Le premier voyage c’était un peu un désastre. J’étais le troisième officier radio sur le navire qui s’appelait le (SS) Miguel de Larrinaga et sur le dépôt, j’en ai envoyé une photo. C’était un vieux rafiot qui avait été donné aux anglais après la Première Guerre mondiale par les allemands comme réparation. Et ensuite il avait été acheté par une société espagnole et il était retombé dans les main des anglais l’avait repris pendant la guerre. Lors de notre premier voyage pour Liverpool, on a descendu la Mersey pour aller rejoindre le convoi, et on est tombés en panne, alors ils nous ont ramenés au chantier naval et ils ont réussi à nous laisser repartir au bout d’une dizaine de jour ; et à nouveau, on a rejoint un convoi, qui faisait du 5 nœuds, ce qui fait environ du 6,5 milles par heure, et on est tombé en panne dans une tempête et ça nous a pris 22 jours de plus. On a mis 27 jours en tout pour traverser l’Atlantique. On est parvenus à faire du 2 nœuds et c’était vraiment difficile.
C’était un baptême du feu. Or, j’étais sur ce qu’ils appelaient un MAC ship (porte-avion de la marine marchande), j’ai joint une photo de lui avec mon manuscrit. Ça s’appelait un porte-avion de la marine marchande. J’étais à bord de l’Empire MacRae, MAC, un MAC ship, porte-avion de la marine marchande ; et on était un navire d’escorte avec un pont d’envol et cinq appareils à bord. La seule différence étant, quand on arrivait à Halifax on chargeait une cargaison de grain, environ 10 000 tonnes de grain qui se trouvaient sous le pont d’envol. On avait des officiers de la marine marchande et des pilotes néo-zélandais, et puis on avait un méli-mélo de toutes sortes de gens qui venaient de Grande-Bretagne et quelques uns d’Australie. Et j’étais le cinquième officier radio là-dessus. On avait cinq officiers radio. On m’a fait venir sur le pont et j’étais qualifié pour l’armée de l’air et la marine ; et ils avaient un travail. Il y avait quelqu’un qui ne s’était pas présenté, et ils avaient besoin d’une personne pour faire la liaison entre les pilotes et tous les autres départements. J’étais le seul avec les compétences aériennes, alors j’ai été affecté provisoirement à la RNVR, la réserve navale volontaire royale. J’ai effectué deux voyages à ce poste ça et ensuite j’ai dû rentrer chez moi pour me faire opérer ; et j’ai perdu le meilleur navire que j’avais jamais eu et il a fallu que je retourne dans la marine marchande.
J’aurais passé le restant de mes jours sur l’Empire MacRae (MAC), c’était tellement bien. On jouait au hockey tous les jours pendant la traversée, sur le pont, avec une corde torsadée. Et puis on arrivait à Halifax et j’allais voler avec les néo-zélandais parce que je jouais dans leur équipe de hockey. C’était du hockey à six et ils n’avaient que cinq pilotes. Alors je suis devenu un des néo-zélandais. Et vraiment, je pensais que j’allais y retourner après mon retour d’Irlande, mais bon il n’y avait pas moyen qu’ils me gardent la place. Alors je suis allé sur plusieurs autres bateaux jusqu’à ce qu’on m’embarque de force comme membre d’équipage sur un navire de munitions ; et il transportait des munitions, des bombes et toutes sortes d’autres choses y compris de l’essence en bidons pour la bataille des Ardennes. On était l’appui de la 101ème (division) aéroportée des États-Unis. Alors on a eu tout un tas de mésaventures désagréables sur ce navire et en particulier à Gand, on a sauté là-bas, mais heureusement le trou dans lequel les saboteurs avaient placé leur bombe était vide quand elle a sauté, autrement, je ne serais pas en train de vous parler aujourd’hui.
Vous voyez, en écoutant la radio, on savait ce qui se passait. L’escorte était, s’il y avait un sous-marin aux alentours, on supposait qu’ils savaient où on était. Alors après les escortes interrompaient le silence radio et communiquaient les uns avec les autres. On écoutait tout ça, alors on savait tout ce qui se passait.
Quand j’étais sur le MAC ship, on se trouvait au milieu du convoi, s’il y avait un fond plat, bon, on ralentissait et, vous savez, un convoi d’une soixantaine de navires, on ne peut pas vraiment filer à toute vitesse, alors vous ralentissez et vous les laissez poursuivre leur chemin ; et puis vous allez revenir et vous placer face au vent et repartir. C’était plutôt un truc entre le crépuscule et l’aube de toute façon, mais s’il y avait de l’action pendant la journée, on fichait le camp vite fait.
La chose la plus frappante dans mon esprit c’est mon voyage à bord de l’Empire Duchess (MAC), c’était le navire avec les munitions qui a sauté. Ça a été vraiment très dur. On avait une escorte et on a fait coulé l’escorte dans une collision la nuit de Noël. On était dans l’estuaire de l’Escaut, on aurait dû être, ou non pas dans l’estuaire de l’Escaut, dans l’estuaire de la Tamise, et on aurait dû être dans l’estuaire de l’Escaut ; et on avait un grand trou dans l’étrave et ils l’avaient rempli avec du béton en disant, bon, on laisse prendre et on s’en va. Et on devait aller à nouveau dans l’estuaire de l’Escaut et puis remonter par le canal de Gand, qui est à environ 25 milles à l’intérieur de Gand.
Et la première nuit là-bas, on s’est amarrés parce qu’on ne pouvait pas avoir de lumières et on a déchargé une partie de la cargaison sur le pont. Le lendemain, ils ont commencé à décharger parce que toute l’avance dans la bataille des Ardennes était retardée parce que les américains n’avaient plus d’essence ni de munitions, et c’est nous qui les avions. Alors on allés à Gand même ; j’étais en haut dans ma pièce et il y a eu une explosion énorme. Une bombe avait été placée dans la cale avant et c’était celle remplie d’essence mais ils avaient terminé de décharger. Les camions attendaient quand on est arrivés, les camions américains, ils ont terminé le déchargement ; et si on avait eu une demi-heure de retard, on aurait sauté. Tout le tremblement se serait volatilisé.
En tout cas, on a réussi à maitriser tout ça et il y a eu toute une enquête, l’armée américaine, l’armée britannique et Dieu sait quoi encore. Et ils ont conclu qu’il s’agissait juste d’un sabotage perpétré juste avant qu’on arrête le navire. Voilà c’est ce qu’il y a eu de plus marquant pour moi pendant que j’étais à la guerre.