Project Mémoire

Victor Chéri (Joseph) Guérin (source primaire)

« S'il y avait un tank qui s'en venait, il fallait être en position et être capable de la tirer. »

Pour le témoignage complet de M. Guérin, veuillez consulter en bas.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Médailles de Victor Guérin (de gauche à droite): 1939-45 Star; Italy Star; France and Germany Star; Médaille du Service des Volontaires Canadiens; Médaille de guerre (1939-45); Médaille du jubilé de la reine.
Médailles de Victor Guérin (de gauche à droite): 1939-45 Star; Italy Star; France and Germany Star; Médaille du Service des Volontaires Canadiens; Médaille de guerre (1939-45); Médaille du jubilé de la reine.
Avec la permission de Victor Guérin
Portrait de Victor Guérin à St-Jean-sur-Richelieu, Québec, le 29 janvier 2010.
Portrait de Victor Guérin à St-Jean-sur-Richelieu, Québec, le 29 janvier 2010.
Avec la permission de Victor Guérin

Transcription

Oui, le Royal 22e Régiment. Un bon régiment; j'étais content, tous des Canadiens français. Dans ce temps là on ne connaissait pas plus. C'était un régiment. Moi, avant de monter à Montréal je n'avais pas choisi rien, c'est eux autres qui m'ont transféré là, au 22e. Ils avaient besoin de plus de monde qu'ailleurs. J'ai fait mon entraînement. J'ai été les rejoindre à Québec. Dans le temps, le 22e était rendu en Angleterre. Ils sont arrivés là en 1939, eux-autres. Ils m'ont fait rejoindre le régiment à Brighton en Angleterre. C'est là que j'ai continué avec les autres. On s'est intégré avec toute la gang, c'était le fun. On était content de rencontrer des grands dans notre langue. On ne les connaissait pas mais c'était comme des frères et sœurs. C'est de même dans les régiments et ça a toujours été de même. Quand on recevait des gens c'était encore pareil. Quand on les recevait, on était content d’avoir des nouvelles troupes fraîches. J'ai été évacué pour la malaria juste après ça. Quand on revient, on perd le feeling de ça. Parce qu'il y a bien des gars qui sont partis, ils ne sont pas revenus. Des nouveaux qui sont arrivés, c'était encore une autre interrogation; se familiariser avec les gars. Par exemple le soir, quand on partait pour faire une patrouille, notre devoir était que s'il y en a un qui se faisait ramasser, on l'emmenait coûte que coûte. On ne le laissait pas là. On connaissait notre gang. On savait la capacité des gars. C'est une affaire qui s'apprend automatiquement. On savait quelle sorte de fusil qu'ils tiraient en avant, quelle sorte de canons qu'ils tiraient. On pouvait tous les nommer. De Rimini, on a traversé sur le côté de la Méditerranée. On était sur l'Adriatique. On a transféré bord en bord de l'Italie. On s'est en allé sur le coté de la Méditerranée à Pise, la tour de Pise. Là on a embarqué dans un petit bateau et puis on est allé à Marseille en France. Ce n'était pas loin, pas bien loin. À peu près 8-9 heures de bateau. Puis de là on a traversé la France et on est arrêté en Belgique. En France, il y avait le [Major-]général [Georges-Philéas] Vanier qui était l'ancien commandant du 22e en 1914 qui s'est fait couper une jambe. Il nous a reçus. Il était ambassadeur de la France. Il nous a reçus, le 22e. Pour lui c'était une joie, c'était son régiment. Le convoi avait arrêté là dans une espèce de bois. Là on a continué en Belgique. On a été à peu près trois semaines en Belgique pour tout réorganiser, il y en a beaucoup qui manquaient d'équipements et pour donner le morale. On est partis et on s'est en allé en Hollande. Moi, c'était les tanks (chars d’assaut). S'il y avait un tank qui s'en venait, il fallait être en position et être capable de la tirer. Fallait être couché, ça ne se tirait pas de l'épaule. On reculait à peu près de six pieds, peut-être pas six pieds mais au moins 15-20 pouces à chaque fois. Un gars pas pesant il reculait une verge, une grosse chose. C'était une bombe qu'on mettait en avant. Elle partait et elle virait une tank de 40 tonnes à l'envers. C'était fort la bombe mais le contrecoup de ça, en tout cas. En Italie, tout ce qui bougeait, n'importe quoi, on tirait ça. On ne ménageait pas l'Italien. Mais en Hollande, c'était un pays allié ça. Il fallait tirer absolument ceux qu'on voyait. On n'en voyait pas beaucoup. On ne tirait pas souvent. On voyait que c'était la fin de la guerre. Il y avait moins de résistance, mais beaucoup moins de résistance. On était habitués, on revenait d'Italie et ça bardassait pas mal tout le temps; canons et puis ce que tu voudras. On arrive là et c'est tranquille. On peut dormir toutes nos nuits !