William (Bill) Clayton Parrott (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

William (Bill) Clayton Parrott (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

William Parrott a servi dans l'Aviation royale canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

L'Institut Historica-Dominion
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William (Bill) Parrott à un événement du Projet Mémoire à St. John's,Terre Neuve, août 2010.
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Transcription

Dans l’équipage, on avait trois mitrailleurs radio ; et ça voulait dire que vous aviez un gars devant la radio et puis un gars devant le radar, et un gars dans la tourelle. Et toutes les heures, le gars dans la tourelle partait et montait, allait sur la radio. Le radio prenait le radar, et il y avait toujours quelqu’un qui faisait le guet. Et croyez-le ou non, la tourelle de queue dans cet appareil, c’était là où le mitrailleur se tenait et il n’y avait pas de plexiglas sur nombre d’entre eux. C’était ouvert parce qu’ils s’emplissaient de buée et avec vos quatre canons à l’arrière ici et votre vision, si quelqu’un vous attaquait, vous ne savez pas sur quoi vous tirez. Vous saviez sur quoi vous tiriez, mais ce n’était pas possible de tirer avec précision. Donc ils enlevaient tout le plexiglas et les canons étaient en plein air. Vous étiez assis en plein ciel. C’était un peu effrayant parfois quand vous étiez là dehors parce qu’il arrivait de voler au milieu des orages avec des éclairs, et les éclairs dansaient de tous les côtés. Le gars qui était là-haut avait le radar à ondes courtes et il y avait ces grosses billes, de deux centimètres et demi à peu près, et c’était des poids, et elles avaient pour but de maintenir l’antenne vers le bas, mais la vitesse de l’appareil contrecarrait l’équilibre et alors elles étaient à la traîne dehors. En regardant dehors par la tourelle vous voyiez, il y avait une traînée de billes qui suivaient derrière vous. S’il s’agissait d’un orage électrique, elles étaient tout électrisées. S’il y avait de la glace, elles prenaient la taille d’une balle de baseball. La glace se formait sur elles. Un petit truc dont on avait l’habitude, et je ne devrais peut-être pas en parler, mais vous n’aviez pas le droit de fumer à bord de ces avions. Certains gars étaient des fumeurs, et ils parlaient à l’interphone, même le pilote, et le copilote prenait sa place. Il disait, j’arrive pour m’en griller une et le gars quittait la tourelle, le faisait entrer ; et il sortait et se trouvait un siège de libre, près d’un des opérateurs par exemple. Il entrait là et allumait sa cigarette et en fumait quelques bouffées ; et ensuite il repassait par l’interphone et disait, je pars de la tourelle arrière, quelqu’un veut sortir pour s’en griller une ? (rire) C’est comme ça qu’on faisait. (rire) Durant ma première période, j’étais dans la lutte anti-navire avec le 407ème Escadron (de l’ARC) et c’est là qu’on avait le plus grand pourcentage de pertes. Pendant la période précédant mon arrivée dans l’escadron et après, sur notre liste des honneurs il y a 359 noms. Ce sont des garçons qui ont été tués ; et je dis garçons parce que nombre d’entre eux avaient 19, 20 et 21. Je pense souvent aux garçons avec qui on jouait au bridge un soir en prenant une bière, et le lendemain ils n’étaient plus là. Les obsèques de ces garçons, elles restaient très discrètes parce que ça rendait tout le monde nerveux ; et les funérailles avaient généralement lieu dans un petit hangar spécialement fait pour ça. Le pasteur était là et les officiers, et les commandants, etc. Une fois on a croisé un nid de mitrailleuses situé sur l’île d’Aurigny, c’est dans la Manche. On se dirigeait par là à 1000 pieds d’altitude et ils ont ouvert le feu. Ils avaient plusieurs mitrailleuses ou des petits canons de 88mm disposés sur une plateforme au sommet du phare. Ils ont attendu, jusqu’à ce qu’on arrive à 200 ou 300 mètres je dirais. Ils ont ouvert le feu sur nous et grâce à la structure géodésique (cannage en tôle d’alliage de section arrondie) des (Vickers) Wellington (bombarder de taille moyenne et de longue portée), je pense que c’est ce qui nous a sauvé la vie pratiquement parce qu’ils étaient faits à partir de trucs en aluminium de type diamant et entoilés à l’extérieur, il n’y avait pas beaucoup de métal. Une grande partie des obus passaient juste au travers et ressortaient de l’autre côté sans exploser. Il y en a une qui a explosé sur le siège de notre capitaine. Elle est passée à travers la cloison et a explosé et les éclats se sont répandus sur ses jambes et son derrière et il a fallu que le copilote prenne sa place aux commandes de l’avion. On l’a mis dans le passage pour voir ce qu’on pouvait faire pour lui. Et il était encore conscient et il avait un grand éclat de bois planté en dessous de son œil. Ça faisait dans les trente centimètres et c’était bien plus gros qu’un crayon. On a pris un couteau de poche et on l’a coupé au plus près de son visage, pour qu’il ne se cogne pas avec. Mais il a perdu son sang-froid et il a encore fait un vol après ça, et il ne pouvait plus piloter. Il a fallu qu’on trouve un nouveau pilote. On a perdu beaucoup de membres d’équipage parce qu’à côté du Golfe de Gascogne, à un endroit appelé Brest en France, les Allemands avaient unité d’entraînement opérationnel et ils avaient des bimoteurs ou des bombardiers bimoteurs, ou chasseurs, ils étaient vraiment, Ju88 (Junker 88 : appareil multi rôle allemand), et il fallait les surveiller. Ils ont descendu plusieurs de nos avions volant à basse altitude ; et ils arrivaient cachés par la couverture nuageuse et ils leur fonçaient en descente, et ils n’avaient pas la moindre chance. Donc c’est la raison pour laquelle on avait tellement de pertes. Évidemment, pour les actions anti-navire, on volait à bord de bombardiers (Lockheed) Hudson (bombardier léger américain et appareil de reconnaissance) et les bombardiers Hudson attaquaient, deux ou trois à la fois, attaquaient un navire. Ils ont coulé un tonnage important, de munitions et de nourriture, et tout le reste, pendant qu’ils (les allemands) déplaçaient leurs troupes et les forces vers la Norvège. Alors on en a descendu un certain nombre, mais ils ont eu un certain nombre de nos avions eux aussi.