Project Mémoire

W. G. "Bill" Millhausen (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Bill Millhausen
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Bill Millhausen aux commandes d'un véhicule chenillé allemand avec le major Reeman à l'arrière. Italie, juin 1944.
Bill Millhausen
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Certificat signé par le commandant du 21e Groupe d'Armées, le maréchal Bernard Montgomery, en reconnaissance du service distingué du capitaine Millhausen lors de la campagne du nord-ouest de l'Europe. 8 février 1946.
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Officiers des Ingénieurs royaux canadiens attachés au 1er Corps canadien. Cette photo fut prise le 26 juillet 1942. Bill Millhausen se trouve dans la rangée du centre, le 2e à partir de la gauche.
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Le capitaine Millhausen (debout) avec le sergent Robertson sur la moto. Hollande, mai 1945.
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Attestation d'états de service dans les Forces armées canadiennes pour M. William Millhausen. 4 juin, 1999.
Bill Millhausen
(...) et on passait le plus clair de notre temps à construire des ponts au dessus des rivières parce qu’il y avait tellement de rivières qui descendaient des montagnes pour se jeter dans l’Adriatique. Et les Allemands bien entendu les faisaient tous sauter.

Transcription

Je m’appelle William James Millhausen et je suis né le 10 janvier 1918 à Moosejaw en Saskatchewan. Bon, on a navigué vers le sud et on est passés par le détroit de Gibraltar pour aller en Sicile. Et une nuit, on a été mitraillés par un avion allemand et ils ont touché un bateau, qui n’a pas sombré, mais a réussi à regagner tant bien que mal Philippeville (qui est aujourd’hui la ville de Skikda en Algérie) et il y avait une unité d’hôpital à bord et ils ont perdu tout leur équipement. Alors nous avons débarqué en Sicile (le contexte étant le débarquement des Forces Alliées au cours de l’été 1943) et on logeait dans la ville de Taormine, qui se trouvait au sommet de la montagne. Très joli endroit. Et on est restés là, bon, deux semaines et puis on a envoyé un petit groupe d’entre nous rejoindre la 8ème armée (une formation de l’armée britannique composée d’unité anglaises et d’unités de différents pays de l’Empire britannique, du Commonwealth et d’autres pays qui se sont battus en Afrique du Nord, en Sicile et en Italie) pour voir comment ça se passait. Alors on a roulé jusque là-haut et on avait parcouru environ un tiers de l’Italie je crois à ce moment-là. Et j’ai été rattaché au bureau du commandant en chef du génie pendant toute la durée de mon séjour là-bas. Et puis nous retournés en Sicile et là le corps tout entier a avancé. Et à partir de là, on a fait partie intégrante de la 8ème armée. Il nous arrivait fréquemment de dormir dehors et bien sûr, il pleuvait et on était tout mouillés. On est allés de Reggio à Messine je crois, ou de Messine à Reggio, je ne suis pas sûr, la traversée de la Sicile à l’Italie. Et ensuite on était dans un convoi et on est passés par Tarente et on est remonté par Forgio (Foggia) et ensuite le long de la côte Adriatique jusqu’à ce qu’on retrouve l’armée à San Vito (Chictino), qui se trouvait juste au sud d’Ortona, il y avait des combats importants à ce moment-là (la Bataille d’Ortona, 20 au 28 décembre 1943). Et ensuite à partir de là on a juste continué avec l’armée, en faisant des allées et venues, on a traversé la ligne Hitler près du bord de l’Italie et on a participé à ça (la ligne Hitler était une ligne défensive allemande dans le centre de l’Italie qui a été percée par les troupes alliées en mai 1944). Et de là on est retournés de l’autre côté à nouveau en remontant jusqu’à l’Atlantique et on a participé à tout un tas de, bon, j’ai été transféré des troupes du 1er Corps (canadien) à la 1ère Division d’infanterie (canadienne). Le génie. Et j’étais avec la 4ème Compagnie de campagne (4ème Compagnie de campagne canadienne, Corps royal du génie canadien) et on passait le plus clair de notre temps à construire des ponts au dessus des rivières parce qu’il y avait tellement de rivières qui descendaient des montagnes pour se jeter dans l’Adriatique. Et les Allemands bien entendu les faisaient tous sauter. Et alors c’était notre boulot, bon, des mines aussi, on posait des mines aussi, et on a ramassé quelques mines et, bon, on maintenait les routes en état. Puis quand je suis allé rejoindre la 4ème Compagnie de campagne, une nuit avec mon peloton on a construit un pont Bailey dans l’obscurité (pont préfabriqué, portatif, un pont à treillis) au dessus de la rivière, on a commencé à 8 heures du soir et on a terminé à 3 heures du matin, c’était un pont Bailey de 36 mètres. Oui, de temps en temps, les Allemands tiraient sur la route. Alors on se dérobait quand ça arrivait et ensuite on se remettait au travail. Et leur pont aurait dû faire 30 mètres, c’était la taille d’un pont Bailey, 30 mètres c’était bon pour un char ; alors qu’un pont de 36 mètres c’était un petit peu trop long et il a fallu qu’on y retourne le lendemain matin pour l’étayer à 30 mètres parce que les chars ont roulé dessus l’après-midi, même avec l’infanterie et ont capturé un bâtiment à l’avant de là où on, à Bagnacavallo. Et peu après, on m’a envoyé dans la 3ème Compagnie de campagne (3ème Compagnie de campagne du Corps royal du génie canadien) en tant que commandant adjoint avec le rang de capitaine. Et il ne s’est pas passé très longtemps jusqu’au moment où on nous a informés qu’on allait remonter en Europe (à ce moment-là la 1ère Division d’infanterie a été transférée d’Italie au nord-ouest de l’Europe au début de l’année 1945). Alors on a enlevé tout signe d’identification sur nos camions et uniformes de combat pour que personne ne sache que les Canadiens se déplaçaient. Bon, c’était très dur parce que c’était un pays propice à la défense, mais pas à l’offensive parce que vous étiez en permanence gênés par toutes ces rivières. Et ensuite il fallait mettre, l’infanterie devait s’installer pour mettre en place une nouvelle attaque de l’autre côté de la rivière avec les Allemands de notre côté. Alors c’était lent et laborieux et bien sûr, on a perdu beaucoup d’hommes parce que les Allemands n’avaient qu’à, il suffisait de quelques Allemands pour arrêter un énorme groupe de Canadiens à cause de la manière dont ça se passait, quand vous étiez en train d’essayer de traverser une rivière. Les attaques n’étaient pas toujours couronnées de succès et assez souvent, bon, oui, assez souvent il fallait conduire deux attaques et essayer une tactique différente pour pouvoir avancer. Parce que si vous avanciez de front, ils pouvaient vous retenir pendant un moment, alors le plus souvent il fallait les déborder, les contourner et arriver jusqu’à eux sur les côtés. Mais c’était stressant.