Project Mémoire

Waite Bud Brooks (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Waite Brooks
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Waite Brooks debout sur le "Castle" pendant qu'il suivait l'école de la Marine Royale Canadienne, en 1942.
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Croquis fait par Waite Brooks pendant la bataille d'Okinawa qui montre les opérations du secteur de la flotte britannique dans l'archipel Ryukyu, 1945.
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Waite Brooks pose pour une photo près ed la tourelle "Y" lorsqu'il est passé à travers le Canal de Suez pendant qu'il était à bord du <em>HMS King George V. </em>
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<em>HMS King George V</em>, 1944.
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Un pilote kamikaze vole dans le porte-avion <em>HMS Formidable </em>pendant la bataille d'Okinawa en 1945. Le navire de bataille de Waite Brooks, le <em>HMS King George V</em> est à l'horizon. Cette photo a été prise par un ami de M. Brooks, alors aspirant de la Marine, E.A. Wiggs lorsqu'il était à bord du <em>HMCS Uganda</em>.
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C’était donc le premier jour de l’invasion et nous nous sommes lancés dans la bataille en empêchant les avions japonais d’entrer dans la zone d’atterrissage d’Okinawa.

Transcription

Et bien, on a eu un court arrêt à Sydney où on s’est ravitaillés une fois de plus, et ensuite on a pris la mer en direction du nord pour rejoindre la 5ème flotte américaine pour l’invasion d’Okinawa. Nous sommes arrivés comme je l’ai dit à peu près une semaine avant l’invasion et on a commencé à détruire les aérodromes, à abattre tous les nombreux avions qu’on arrivait trouver sans interruption. On a croisé un nombre considérable d’avions japonais et les actions de choc, on avait des actions de choc tous les jours et certains jours ou le plus souvent, on faisait jusqu’à quatre actions de choc. Alors on se mettait en rangs serrés juste avant le lever du jour, on volait sur le, on partait en patrouille avec nos chasseurs de combat, juste aux premières lueurs du jour, suivi par notre avion d’assaut et on montait selon les conditions habituelles quatre actions par jour.

C’était une région d’intenses combats et pour repartir à bord après notre dernière action de la journée, en fin d’après-midi, à peu près une heure avant le coucher du soleil, on laissait les avions de chasse en l’air jusqu’à la dernière minute et on les ramenait quand la nuit commençait à tomber. Et après on quittait le théâtre des opérations, qui était à 75 milles de la côte et on bougeait d’environ 150 milles pour la nuit et en position pour revenir tôt le lendemain, au milieu de la nuit, si vous voulez, comme ça on se trouvait sur notre théâtre des opérations au moment où on approchait du lever du soleil.

On a eu un appel sur la ligne et bien-sûr, un avion s’approchait de la flotte et c’était comme un cadeau, ils volent au ras de l’eau pour éviter d’être détectés et interceptés autant que possible. Alors ils se trouvaient vraiment près quand on les a détectés. Notre premier groupe de chasseurs qui étaient de sortie en a identifié une douzaine qui arrivaient, ceux qu’on appelait des « zekes » [prononcer Zik] et je ne sais pas d’où venait ce mot « zeke », mais il s’agissait de ce vieux chasseur légendaire le Zéro, et c’était un sacré avion.

Dès qu’ils ont vu la flotte, et il y avait encore la plupart d’entre eux qui étaient là, des 12 au départ, à peu près quatre avaient été descendus, ils sont tout simplement montés en chandelle et c’était une très belle journée, ciel incroyablement bleu, soleil de plomb et ils sont juste montés en flèche et ont disparus dans le ciel. Alors tout le monde était là, s’efforçant de scruter le ciel et soudain, débouchant du soleil, j’ai vu cet avion plonger droit sur nous, tout près, droit sur nous. Et bien-sûr, quand vous actionnez le signal d’alarme de l’avion et avez les canons qui ouvrent le feu, vos armes de courte portée peuvent se mettre en marche très vite mais pour les armes antiaériennes plus lourdes, les canons de 5,25, l’appareil de pointage de tir doit trouver la cible. Alors ça prend plus que quelques secondes au guide de se mettre en position, la verrouiller, au radar de chercher plusieurs distance-limites et ainsi de suite et trouver une sorte de solution de tir. Mais en ce qui concerne ces armes lourdes, ça prend, au moins une minute toute entière. On pourrait penser que c’était très rapide. Bon, cet avion était tellement près, en une minute, plus qu’un tas de débris et de flammes sur le pont.

