Project Mémoire

William Eric Eric Greenwood

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

William Greenwood
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Photo de la Réserve Navale au début de 1941. M. Greenwood est le 7ème à gauche dans le second rang en partant du bas.
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Photo des trois frères Greenwood: Stan, John et William.
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Ceci est le dernier chèque que M. Greenwood a reçu pour sa participation dans la Marine, 1946-47.
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Médailles de service de M. Greenwood: Étoile 1939-45; Médaille de la Défense; Médaille du Service des Volontaires Canadiens; Médaille de guerre (1939-45).
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Et nous on était attachés là où on remplissait les réservoirs de carburant avant de retourner en Angleterre. Et j’ai dit, mon Dieu, j’espère qu’il va se débarrasser de ces sales bombes avant d’arriver sur nous
Le passage de Mourmansk en Russie était redoutable. La première fois qu’on est montés là-haut, les bombardiers sont sortis et ils ont coulé à peu près une trentaine de nos bateaux. Et puis, évidemment, la deuxième fois qu’on est montés là-haut, c’était l’hiver. Il faisait un froid de gueux et on a été attaqués, évidemment, par un cuirassé de poche ; et sans Hitler, si on n’était pas intervenus, ils nous auraient tous coulés. Je suis monté à bord du bateau quand on est arrivés en Russie, et le capitaine du destroyer qui avait continué à attaquer et à les pourchasser, il a été blessé à l’œil, ou quelque chose comme ça. Il a perdu un œil là dedans, mais il a reçu la Croix de Victoria. Ce n’était pas si mal que, vous savez, on était vraiment à l’étroit ; et la route de Russie, on prenait un convoi en Islande et on l’amenait en Russie. Et c’est dans le nord, c’est tout à fait en haut, il fait très froid là-haut. Évidemment, la première fois, c’était l’été et il faisait jour tout le temps, et puis la fois suivante où on y est allés, c’était l’hiver, et on n’a jamais vu le soleil alors. Vous savez, c’était brume et neige, et un bateau ça pouvait geler sur place. C’était une route difficile. On était bombardés en permanence, vous voyez. On devait récupérer les survivants. On a pris 100 survivants. Et puis les anglais ont eu la même chose. Ils leur ont dit que les allemands allaient arriver avec un gros avion, vous voyez. Alors ils sont partis à leur recherche et ils nous ont dit de nous disperser, et de nous aligner en un grand barrage. Après ça on était tout seuls. Les allemands ont fait feu à volonté, alors c’est pour ça qu’on a perdu tant de bateaux. Mais, de toute façon, ils n’ont jamais trouvé les allemands. Ils, à ce moment-là, ils avaient annexé la Norvège. Et ils avaient des fjords qui s’avançaient dans l’océan. Et il y a des tas de rochers escarpés surgissant un peu partout. Et, bien sûr, les norvégiens étaient au courant de tout ça, mais ils n’en avaient rien dit aux allemands, et, bien sûr, ils partaient dans tous les sens, alors ils ont tout annulé, ce qui était une chance pour nous, évidemment. Puis on est arrivés en Russie, ils vous bombardaient pendant tout le temps où vous étiez là-bas ; et ils venaient et les sirènes sonnaient toutes les trente minutes ou à peu près. Et on a dû attendre jusqu’à ce qu’ils aient déchargé tous les bateaux avant de les ramener. Je me souviens d’un gars qu’ils étaient en train de remonter sur le côté pendant qu’ils le sortaient de l’eau. Je me suis mis à quatre pattes. J’ai dit, mettez-le juste sur mon dos et je vais aider en l’emmenant à l’infirmerie. Ils avaient un jeune gars là-bas. Bon, il n’était pas médecin, mais plutôt infirmier. Au tout début, évidemment ils avaient des médecins, mais les corvettes, je suppose, ils ne pensaient pas qu’elles étaient assez grosses pour des docteurs. En tout cas, ils ont mis ce gars sur mon dos, et bon sang, je me suis juste aplati, il était complètement trempé et tellement lourd. Mais, et puis, quand il, on l’a mis à l’infirmerie et le gars m’a demandé de l’aider pour l’emmener à, vous savez. On lui a essoré les jambes et tout ; il avait du givre autour de la bouche. Je leur ai dit, ciel, il faut que je sorte d’ici. Vous savez quand il a commencé à… vous savez, je n’avais jamais vu de mort avant. Alors, en tout cas, il est mort et ils m’ont demandé d’aller chercher des briques pour l’alourdir, le jeter à la mer, vous savez, pour le remettre dans l’eau et qu’il coule. Où est-ce que vous allez trouver des pierres et des briques sur un bateau, vous savez ? Quoiqu’il en soit, je suis juste parti pour ne plus jamais revenir. Mais, en tout cas, ils l’ont jeté par dessus bord et c’est à peu près la seule fois où on… Les autres gars qu’on a fait monter à bord, vous savez, ils ont tous survécu et tout ça. En zigzaguant pour partir de la Russie, il y avait un bombardier qui est descendu. Il y avait une rivière là-bas et on mouillait dans la rivière. Et l’avion avançait et ils transportaient des bombes tuyau ; et ils les larguaient pendant qu’ils venaient, sur les bateaux alors qu’ils descendaient. Et elles arrivaient droit sur nous, vous savez. Et nous on était attachés là où on remplissait les réservoirs de carburant avant de retourner en Angleterre. Et j’ai dit, mon Dieu, j’espère qu’il va se débarrasser de ces sales bombes avant d’arriver sur nous, ce qu’il a fait ; et il est juste remonté, monté au dessus de la rive et il a disparu. J’ai vraiment cru qu’on allait y passer là. Parce que quand on était amarrés là-bas, j’étais dans un hamac et il y a eu un sacrément gros boum. Je suis juste allé, bon sang qu’est-ce que c’est que ce truc ? J’ai dit, bon, le bateau qui était ancré derrière nous là-bas, bon, il est en train de mettre des mines dans l’eau ; et elles descendaient au fond et, bien sûr, entraient en contact et les a fait sauter. Alors on n’est pas passés loin.