Project Mémoire

William Bill Gélineau

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

William Gélineau
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Classe des diplômés à Saint-Hubert, 1942. Banquet de remise des ailes aux pilotes diplômés.
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Photo de William Gélineau devant un avion d'artilleur supérieur, en 1944.
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William Gélineau dans l'escadron à York Eastmore, Angleterre, 1944
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William Gélineau 40 ans plus tard avec Philip Neville.
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Quand vous êtes là bas, vous y êtes avec une bande d’autres personnes. Evidemment, certains vont se faire descendre. Mais pas vous, non, non, non. Vous n’allez pas vous faire descendre
On est arrivé à Liverpool. On n’était pas très bien. Vraiment sales. J’avais attrapé des puces sur le bateau, un bateau vachement vieux. C’est comme ça que j’ai compris pour la première fois ce que c’était que la vie à bord de ces pauvres marins. Je m’appelle William, Bill Gelineau. La guerre est arrivée et je me suis engagé. Mon père, mes oncles, tous ont servi dans l’armée avant, pendant la Première Guerre mondiale. Comment c’était l’armée dans la boue, je ne voulais pas faire partie de ça. Et j’ai vu à quoi ça ressemblait la marine avec le mouvement de va et vient, ça va et ça vient. Je ne voulais pas de ça. Ca fait deux sur les trois services de l’armée. Le seul qui restait c’était les forces aériennes. Et c’est tout moi ça. Je me suis engagé dans les forces aériennes. Je n’étais jamais à plus de 150 kilomètres de Montréal, de chez moi, jusqu’à ce que j’aille outre-mer. Le premier endroit c’était Lachine. Et Lachine c’était tout nouveau. Alors on est allé à Lachine. Et de Lachine, je suis allé dans un certain nombre d’autres endroits. Arnprior est le plus loin où je suis allé. C’était une unité de dépôt. On faisait la révision des avions. Et ensuite, en commençant… Je suis allé à Victoriaville et après au Cap de la Madeleine, et après suis allé à, je suis devenu pilote à Saint Hubert. Et puis, je, on les a renvoyés à Lachine, qui était un dépôt, pour les envoyer outre-mer. Mais nous ne sommes pas partis outre-mer. On est monté à, à Trois Rivières. Je ne sais pas pourquoi mais, mais c’était une unité de dépôt avant que vous montiez sur le bateau. Et là on a eu, on a commencé une mutinerie. On a eu une mutinerie là-bas. On était sergents et ils nous ont demandé une cotisation pour le mess des sergents. Bon, payer un droit pour accéder au mess ? On était là pour seulement deux jours. Le poste tout entier a dit non. Oh, les gardes sont venus et ils ont fermés les portes et ne laissaient personne passer. Alors le commandant est arrivé au poste, il dit, ben, pourquoi vous payez pas la cotisation ? On a répondu, on a dépensé l’argent. Bon, on n’était pas à l’extérieur du poste, comment est-ce que vous avez pu dépenser l’argent ? Mais, quoiqu’il en soit, il a dit, vous avez dépensé l’argent ? Bon, on va vous donner un petit extra alors. Alors on a dû payer la cotisation pour le mess mais on était à deux doigts de faire fermer ce poste pour de bon. Dans les trois services de l’armée, tous les gens en service actif avaient leur problèmes. La marine se faisait torpiller, l’Armée avait les tanks ennemis qui la pourchassait, Dans les forces aériennes, on avait nos problèmes aussi. On avait les chasseurs allemands, on avait le pilonnage par en dessous et il y avait autre chose qui était mauvais pour nous c’était le temps. Bon, vous, les gens ici au Canada de nos jours ont les prévisions météo à la télévision ou à la radio, parce qu’il n’y avait pas de bulletin météo à l’époque. Pour savoir il fallait utiliser un doigt mouillé. Bref, vous étiez de sortie et votre mission c’était de survoler l’Allemagne et si vous vous souvenez de vos cartes, le vent souffle d’ouest en est. En fait, la plupart du temps c’est bien le cas. Alors on volait au dessus de l’Allemagne et on faisait demi-tour pour rentrer. On n’avait pas la moindre idée du temps qu’il allait faire. La plupart du temps, vous alliez avoir de la glace sur l’avion, ce qu’on appelle le gel du carburateur, c’est de la glace à l’intérieur des moteurs. Alors le voyage de retour ça vous donnait des sueurs froides, très effrayant. Et souvent, vous êtes en sortie, vous êtes censé faire un tour, vous n’aviez pas la moins idée si les nuages n’allait pas se trouver au dessus de la cible. Et vous ne saviez pas si vous alliez pouvoir larguer vos bombes au bon endroit ou pas. Et bien, une fois je rentrais et mon avion a commencé à se couvrir de glace, alors j’ai pensé, bon, je vais aller plus bas. Et pendant que je descendais, plus de glace recouvre l’avion. Oh bigre, c’est pas bon ça. Alors j’ai mis la puissance et j’ai décidé, bon, je vais aller au dessus. Je ne pouvais pas monter. Je suis monté et il y avait encore plus de glace là haut. Alors j’ai dû rester au milieu. Et c’est comme ça que j’ai appris à prier. Ouais. De nombreuses fois les bombes sont passées vraiment près. Mais l’un des voyages les plus effrayants que j’ai fait c’était, on a décollé et commencé à grimper. Et on avait à peine commencer qu’on se trouve dans les nuages. Bon ça ne nous gêne pas trop, de passer à travers les nuages. Quand on sort des nuages, il y avait des avions. Mais c’était pas les miens. C’était des avions différents. Alors, où ces gars peuvent-ils bien aller ? Et il y a le choix entre – est-ce qu’on devrait leur demander, non-non, ou alors on les suit ? C’était des Lancasters et nous on avait des Halifax. Nous avions avaient moins de portée, moins d’autonomie, on ne pouvait pas aller aussi loin qu’eux. Ils auraient pu aller à des km de là où on allait. Malgré tout, on s’est collés à eux. On a eu de la chance, ils allaient au mêmes endroit que nous, autrement, on aurait eu des ennuis. On aurait pu, tout seuls et être abattus c’est sûr. Mais c’était bon. Quand vous êtes là bas, vous y êtes avec une bande d’autres personnes. Evidemment, certains vont se faire descendre. Mais pas vous, non, non, non. Vous n’allez pas vous faire descendre. Par chance me voilà de retour. On ne m’a pas descendu. Mais il m’est arrivé de rentrer et de lire sur le tableau que certains n’avaient pas réussi à passer. Et bien c’était comme, bon ben, tant pis, ils ne s’en sont pas sortis. Et on continuait à partir de là.