Quoiqu’il en soit, ça a commencé, les tirs de mitrailleuses et à la dernière minute, il a changé d’avis, et alors que je le regardais, il a tout à coup fait volte face, et en ce qui le concernait, volte face à tribord pour lui et s’est écrasé sur un porte-avion qui était juste derrière nous. Et alors c’est une énorme boule de feu et le reste des débris c’est ce qui se produit quand un avion avec une bombe et du carburant et autre se fracasse, vous avez la fournaise et aussi l’explosion. Et puis, évidemment, vous avez tous les débris volants de l’avion qui tombent sur les gens et ainsi de suite, c’est très, vraiment très destructeur. Et d’une certaine façon, ça parait assez dramatique, mais un kamikaze pouvait à lui tout seul être l’auteur de tellement de dégâts et de victimes.

Les porte-avions américains évidemment avaient un pont d’envol en bois alors que le nôtre était, pas seulement en métal mais aussi blindé, un pont d’envol avec un blindage de dix centimètres. Et un blindage de dix centimètres c’était juste assez pour résister à un kamikaze. Parce qu’on en avait beaucoup qui s’attaquaient à nos porte-avions, et vous pouviez juste voir cette énorme boule de feu et autre et la fumée, qui tonnait sur le pont et dans la mer. Maintenant, ce n’était pas toujours une opération aussi claire et nette que ça parce que, encore une fois, quand ils étaient assez malins, ils pouvaient suivre une action de choc, ils savaient exactement ce qui se passait, à savoir qu’une autre force de frappe allait décoller avant que la précédente ait atterri et c’était toujours organisé pour se passer de cette manière-là. Et bien-sûr, comme on faisait partie de cette opération, au large d’Okinawa, on était juste en train de faire ça une après-midi, et un kamikaze est arrivé sur l’avion, stationné à l’arrière, sur le point de décoller. Et bien-sûr, ça a été une terrible catastrophe. Il y a eu toutes sortes d’avions détruits, l’équipage et un énorme incendie sur le porte-avions. En fait, le porte-avions est resté à moitié caché par cette fumée épaisse et noire pendant, je ne sais pas peut-être bien quinze ou vingt minutes.

Dans ce cas précis, nous, celui-là a heurté le porte-avions et il y a eu l’incendie comme d’habitude. Malgré tout, ça a été seulement l’un des rares. C’était un jour où on était très occupé. Le dimanche de Pâques, on a eu plusieurs kamikazes de plus et ils sont revenus, je me souviens, je pense que c’est ce que mentionnent mes notes. Vers la fin de la journée et on a eu deux autres porte-avions touchés et je me souviendrai toujours, alors qu’ils faisaient passer le mot à la défense aérienne là où j’étais, que l’amiral avait transmis un message au porte-avions et leur avait demandé s’ils avaient des victimes et le porte-avions avait répondu, non, mais son aile a heurté mon pont. Alors vous pouvez imaginé le genre de guerre que c’était. Si vous êtes là debout sur un pont vous devez vous baisser pendant que l’aile d’un avion qui passait en trombe près de vous était arrêtée par le pont.

Alors ça c’était le premier jour de l’invasion et on a continué ce genre de lutte, à éliminer les avions japonais qui essayaient d’entrer dans la zone d’atterrissage d’Okinawa.