Project Mémoire

Walter Weiss

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

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Le 1er janvier 1945, la <em>Lutfwaffe</em> allemande a lancé l'opération <em>Bodenplatte</em> - souvent réferrée en tant que <em>The Hangover Raid</em> - et a détruit plus de 50 aircrafts sur le terrain d'aviation d'Eindhoven (B-78) où le Caporal Weisss (qui est à l'extrémité droite) a servi avec l'équipage au sol..
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Badge du 406ème escadron "Chasseur de nuit", Force Royale Aérienne Canadienne. M. Weiss a servi l'escadron No. 406 du 21 février 1941 jusqu'au 12 décembre 1942.
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Une lettre de remerciements venant du Château de Balmoral datée du mois de septembre 2007. M. Weiss avait envoyé une copie de sa photo du roi George VI et du Maréchal Montgomery à la reine Elizabeth II.
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M. Weiss avait pris des photos pendant son service avec son propre appareil photo. Cette photo a été prise au camp de prisonniers de Bergen-Belsen, à Bergen, en Allemagne, en Avril 1944.
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Le roi George VI et le Maréchal Montgomery ont inspecté le terrain d'aviation du Caporal Weiss à Eindhoven aux Pays-Bas en mars 1945. Le Caporal Weiss a été l'un des 30 soldats désignés pour être la garde d'honneur pendant toute la durée de la visite de sa Majesté.
Walter Weiss
La pire journée pour notre unité ça a été le 1er janvier 1945. On n’a eu aucune alerte.
Le nôtre c’était le terrain d’aviation le plus au nord tout le temps parce qu’on était un terrain de reconnaissance. On avait un escadron de (Blackburn) Bluebird (appareil léger) qui n’avait pas d’armement à bord, seulement des appareils photos. Ils prenaient des photos du front en entier à tout moment, les rapportaient et on avait de grosses machines imprimantes multifonctions qui étaient reliées à notre unité. Ils les mettaient dedans ; les appareils photos là-dedans, les développaient, faisaient des agrandissements des photos et les amenaient au front comme ça l’armée savait toujours ce qui se passait devant eux. Ça n’avait pas d’importance que ce soit un poteau sur le sol, ça se voyait. C’était cet escadron de Bluebird qu’on avait, il y avait 32 avions dedans et ils volaient sans interruption. Alors vous imaginez combien de carburant ils utilisaient et ce qu’il fallait qu’on fournisse. Certains de nos transports, on faisait près de 400 kilomètres pour du carburant parce que les américains avaient mis un pipeline qui traversait le continent depuis la côte française ; et quel que soit l’endroit où cette conduite se finissait c’est là qu’on prenait notre carburant. Nos chasseurs utilisaient du carburant avec un indice d’octane de 150, et personne dans ce pays, évidemment, ne connait rien de tout ça, mais je me suis fait arrosé le visage plein de fois avec. J’ai perdu mes cheveux, mes sourcils, mes cils, tout. Mais tout ça c’est derrière moi maintenant. Nous étions à proximité du camp de concentration de (Bergen-) Belsen en Hollande. Et pour transporter le carburant ça faisait 120 kilomètres de plus en contournant le camp, mais il y avait une route qui le traversait. Alors un gars est allé voir le commandant pour qu’il nous laisse traverser par là, et raccourcir le temps de camionnage pour le carburant. J’avais 30 camions pour le transport du carburant, qui était tout en jerrycans d’ailleurs. Pas en vrac. Tout était dans des jerrycans. Quand on a traversé le camp de prisonniers de Belsen, pourquoi, l’armée l’avait déjà repris ; et j’ai quelques photos de cet endroit et elles sont épouvantables. J’ai vu des gens sur un mètre vingt de hauteur autour de la clôture de cette enceinte, morts. Des centaines. Après que l’armée ait pris le contrôle de la région, ils ont pris les prisonniers allemands, et un semi-remorque, pour les leur faire tous mettre dessus et ils creusait d’immenses fosses pour eux, 500 par fosse. C’est la deuxième pire chose que j’ai vue. La pire journée pour notre unité ça a été le 1er janvier 1945. On n’a eu aucune alerte, et on était juste de l’autre côté du Rhin en face de l’Allemagne, c’est là que se trouvait notre base à Eindhoven en Hollande. Notre opérateur radio a compris qu’il allait se passer quelque chose ; et il en a informé notre commandant, qui habitait dans les quartiers résidentiels de Eindhoven. Alors aucun des pilotes n’est retourné à nos avions. Les seuls pilotes qu’on avait dans le ciel sont ceux qui avaient décollé à 6 heures du matin pour couvrir le front. Et c’est à leur retour sur la base qu’ils ont croisé ces chasseurs allemands au dessus de notre terrain d’aviation. Les chasseurs allemands avaient déjà pratiquement fini ce qu’ils étaient venus faire sur notre terrain et ils s’apprêtaient à repartir, mais comme on en avait eu l’expérience, pourquoi, notre opérateur radio avait pu prévenir tous les terrains qui se trouvaient derrière le notre, et leurs appareils, leurs avions de chasse étaient dans le ciel et ils les attendaient. Donc sur 300 appareils, il y avait 350 avions participant à ce raid et ils sont arrivés au ras des arbres. J’ai mon livre ici, ça s’appelle Bodenplatte (Opération Base plate : une tentative des allemands pour gagner en supériorité dans le ciel pendant la Bataille des Ardennes), son nom signifie « à la hauteur de la cime des arbres ». Donc tous les autres avions de chasse étaient en l’air à les attendre, toutes les bases américaines, la RAF, la RCAF, et des 350 avions, seulement cinquante sont rentrés en Allemagne. On a perdu la plupart des nôtres au sol, sans pilote à l’intérieur. Les terrains étaient très boueux à Eindhoven. On ne pouvait pas garer les avions sur le sol nu ; il fallait les mettre en deux rangées sur la piste avec les roues de devant sur la piste, pour qu’elles ne soient pas dans la boue, et qu’ils puissent décoller. On avait deux rangées complètes, 800 mètres de long, aile conte aile et ils ont juste anéanti tout ça. Il ne restait rien. On a perdu 92 avions au sol, et on a perdu 44 hommes. J’ai eu beaucoup, beaucoup de chance. Ça a peut-être aidé que je lise ma bible chaque soir un petit peu. Je faisais ça.