’orchestre jouait « Here comes the Bride », et nous n’étions que quatre à descendre là-bas parce qu’on restait en Nouvelle-Écosse. C’est là qu’on a vécu pendant presque toutes nos années de mariage, en Nouvelle-Écosse, parce que c’est de là que Doug est originaire. Donc ils étaient là pour nous retrouver. C’était très excitant.