Tony Elliot a servi dans les Royal Marines pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il a immigré au Canada après la guerre et s'est enrôlé dans l'armée canadienne lorsque la guerre de Corée a éclaté à l'été 1950. Il a été envoyé en Corée en tant que conducteur de char dans l'escadron C du Lord Strathcona's Horse. L'escadron a participé à de nombreux combats, notamment la bataille de Chai-li en mai 1951 et la colline 158, où M. Elliott a été blessé.
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Transcription
Nous travaillions au verger Big Apple, puis j'ai rejoint la TH and P Railroad en tant qu'ouvrier de section. Je faisais ce travail lorsque l'appel a été lancé pour recruter des hommes pour la Force spéciale de l'Armée canadienne en Corée, préférablement des anciens combattants. Je gagnais 78 dollars par mois, et lorsque je me suis engagé, j'ai obtenu 139 dollars par mois. C'était donc une augmentation de salaire pour moi. Je suis allé à Toronto dans le personnel six , et j’ai fait tous mes examens médicaux et tout le reste. De là, on nous a envoyés au camp Borden (Ontario), où nous sommes restés un certain temps. J'étais artilleur, j'avais reçu une formation d'artilleur, du fusil jusqu'aux gros canons de 15 pouces. Et pourtant, quand je suis arrivé à Borden, j'ai découvert qu'ils m'avaient mis sur la liste des conducteurs. Et puis il y avait un autre Elliott dans l’unité, il voulait être chauffeur, mais ils l'ont inscrit comme artilleur. Ils s’étaient donc un peu mélangés, mais c'est resté ainsi. De Borden, nous sommes allés à Fort Lewis, aux États-Unis, dans l'État de Washington. Nous étions à Fort Lewis et la rumeur a circulé qu'ils ne savaient pas s'ils allaient nous envoyer en Corée ou en Europe. Nous sommes donc restés dans l'incertitude pendant environ une semaine. Finalement, on nous a dit que nous allions en Corée et le 15 avril 1951, je crois, nous sommes montés à bord de l’Empire, le USS Marine Adder. Nous avons ensuite navigué jusqu'au Japon. En chemin, nous avons rencontré un typhon. J'ai vécu et travaillé sur l'eau pendant une trentaine d'années, et je n'ai jamais vu une houle aussi grosse que celle-là. Le vent soufflait et chaque fois que l'on arrivait sur une houle, on pouvait voir à des kilomètres et des kilomètres, et la minute suivante, on se retrouvait dans un creux et tout ce que l'on voyait, c'était de l'eau tout autour de nous. La houle était plus haute que la tête de mât du bateau. Le jour où nous sommes entrés dans Chail-li (30 mai 1951, offensive du 2e Bataillon du Royal Canadian Regiment pour prendre la ville de Chai-li et la colline 467 afin d'évaluer la force de l'ennemi avant l'opération PILEDRIVER de l'ONU, le 3 juin 1951), dans la bataille de Chail-li, le RCR, le Royal Canadian Regiment, a presque été anéanti. Nous avons touché un canon antichar à sept reprises et il recommençait toujours à nous tirer dessus parce qu'il faisait, ce n'était pas de la pluie, c'était une sorte de pluie brumeuse. Nous regardions et nous voyions les obus qui frappaient là. Et pourtant, juste au-dessus d'eux, il y avait une entaille dans la montagne et nous pouvions voir ces troupes passer et nous pensions qu'il s'agissait des Canadiens qui étaient allés à Chail-li et qui avaient fait le tour par l'arrière et qui revenaient vers nous. Mais ce n'était pas le cas, c'était les Chinois qui passaient par la brèche. Quoi qu'il en soit, nous avons sorti ce qu'il restait du RCR de là et nous sommes retournés à la ligne de départ. J'étais sur la colline 158 et nous étions assis sur la colline. J'étais passé par l'arrière, je m'étais rasé et lavé rapidement et j'avais pris mon déjeuner, debout à l’arrière. Puis je suis revenu vers l'avant, je suis monté dans le char et je parlais à l'officier qui se tenait dans la trappe, et tout à coup, on a entendu ces bombes de mortier arriver. Il a plongé pour se mettre à l'abri, j'ai plongé pour me mettre à l'abri, et avec la trappe du char, il fallait mettre son doigt dans un anneau et tirer l'anneau et la trappe en même temps. Je n’ai pas pu dégager l'anneau et la trappe ne se fermait pas. J'ai donc plongé en dessous aussi loin que possible, mais les éclats d'obus ont ricoché sur la tourelle et m'ont touché à l'arrière de la tête. C'est ainsi que se sont terminés mes jours d’action. J'ai atterri à Vancouver (Colombie-Britannique). J'étais seul. Personne ne m’attendait. J'avais reçu l'ordre de me présenter à l'unité no 9 à Spanish Banks. Je suis donc rentré chez moi et le lendemain, je m’y suis présenté, mais c'est tout. Personne ne nous a parlé de quoi que ce soit. Nous n'avons pas eu de compte-rendu ou quoi que ce soit d'autre. À notre retour, comme les gars qui rentrent d'Afghanistan, ils souffrent du syndrome de stress post-traumatique, et c'était mon cas, et je peux vous dire que les sautes d'humeur étaient terribles. Je me couchais le soir, mais je ne dormais pas, je restais éveillé, à l'affût d'un mouvement. C'est une chose à laquelle on s'habitue et qui reste avec nous.