Project Mémoire

William Black (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

William Black est passé de l'Armée canadienne à la Marine royale canadienne (MRC) en 1952, principalement pour avoir la chance d'aller en Corée. Cet extrait fournit de nombreux renseignements sur les activités du personnel naval sur le théâtre des opérations, en particulier en ce qui concerne le Japon, qui était une zone de transit importante pour les forces des Nations Unies pendant et après la guerre de Corée (1950-1953).

Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.



Kenneth Snider
Kenneth Snider
Kenneth Snider

Transcription

Une autre fois, à Okinawa*, nous avons fait couler notre bateau à moteur. C'était un Liberty. Le bateau partait dans la nuit. Il y avait deux phares qui éclairaient l'entrée. Le responsable du bateau a réussi à se heurter aux rochers. Puis il a reculé et il a réussi à se mettre à quai et à l'attacher avec la corde de tête et la corde de poupe. Une petite péniche de débarquement américaine s'est alors approchée et le remous a fait couler notre bateau à moteur. Le capitaine de corvette Newton était le plongeur du navire, le plongeur sous-marin. Il s'est donc rendu sur place, je crois, avec l’officier marinier scaphandrier, et ils ont jeté un coup d’œil au bateau. Ils l'ont remonté et l'ont ramené à bord. Les Japonais ont reconstruit à notre retour à Sasebo (Japon).

Les Japonais ont fait un travail remarquable en révisant nos turbogénérateurs et tout ce qu'ils ont fait. Ils disposaient probablement d'outils et de matériaux inadéquats, mais ils ont fait un travail remarquable. Ils étaient certainement des artisans. Et ils l'ont fait plus rapidement, sans tout l’équipement que nous avions au Canada.

Les Japonais étaient excellents. Nous nous entendions bien. Leur salaire était incroyablement bas. Ils recevaient probablement une dizaine de dollars par mois. Certains d'entre eux étaient peut-être d'anciens commandants pendant la Deuxième Guerre mondiale, des ingénieurs diplômés qui travaillaient dans les chantiers navals. Il leur a donc fallu beaucoup de temps pour se remettre à niveau, mais ils y sont parvenus, bien sûr.

À Sasebo même, certains des docks de classement, les jetées, étaient remarquables. Ils avaient des mini-sous-marins. Vous savez, les sous-marins miniatures, je crois qu'on les appelait Kaiten, les sous-marins suicides. Dans l'un des chantiers, si vous marchiez le long de la voie ferrée, en allant en ville, ce que nous ne faisions pas normalement. Mais nous nous promenions le long de la jetée et il y avait 30 ou 40 de ces sous-marins miniatures au fond du dock. Je ne me rendais pas compte à l'époque du type de sous-marin dont il s'agissait. Il s'agissait de sous-marins à un seul homme avec une ogive à l'avant, un kamikaze** je suppose. Je crois qu'ils s'appelaient Kaiten.

C'était une ville très désolée, abandonnée, mal entretenue, au sud de Sasebo. Les eaux usées coulaient dans les rues. C'était un endroit malodorant, mais nous y avons vécu pendant près d'un an.


*Archipel Nansei, Japon.

**Référence aux attaques suicide par les aviateurs japonais durant la Deuxième Guerre.

Entrevue avec William Black - FCWM Oral History Project

Numéro d’accession CWM 20020121-153

George Metcalf Archival Collection

© Musée canadien de la guerre