Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
En 1952, on m’a donné l’occasion de changer de spécialité et de suivre un entrainement de pilote, ce que j’ai fait et j’ai suivi la formation initiale de pilote à Currie Field à Calgary en 1952. J’ai suivi l’entrainement opérationnel à Montréal, formation sur les multimoteurs, et après ça, j’ai été envoyé dans un escadron, le 426e escadron de transport en 1953. Et à ce moment-là l’escadron avait déjà commencé le pont aérien sur la Corée, opération connue sous le nom de Opération Hawk. Or, l’escadron avait commencé à faire partie de ce pont aérien en juillet 1950 et le 25 juillet, on les a dirigés à cette époque, trois avions ont été dirigés sur Tacoma dans l’état de Washington, à savoir sur la base militaire de McChord et l’officier supérieur là-bas à la base de l’armée de l’air américaine a dit, bon, on va vous donner sept jours pour vous préparer au démarrage du pont aérien en Corée et au Japon. Et notre commandant, il a dit, bon, ça va démarrer dans 36 heures.
Et cela n’a pas manqué, le 27 juillet, trois appareils sont partis, l’un après l’autre, pour faire leur premier vol au Japon, à Hanéda, Tokyo. À cette époque, nous n’étions pas autorisés à voler en Corée, à Kempo (aéroport de) Séoul, qui est la base à l’extérieur et c’était une décision qui émanait du gouvernement canadien. Mais parfois, on nous donnait une permission spéciale, alors certains de nos appareils ont volé jusqu’à la base de Kempo mais la majorité de nos vols dans le pont aérien arrivaient à l’aéroport d’Hanéda à Tokyo au Japon.
On a fait 600 allers-retours au cours de l’opération toute entière, on a transporté 13 300 passagers et 315 millions de kilos de marchandises. Nos opérations dans le pont aérien, connu sous le nom de Opération Hawk, se sont terminées le 9 juin 1954. Notre escadron, pendant toute la période des opérations, on volait, en général l’avion décollait de Dorval, c’est à dire Montréal, et traversait le Canada jusqu’à Winnipeg, Edmonton, Vancouver et allait jusqu’à la base militaire McChord. L’appareil recevait son chargement et faisait un voyage par étape par le Nord-Ouest, qui est la dernière portion du voyage. Ils allaient à Anchorage en Alaska, et à partir d’Anchorage suivait la chaine des îles Aléoutiennes jusqu’à Shemya, ce qui faisait dans les, je crois que c’était la dernière île, l’avant-dernière île à l’ouest de la chaine. À partir de là, ils allaient à l’aéroport d’Hanéda si la météo était avec eux, si les vents n’étaient pas trop violents, ou alors ils atterrissaient au nord de Tokyo et à deux heures et quinze minutes à peu près de là, à cause des vents violents.
Or, nos étapes de vol de la base McChord à la base Elmendorf en Alaska ça durait environ 7 heures et demie et après près de huit heures entre Elmondorf et Shemya. Or, l’étape très longue c’était entre Shemya et Tokyo, ça faisait dans les 10 heures et demie. Et notre appareil ne pouvait pas supporter beaucoup plus que ça. Donc si les vents étaient vraiment très violents, ils atterrissaient au nord de Tokyo sur une base aérienne là-bas et ensuite il restait environ deux heures de vol jusqu’à Tokyo.
Les appareils qu’on avait, c’était des Northstar (Canadair), c’est à dire, à l’origine la cellule était celle d’un DC4, mais on avait quatre moteurs Merlin de Rolls Royce dessus. Et alors que les Américains avaient la même cellule, ils les appelaient des C-54 mais ils avaient des moteurs en étoile dessus. Les appareils américains étaient beaucoup plus lents parce que leur moteurs n’étaient pas très puissants et je me souviens d’une fois lors d’un de nos vols, au départ d’Elmondorf, il me semble que c’était un retour d’Elmondorf à la base McChord, on a eu une panne de moteur alors les Américains ont envoyé un C-54, un avion pour les recherches et les secours, juste pour nous accompagner jusqu’à McChord. Et on volait avec trois moteurs, et on était plus rapides que le C-54 américain. Donc il nous fallait réduire les gaz sur nos trois moteurs pour que notre escorte arrive à nous suivre. Alors c’était quand même assez drôle.
Pendant longtemps, les Américains ont cru qu’on avait toute une flotte d’avions. Ils imaginaient qu’on avait une trentaine d’avions parce qu’on faisait huit voyages par mois. Au départ quand on a commencé, on assurait 15 vols par mois mais on avait seulement huit ou dix appareils. Mais grâce à la maintenance de bonne qualité qu’on avait, on pouvait assurer avec nos avions.