C’était sur le NCSM Assiniboine (un destroyer de classe River). En fait, l’Assiniboine était à l’origine un destroyer britannique, le NSM Kempenfelt, qu’on avait réservé auprès des Anglais quand la guerre a éclaté et il a été remis en service sous le nom Assiniboine. Et j’ai passé là une grande partie de la guerre et par conséquent toujours dans une catégorie ou dans une autre sur ce navire, et j’ai terminé aux commandes.
On faisait partie d’une petite force composée de navires canadiens et anglais qui étaient dans les (îles) Caraïbes pour empêcher les navires de la marine marchande allemande qui s’étaient réfugiés dans des ports neutres au début de la guerre, les empêcher de s’échapper et de retourner en Allemagne. Et c’est là que l’un d’entre eux s’est échappé et avec le croiseur britannique, le (NSM) Dunedin (un croiseur léger de classe Danae), nous l’avons repris quand il a essayé d’entrer dans les eaux territoriales. Et en réalité, il a bien réussi à atteindre les eaux territoriales de la République Dominicaine et on est entrés aussi dans les eaux territoriales et avec le Dunedin d’un côté et nous de l’autre, on est tout simplement montés à bord et on l’a ramené. Ce qui était plutôt illégal.
Je dirais des dégâts considérables parce que lors de la bataille initiale en surface, les tirs de son sous-marin (le U-210) ont mis le feu à notre navire, car les tirs d’obus avaient touché la réserve d’essence du bateau à moteur sur le pont supérieur. Et le capitaine du sous-marin (Korvettenkapitän Rudolph Lemke) s’est montré stupide, c’est le moins qu’on puisse dire, parce que c’était un ancien capitaine de destroyer et ceci se passait assez tard dans la guerre et dans la marine allemande, ils manquaient de commandants de sous-marin alors ils se rabattaient sur les capitaines de destroyer, leur confiant les commandes d’un sous-marin, ce qui était le cas pour celui-là. Et n’importe quel commandant de sous-marin avec un peu de jugeote qui se retrouve dans un combat en surface avec un destroyer aurait su qu’il lui fallait profiter de la première occasion pour laisser tomber et replonger pour ensuite torpiller le destroyer. Cet ancien capitaine de destroyer n’a pas eu l’idée de faire ça, il essayait de se battre en surface comme s’il était aux commandes d’un destroyer. Il se faisait du mal tout seul.
Ses tirs d’obus, parce qu’il était tout près, ont résulté en de nombreuses avaries tout en bas, en plus d’avoir mis le feu au navire. Et c’était mon travail en tant que second, commandant en second, de m’occuper de la lutte contre les avaries. Donc j’étais en bas, après avoir organisé les groupes pour éteindre l’incendie, je suis resté en bas pour superviser les groupes qui s’occupaient de limiter les avaries dans les différentes parties du navire, de réparer les dégâts causés par les obus, des inondations et ainsi de suite.
Vous réalisez bien sûr que le…, chaque convoi qu’on faisait traverser était composé de navires marchands. Et en règle générale ces convois comprenaient dans les 40 à 50 navires, on aurait donc eu beaucoup trop peu d’escortes en face d’un wolf pack, une meute de sous-marins allemands (les Wolf packs étaient des groupes de sous-marins allemands organisés pour attaquer simultanément les navires des convois de la marine marchande alliée), si on en croisait une. Donc notre principal boulot et celui des autorités à terre c’était de trouver la route qui permettait d’éviter de se retrouver nez à nez avec une meute de sous-marins allemands. Bon, ça ne marchait pas toujours. Parfois, on en croisait une et là ça tournait à l’apocalypse avec un grand A.