Project Mémoire

William James Archibald « Bill » Black (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

En 2010, le Projet Mémoire a interviewé William « Bill » James Archibald Black, un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement (et la transcription) qui suit est un extrait de cette entrevue. William Black est né le 18 avril 1923 à Toronto en Ontario, mais il a grandi à Montréal au Québec. Il s’est enrôlé dans la Marine royale canadienne en 1941, il a commencé son service en tant que simple matelot, il a gravi les échelons et a ultimement été promu lieutenant-commandant. Dans ce témoignage, William Black discute de ses responsabilités en tant que télégraphiste, écoutant les transmissions en code Morse et les copiant à la main. Il parle également des conditions à bord et de la dynamique entre les membres de l’équipage. William Black a servi dans la marine jusqu’en 1966, et il a ensuite poursuivi une carrière universitaire et en planification urbaine à Ottawa en Ontario. Il a pris sa retraite à Victoria en Colombie-Britannique, où il est décédé le 1er juin 2014 à l’âge de 91 ans.

Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.

L'Institut Historica-Dominion
L'Institut Historica-Dominion
M. William Black à Victoria, Colombie-Britannique, mars 2010.
L'Institut Historica-Dominion
Vous passiez quatre heures à prendre les messages en morse, et puis vous aviez huit heures de repos et vous faisiez d’autres choses sur le bateau.

Transcription

Chaque lettre de l’alphabet avait un équivalent en morse. La lettre A c’est di-dah : un point et un trait. Le B c’est un trait et trois points. Et vous les appreniez tous en les utilisant. Vous restiez assis avec vos écouteurs sur les oreilles et au départ, la transmission était de cinq mots la minute. Et il arrivait un moment où vous commenciez à les reconnaître, et vous entendiez un B avant et vous disiez, oh oui, c’est un B. Vous en loupiez quelques trucs mais à la fin du, quand vous aviez fini la formation, vous preniez 22 mots la minute, à la main. Par la suite, les gens ont utilisé des machines à écrire et tout ça mais moi je faisais ça à la main. On apprenait le morse évidemment et les bateaux recevaient, il y avait une station radio à Louisbourg (Nouvelle Écosse) qui envoyait des messages radio aux navires en haute mer : chaque bateau avec son propre signal d’appel et prenait tous ces messages et les bateaux ne répondaient pas ou sinon, ça aurait révélé leur position. Vous passiez quatre heures à prendre les messages en morse, et puis vous aviez huit heures de repos et vous faisiez d’autres choses sur le bateau. Il fallait manger, faire en sorte que tout soit propre et ce genre de choses. Et c’était à nouveau quatre heures de morse. Les chiffres et l’alphabet c’était des combinaisons de cinq, en groupes de cinq. Et vous copiez ça, vous ne saviez pas ce que c’était. On avait des codeurs à bord qui perçaient les codes et passaient le message comme quoi le bateau allait changé de cap ou qu’il allait à la rencontre d’un autre navire ou entrait dans le port ou quoi que ce soit, puis c’était tout encodé dans ces messages. Les bateaux sortaient du port et descendaient aussi loin que Charleston en Caroline du Sud et ils prenaient la mer avec des cargaisons de ravitaillement et ils se rassemblaient et ils remontaient la côte et le Western local Escort Group les retrouvait et les escortait en convoi et à une certaine position géographique, longitude et latitude, à 250 milles nautiques sud, est à peu près, est, nord-est de Saint John (Terre Neuve), en haute mer, ces bateaux se rassemblaient. Ils formaient un convoi dirigé par l’escorte locale et puis l’Ocean Escort Group arrivait de Saint John et les prenait en charge et leur faisait faire la traversée parce que les autres commençaient à manquer de carburant et puis vous alliez à Saint John. On dormait dans des hamacs, beaucoup plus confortable que des couchettes. Et un poste d’équipage de la moitié de la taille de cette pièce, il y avait quinze à vingt hommes peut-être, bon sang. Vous appreniez à vous supporter les uns les autres et ça devenait comme de la famille. Si vous descendiez à terre et disiez, bon sang je n’ai pas de chaussettes propres – Tom est-ce que tu as des chaussettes; oui bien sûr, en voilà. On devenait des amis très proches. J’écris encore à des gens que j’ai rencontrés quoi il y a soixante, soixante-dix ans, et je les vois toujours. C’était il y a soixante-dix ans ! Vous devenez très proches. Bon, j’étais sur le (NCSM Annapolis), un navire à quatre cheminées, un destroyer américain qui avait été remis à l’Angleterre et au Canada par les américains. Et on était à Halifax en fait. J’étais descendu à terre pour aller voir des amis et la nouvelle (de la victoire en Europe) est arrivée au moment où j’étais à terre et je suis rentré et j’ai retrouvé le bas de mon pyjama hissé sur le bout de vergue par un des autres officiers sur le bateau. J’avais été nommé officier à ce moment-là et on a pris la mer le lendemain. On n’a pas vu les émeutes à Halifax (le jour de la Victoire en Europe). On en a vu les conséquences à Sydney, quand on est arrivés à Sydney (Nouvelle Écosse).